Au Chaâmbi, la culture de la vie prend ses quartiers, défiant les puissances de l'obscurantisme... Une initiative bénévole ! Qui aurait cru qu'on oserait penser à la culture alors qu'on côtoie la mort au quotidien ? Et qui aurait pensé que défier tous les dangers et contrecarrer les idées rétrogrades dans une région «de tous les dangers» comme Chaâmbi était envisageable ? Parfois, les idées les plus folles sont les plus évidentes quand il s'agit de personnages aussi dévoilés et aussi affranchis de toute forme de peur et d'inhibition qu'Adnane Helali et ses compagnons de route. Et c'est bel et bien sur la colline de «Faydh Methnana», sur le flanc de la montagne «Samama» (Chaâmbi) que le premier Centre culturel de montagne a ouvert ses portes samedi dernier. C'est la première fois dans le pays et aussi dans le monde arabe que l'on concrétise un projet semblable, qui vient d'une réflexion sur la culture montagnarde et qui arrive à susciter l'enthousiasme des habitants de la région parce qu'il amène la culture dans leur environnement. L'idée a bien muri dans la tête du poète et enseignant Adnane Helali et a eu le temps de bien germer pendant trois années, durant lesquelles plusieurs signaux ont été lancés à travers des festivités et de mini-programmes ( la fête du Laurier, le théâtre montagnard, la fête des bergers...) qui ont eu lieu sur le site de ce projet. Ce projet, soutenu par l'Association des collines, a été accueilli par un enfant de la région, l'universitaire Abdelkader Missaoui, qui a offert l'espace d'une maison familiale. Avec salle d'exposition, cuisine bien équipée, patio aménagé en salle polyvalente, une bibliothèque et des chambres pour recevoir des visiteurs. L'ouverture du premier centre culturel de montagne, ce projet inédit et unique en son genre, qui a eu lieu samedi dernier, a drainé des artistes et autres intellectuels qui sont venus soutenir cette initiative totalement bénévole : un projet qui continuera à se développer par l'unique effort des gens de la région, qui défendent leur droit à la culture pour contrecarrer les visées de l'obscurantisme. Un phénix qui renaît des cendres... Celles laissées, derrière elle, par la guerre que le terrorisme a attirée sur la région... Un phénix qui renaît pour que la culture de la vie prenne le dessus sur la culture de la mort.