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Footmania dans les cafés
Atmosphères de la Coupe du monde
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 07 - 2010

Le Mondial ne se joue pas uniquement dans les arènes où les équipes se disputent la coupe. Il se joue aussi dans tous les cafés du monde qui se transforment durant un mois en une véritable tribune pour supporters. Derrière tout cela, il y a un aspect social et économique très important, mais il y a surtout une émotion commune qu'on ne partage pas tous les jours. Le Mondial augmente les recettes des cafés et salons de thé et renforce le ciment social entre les clients. On applaudit, on se met sur les chaises, on tape sur les tables sous le regard inquiet du gérant qui craint pour le mobilier mais ne peut rien faire. Et l'on termine les quelques secondes qui restent du match debout, le souffle coupé mais c'est sur une note de fête qu'on termine la soirée. A condition que ce soit l'équipe préférée qui remporte la partie. Petit tour d'horizon dans l'un de ces cafés.
Les Tunisiens, comme la plupart des populations à travers le monde, ont l'amour du foot dans les veines. Férus du ballon rond, ils l'adoptent, le violentent et l'adorent aussitôt que l'habilité de leurs jambes le leur permette. Un garçon tunisien, qui grandit sans se familiariser avec ce sport populaire, rend perplexe. Sport, défoulement physique et psychologique,  mais aussi un moyen de socialisation à la fois spontané et efficace. Le foot dépasse même ces conceptions basiques pour s'avérer un indicateur de virilité. «Footballer» prouve que l'on fait bel et bien partie du camp des machos. Et quand on ne joue pas, on regarde, les yeux écarquillés, le cœur serré, la concentration maximale, les matches qui enseignent l'art de «dresser» le ballon fuyant. Et qu'y a-t-il de plus instructifs que les cours des grands maîtres et la performance des grandes écoles internationales ? Le Mondial représente l'un des rendez-vous les plus prisés par les fans du foot. Organisé tous les quatre ans, il permet aux téléspectateurs de savourer des moments forts en adrénaline, des moments qui brisent la monotonie d'un quotidien un peu trop routinier. A défaut de pouvoir se déplacer jusqu'au pays organisateur, les Tunisiens pointent devant les écrans de télévision à chaque match important. Bon nombre d'entre eux sont parfaitement convaincus que l'ambiance d'un bon match est de loin meilleure en groupe. Direction le café du coin, où l'on se permet les sauts spontanés, les cris de joie et les commentaires de connaisseurs.
Il est 16h30 en ce dimanche 27 juin. Le soleil darde encore ses rayons un temps sur les quelques passants qui pressent le pas rendant les rues quasi désertes. Mais ce n'est pas la canicule qui les oblige à forcer le pas vers les cafés du coin à la recherche d'une boisson rafraichissante. C'est une autre passion qui fait monter l'adrénaline et agitent les accros du ballon rond. C'est que, sans aucun doute, il s'agit de l'une des plus alléchantes parties du Mondial 2010 et qui oppose l'Angleterre à l'Allemagne.
Dans la Cité Rommana, près de la station du métro, un café fraîchement rénové offre à sa clientèle, outre les cafés et les limonades, la possibilité de suivre le match. Sur la terrasse, à peine quelques clients sirotent leurs breuvages, préférant la brise estivale à la ferveur sportive. En franchissant le seuil du café, on se croirait facilement s'être trompé de lieu. Est-ce un café ou une salle de classe où des élèves sérieux ont pris siège devant leur maître ? Contrairement au brouhaha qui règne généralement dans les cafés masculins, l'ambiance est des plus calmes.
Plein à craquer, le café ne résonne qu'au son des quatre écrans LCD diffusant le match. Mohamed Farès Ben Ayed a 16 ans. Assis en face de l'un des écrans de télévision, il suit la continuité d'une partie où les Allemands ont pris le dessus sur les Anglais avec un résultat rassurant 4 à 1. Lui, comme bien d'autres jeunes hommes, a pris l'habitude de regarder les matches de foot au café du coin. «L'ambiance est nettement meilleure entre copains. Généralement, je préfère aller carrément au stade pour voir le match en live, mais à défaut, je préfère le café plutôt que la visualisation à la maison», indique-t-il sans pour autant quitter l'écran des yeux. Concentré à fond, Mohamed Farès ne préfère, pourtant, ni l'une ni l'autre équipe. «Que la meilleure gagne‑!», note-t-il avec bon sens.
