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Images d'humanités multiples
8es Rencontres internationales de la photographie de Ghar El Melh (18-22juin)
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 06 - 2014

Au moins une dizaine de photographes ont centré leurs travaux exposés dans le Fort Lazaret sur le thème fertile du voyage. Un thème qui a, depuis les années 50, révélé l'école la plus humaniste de la photo.
Après une interruption qui a duré quatre ans, les Rencontres photographiques de Ghar El Melh ont repris vie cette année, dans ce village historique situé sur la route de Bizerte, à la nature luxuriante et dont les plages s'étendent, immaculées de blancheur, sous le regard protecteur de la Zaouia de Sidi Ali Mekki.
Comme d'habitude, le Fort Lazaret datant du XVIe, qui abritait il y a quatre siècles la garnison turque stationnant ici pour protéger Tunis contre les attaques étrangères, s'est transformé, le temps des Rencontres, en gigantesque galerie d'art, accueillant les 28 photographes exposants. C'est dans le Fort également que se sont déroulés, dans une ambiance de vacances, animations artistiques pour les enfants du village, débats sur la photo et projections nocturnes de différents travaux de photographes tunisiens et étrangers.
L'art décontracté
Justement, ce qui a toujours fait le charme discret de la manifestation internationale, la seule tenue autour de la photo depuis 2003, c'est cet esprit d'«art décontracté» : que l'on puisse parler de choses sérieuses entre deux baignades. Les débats informels mais «houleux» sur la photo se prolongeant sur la plage de Sidi Ali Mekki très tard dans la nuit. Beaucoup de grands noms de la photo du monde arabe, d'Afrique, d'Europe et d'Amérique ont marqué les esprits des aficionados des Rencontres, suite à leur passage par les cimaises du Fort Lazaret lors de précédentes sessions. Rappelons-nous les images magnifiques d'April Gertler, de Caroline Feyt, de Vee Spears, de Raquel Fonseca, de Fernando Herraez, de Tomek Skora, de Lucie et Simon et de bien d'autres encore. Grâce à Ghar El Melh, des artistes tunisiens ont pu nouer des liens avec publics et critiques, tels Faten Gueddes, Marianne Catzaras, Lilia Ben Zid, Patricia Triki... Des signatures majeures de la scène photographique actuelle, qui ont de toute apparence boudé cette dernière édition...
Parmi les exposants cette année, nous enregistrons la présence de beaucoup de jeunes, dont certains montrent pour la première fois leurs images, tels Nesrine Makhlouf, qui a présenté un travail intéressant intitulé «ombilical» sur le nombril, Souhir Ben Yaala et ses jolis chassés-croisés de reflets dans la ville de Barcelone, ou encore Gregory Pochet et ses quêtes inspirées des friches urbaines en terres belges.
Et même si les organisateurs persistent à ne pas proposer, en amont, des thème aux artistes, un nombre important de photographes exposants ont centré leurs travaux sur un sujet extrêmement fertile pour les artistes, celui du voyage. Un thème qui a, depuis toujours, interpellé les photographes, notamment les plus férus d'aventures et de liberté, mais aussi de découverte de l'autre. N'est-ce pas les périples photographiques à travers le monde qui ont révélé la photo humaniste des années 50 ?
«Voici des visages à inviter à notre table»
L'Italien Gigi Sorrentino est une sorte de citoyen du monde qui, lors de ses libres pérégrinations en Inde, au Népal, au Mali, au Burkina et en Ethiopie, saisit des portraits, colorés, inattendus, touchants. Son nain indou, moustachu, tout de rouge vêtu est exquis. Les visages qu'il capte résument à la fois les différences culturelles des hommes et des femmes, mais aussi leurs similitudes, exprimées à travers une certaine fragilité, un amour évident de la vie et une recherche du bonheur. De ses clichés, Erri De Luca, écrivain italien de grande notoriété, dira : «Voici des visages et des personnes à inviter à notre table et par lesquels nous souhaiterions être invités lorsque nous passerons du côté de chez eux, en visiteurs, nous tous».
