Deux projets à caractère régional et 74 projets, couvrant l'ensemble des secteurs d'activité et coûtant 2.610,2 millions de dinars, verront le jour dans le gouvernorat de Médenine Situé dans le Sud-Est tunisien, le gouvernorat de Médenine n'a pas connu le développement économique escompté. C'est ce qui ressort du rapport sur le plan régional d'environnement et de développement durable (Predd) du gouvernorat de Médenine, fruit d'un long travail sur le terrain ,qui a été réalisé par une équipe d'experts dans le cadre du programme tuniso-allemand pour l'environnement. Alors qu'elle dispose d'importantes ressources naturelles variées (parcours steppiques, importante superficie agricole, lacs poissonneux....), la région constituée de neuf délégations et qui s'étend sur une superficie de 9.167 km2 n'a pas réussi à prendre son envol économique. Pourtant, depuis les années soixante-dix, le gouvernorat a bénéficié de nombreux investissements publics destinés à dynamiser les divers secteurs d'activité (agriculture, tissu industriel, tourisme, enseignement supérieur, formation professionnelle, recherche et développement...) dans toute la zone. De 1973 à 1985, 80 millions de dinars ont été alloués pour améliorer l'infrastructure ferroviaire et portuaire et développer le tissu industriel. De 1987 à 2010, une nouvelle enveloppe, soit 1567 millions de dinars d'investissement public, est allouée à la région afin de répondre aux mêmes objectifs: dynamiser le tissu économique et développer l'infrastructure. Mais ces investissements publics n'ont pas donné leurs fruits dans le gouvernorat qui n'a pas connu d'essor économique. Malgré les nombreux investissements publics qui ont été consacrés à cette zone tout au long de ces années, les indicateurs économiques sont au rouge et le gouvernorat se place à la douzième place en matière de développement économique, derrière ceux de Gafsa, Tataouine, Kébili ou Tozeur. Une infrastructure peu étoffée Alors que le tissu économique doit s'adosser à une infrastructure moderne et dense pour pouvoir se développer, celle-ci est restée au point mort: les travaux de génie civil engagés en 1984 sur la ligne ferroviaire Gabès-Médenine n'ont pas été achevés, et le port commercial en eaux profondes de Zarzis, d'une capacité de deux millions de tonnes par an, n'a pas été valorisé et est confronté à un problème d'ensablement qui nuit à son rendement. Le gouvernement n'a pas été nanti côté investissements privés dont le volume est resté relativement faible. En effet, jusqu'à la fin des années 80, la zone a très peu bénéficié d'investissements privés qui auraient pu impulser un tissu économique, aujourd'hui, très faible. Le gouvernorat compte le nombre le plus bas d'entreprises par habitant, soit 47 entreprises pour 1.000, alors que la moyenne nationale est de 57 pour 1.000 habitants. Par ailleurs, hormis la zone hôtelière de l'île de Djerba, ces entreprises sont de très mauvaises pourvoyeuses d'emploi et recrutent rarement des salariés. Par ailleurs, selon le diagnostic établi, les divers secteurs d'activité de ce gouvernorat connaissent de nombreuses difficultés. Fortement influencé par les aléas climatiques, le secteur agricole dans cette région souffre d'un manque de compétitivité et de productivité. L'agriculture est desservie par un climat aride et les zones de culture irriguées n'ont pas pu se développer en raison des ressources en eaux insuffisantes. Seul, le secteur de la pêche assure une production importante et fournit 17% des besoins nationaux en produits de mer. Tourisme pour Djerba et commerce informel à Ben Guerdane C'est le tourisme qui a permis d'insuffler une légère dynamique économique dans la zone, bien qu'il soit essentiellement cantonné dans l'île de Djerba et la région de Zarzis. En effet, grand pourvoyeur de devises, ce dernier profite essentiellement à ces deux zones qui concentrent 98% des hôtels du gouvernorat, alors que le reste du gouvernorat, dont notamment les délégations de Béni Khedache, Médenine et Ben Guerdane se trouvent totalement marginalisées et ne profitent pas du tout de la dynamique économique créée par le secteur touristique, notamment Ben Guerdane qui vit essentiellement du commerce informel et de la contrebande. Quant à l'enseignement supérieur, la formation et la recherche-développement, ils ont démarré tardivement dans la zone. L'enseignement supérieur est présent avec cinq établissements universitaires qui accueillent plus de trois mille étudiants annuellement. La formation professionnelle est également présente dans le gouvernorat qui compte 35 centres de formation professionnelle couvrant plusieurs spécialités, mais qui nécessitent une mise à niveau afin de les adapter aux besoins économiques de la région. La recherche est également présente avec la création, il y a trois décennies, de l'Institut des régions arides qui réalise des recherches sur l'écosystème de ces régions. C'est à partir de ce diagnostic de la situation qu'un plan régional d'environnement et de développement durable pour le gouvernorat de Médenine a pu être élaboré et mis en place avec le soutien de la coopération suisse et allemande au développement (GIZ). Ce dernier, qui a été présenté au cours d'une table ronde économique qui s'est tenue dans le gouvernorat de Médenine, expose une vision ainsi que plusieurs orientations stratégiques qui pourraient permettre au gouvernorat de décoller et de s'inscrire dans un processus de développement économique et social durable. «L'objectif est d'impulser une dynamique économique dans cette région du pays, a relevé le Pr Ali Abaad, responsable au GIZ. Mais pour que ce plan d'action réussisse et pour pouvoir instaurer un processus de développement durable, il faut une bonne gouvernance locale. Il est impératif d'associer les acteurs locaux et de mettre en place une agence de développement qui aurait pour mission de s'occuper du lancement, de la mise en place et du suivi des prochains projets dans la région». Il y a lieu de souligner que deux projets à caractère régional et 74 projets, couvrant l'ensemble des secteurs d'activité et coûtant 2610,2 millions de dinars, verront le jour dans le gouvernorat de Médenine. «Pour que ces objectifs soient réalisés, il faut mettre en place une agence de développement régional, économique et social, et une banque régionale de développement qui seront chargées d'assurer le pilotage et le suivi de ces projets».