Un peu plus loin, Mourad Ben Salha, 18 printemps, a un petit faible pour l'équipe allemande. Pour lui, les grands matches sont des occasions intéressantes pour passer d'agréables moments entre amis et voisins. «Ce qui me plaît, outre l'ambiance, c'est que même s'ils ne se connaissent pas au préalable, les gens finissent par entamer des discussions portant sur le match», fait-il remarquer.
Goûter : y adhérer
Comme il y a un début à tout, les Tunisiens, qui s'amusent à visualiser les matches dans les cafés, ont sûrement été séduits, un jour, par cette ambiance exclusive.
Econduits par leurs parents, leurs frères aînés ou leurs voisins, les enfants découvrent alors un monde purement masculin. Ils apprennent, alors, les techniques les plus rusées des grands joueurs internationaux, découvrent leurs tactiques, remarquent et mémorisent leurs erreurs parfois les plus impardonnables. Aiyadh Barhoumi est un kinésithérapeute âgé de 22 ans. Mais cela fait presque sept ans depuis qu'il a pris goût à la visualisation du foot dans les cafés. «L'ambiance y est exceptionnelle surtout durant les grands événements sportifs, tels que les derbies, les coupes d'Afrique et les Coupes du monde. Récemment, j'ai assisté aux matches de l'Algérie. C'était vraiment phénoménal ; un moment mémorable», se souvient-il, le sourire aux lèvres. Un peu plus loin, Faycel Yaïch, commerçant, quitte son siège en étant certain que le résultat ne risque pas de changer. Il se souvient de la première fois où il est entré dans un café, non pas pour une simple consommation, mais plutôt pour vivre l'émotion des stades dans un lieu plus confortable. «C'était en 1990, lors de la Coupe du monde. Je me souviens très bien du match : il opposait l'Allemagne à l'Argentine. C'était un moment fort en émotions. Aujourd'hui, l'amour du Tunisien pour le foot n'a pas changé d'un iota. C'est un amour sincère qui mûrit au fil des ans.
D'ailleurs, je trouve qu'après 20 ans du Mondial1990, les Tunisiens sont devenus mieux connaisseurs dans le domaine du foot», souligne-t-il.
Le foot en tout civisme
Ce qui est important, par ailleurs, à souligner, c'est que, contrairement aux dires qui établissent un rapport de cause à effet entre l'ambiance du foot et l'agressivité, l'ambiance régnante est dépourvue de tout geste et mot déplacé. Les téléspectateurs-clients sont parfaitement conscients et convaincus qu'ils sont-là pour passer un moment agréable. Le civisme, l'amabilité et le respect d'autrui ne font pas défaut.
Une occasion de convivialité masculine, mais aussi de dynamique commerciale pour les cafés. Selon Sabri Kandil, les matches favorisent l'affluence de la clientèle. «Les gens communiquent plus, s'amusent plus, mais aussi consomment plus. Le foot nous rassemble, cela est certain», note-t-il.
A peine le match terminé, les chaises et les salles se vident. En moins de trois minutes, le café replonge dans une ambiance anodine, une ambiance de tous les jours.
Certains ont quitté les lieux, d'autres ont pris place sur la terrasse. A peine quelques-uns ont-ils préféré rester là où ils sont. Khalil est un chérubin âgé de 8 ans. Il n'a pas bougé d'un doigt. Collé à sa chaise, les yeux hébétés, il fixe l'écran de télévision qui diffuse alors des spots publicitaires. Aborder Khalil n'est pas chose facile.
Décrocher un témoignage l'est encore moins. Intimidé, il préfère afficher un air hautain. Pour lui, il est indispensable de visualiser le match au café du quartier. «Chez moi, je n'ai pas la chaîne satellitaire qui le diffuse», indique-t-il, les dents serrées. En tout cas, Khalil s'est bien amusé. A la fin du match, il avoue qu'il préfère l'Allemagne à l'Angleterre, «parce que c'est elle qui a remporté le match», nous confie-t-il avec toute la franchise d'un enfant.


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