Moustapha Cheaiteli fait partie de la diaspora libanaise de la Côte d'Ivoire. Lui qui est né en Afrique se sent révolté par les images de guerre et de misère que diffusent sans interruption les médias sur le continent noir. Il décide alors, en octobre 2012, avec son ami Ivan, de traverser, uniquement en transport public, la région du Sahara, certes politiquement instable, pour en rapporter des images pleines d'humour, de spiritualité et d'amitiés partagées. Et les photos que prend, sur 68 jours, Moustapha en Tunisie, en Algérie, au Mali, au Burkina, au Niger et en Côte d'Ivoire sont postées au jour le jour sur une page Face- book intitulée Sahara Dreaming (Rêver le Sahara). De ses voyages au bout de l'Afrique, Moustapha gardera en souvenir «des rencontres magnifiques avec les gens».
Visiblement, l'Afrique de l'Ouest fascine également le Tunisien Douraid Souissi qui, dès son premier «shooting» en Côte d'Ivoire, où il part souvent pour travailler en tant que photographe professionnel, a senti «un lien profond, venu de très loin, avec cette région du monde». La série de neuf photos en noir et blanc, qu'il a présentée à Ghar El Melh sous le titre «Entre Abidjan et Lomé», résume une infime partie de ses périples photographiques, notamment dans le quartier de Treichville, à Abidjan. Un quartier très animé, coloré, vivant au rythme de toutes les populations ouest-africaines auxquelles il ouvre les bras. Une matière d'une richesse inouïe et, surtout, d'une humanité à chaque jour et à chaque détour de rue renouvelée pour cet artiste au talent certain.
Voyage au bout de la lune
Entre l'Afrique et l'Amérique latine, les liens historiques ont engendré des ambiances extérieures quasi similaires. A Cuba, que le Français Ives Barou a choisi comme lieu de prédilection pour ses photos, sans discrimination, ni tabous, la rue déborde de vie, de conversations interminables, de jeux d'enfants et de voitures américaines figées dans des modèles datant des années 50, à l'époque de l'embargo imposé par Washington sur Cuba. Les chaudes tonalités des clichés d'Ives Barou proviennent, d'une part, d'un décor urbain sorti presque d'un film de Pedro Almodovar pour l'intensité de ses couleurs et de ses personnages et, d'autre part, du choix du photographe de «l'heure bleue» pour saisir la ville. «L'heure bleue» correspond à ces instants entre chien et loup qui imprègnent les images d'Ives Barou d'une belle profondeur plastique.
Zied Ben Romdhane est un photographe que la révolution a révélé au grand public de Tunisie et d'ailleurs. Ses photos des évènements qui ont marqué l'histoire politique de la Tunisie depuis le 14 janvier 2011 ont fait le tour de plusieurs grandes villes européennes. Mais, à Ghar El Melh, le photographe a préféré exposer des images très plastiques, intenses, rapportées de Kolhâpur, en Inde. Il y saisit, dans un temple, des scènes étonnantes d'hommes quasi nus, le corps enduit d'huile de noix de coco, s'entraînant au kushti, une lutte traditionnelle basée sur le respect des aînés et sur une alimentation particulièrement saine.
Les dix photos présentées au Fort Lazaret par le photographe tunisien Hamideddine Bouali incarnent un voyage au bout de la lune. Ici, le photographe se mue en astronome et en expert en repérages urbains pour surprendre la lune baignant dans une lumière bleu nuit dans des postures inattendues, ludiques, pleines de grâce. Une lune suspendue à une grue, une lune posée précisément sur le point du I de l'Africa, un filet de lune émergeant de l'ampoule défoncée d'un poteau électrique... La poésie émerge de cette lune qui dessine des tableaux surréalistes (en fait œuvre d'une vision de l'artiste) et que le photographe, par ses clichés inspirés, rend à portée de main.


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