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N'y a-t-il que des cafés ?
Espaces de loisir
Publié dans Le Temps le 08 - 11 - 2008

Cafés et cafétérias deviennent de plus en plus nombreux dans nos contrées. Ils envahissent nos villes, nos quartiers, nos cités. Ils poussent comme des champignons et s'installent partout au point de voir parfois trois ou quatre cafés (ou cafétérias) dans la même avenue et souvent ils sont aussi proches les uns des autres.
A-t-on vraiment besoin de ce grand nombre de ces locaux pour déguster son café du matin ou son thé de l'après-midi ou même pour se donner rendez-vous à ses amis pour une partie de rami ou de belotte après une longue journée de travail ? Et le reste du temps, par qui sont-ils fréquentés ces locaux ? Répondent-ils tous aux conditions d'hygiène requises par la réglementation régissant ce secteur ?
Dans le passé, pas plus loin que les années soixante, seuls les adultes fréquentaient ces lieux et surtout le soir ou les jours de repos (dimanche et jours fériés) ; pendant la journée, ils étaient presque vides ; les jeunes et les femmes n'y accédaient jamais, non seulement par respect pour ces adultes, mais aussi pour la mauvaise réputation que connaissaient les cafés à l'époque. Mohamed, 65 ans, nous a expliqué les raisons pour lesquelles les jeunes gens n'étaient pas autorisés à y entrer : « A l'époque, un jeune homme s'abstenait d'entrer dans un café, en y voyant son oncle, son instituteur, ou même un parent lointain ou un voisin ; c'est qu'il arrive que ces habitués du café profèrent de gros mots en jouant aux cartes ou bien une bagarre se déclenchait entre les joueurs : ces choses ne devaient pas se passer devant les jeunes ! Le café était aussi le refuge pour certaines personnes suite à une dispute ou une scène de ménage ; ces personnes venaient là pour discuter de leurs problèmes familiaux, ce qui devait être un secret entre les adultes ; les jeunes n'avaient donc rien à foutre dans ce lieu réservé strictement aux adultes ! »
Mais les temps ont changé. Aujourd'hui, on voit dans ces cafés des clients de tous âges, des deux sexes : la cloison est tombée ; plus de séparation ! On y voit le père et le fils, le prof et l'élève, le mari et la femme, le frère et la sœur dans le même café, assis à la même table ! Ce qui fait révolter M. Chedly, un retraité : « C'est dommage que la plupart des cafés et des cafétérias soient mixtes, non que je sois contre la mixité ou contre l'égalité entre l'homme et la femme, mais parce que, dans un café, il y a toujours des gens mal éduqués, effrontés et sans pudeur qui peuvent à tout moment proférer des mots malsains ou des propos vulgaires, sans jamais se soucier de la présence à leur côté d'un père avec son fils ou d'un homme avec son épouse ! Cela arrive très souvent non seulement dans les cafés dits populaires mais même dans les cafés de luxe, et ni les clients ni le gérant du café ne peuvent intervenir ! Autant éviter de se rendre à un café quand on est accompagné de son jeune enfant ! C'est honteux ! » Nous nous sommes adressés à un groupe de lycéens venus passer leur heure creuse dans un café en face du lycée pour savoir pourquoi ils vont au café ; leur réponse est unanime : « Nous sommes là pour l'ambiance : on boit, on fume, on se marre en épiant les passants, histoire de tuer le temps ; tous les cafés sont faits pour ça ! » En effet, certains propriétaires mettent des tables et des chaises sur le trottoir, obligeant ainsi les passants à se faufiler leur chemin parmi les voitures. Des voyous viennent s'y installer et commencent à mater les passants et les gêner par leurs propos malveillants. Pourtant, il fut un temps où l'installation des chaises sur les trottoirs était interdite par les autorités municipales mais une telle mesure n'a pas pu tenir le coup pour longtemps.
Ces cafés sont surtout envahis le soir par des fonctionnaires ou des ouvriers qui, après le travail, avant même de rentrer chez eux, passent au café du quartier, histoire de se changer les idées et de se rencontrer avec des amis autour d'une partie de cartes ; mais ces gens s'oublient souvent dans le jeu et veillent jusqu'à une heure tardive, ignorant ainsi qu'il y a une femme et des enfants qui attendent son retour et qui ont sans doute besoin de sa présence au foyer. Moncef, propriétaire d'un café dans un quartier populaire, nous a informé : « Chaque soir, après le travail, des fonctionnaires et des ouvriers viennent passer des heures entières à fumer leur chicha quotidien et à jouer aux cartes ; ils préfèrent aussi regarder un match de foot programmé un mercredi soir au café et ils ne rentrent qu'à la fin du match, c'est peut-être l'ambiance qui les prend ! » Toutefois, il y a des clients fidèles à ces lieux, ils s'y trouvent à longueur de journée, n'ayant pas autre chose à faire : ce sont généralement des chômeurs ou des chercheurs d'emplois. Ces jeunes désoeuvrés ne manquent jamais à leur rendez-vous, généralement à partir de midi, après la grasse matinée, pour s'adonner à leurs parties de rami ou de belotte interminables. Ce qui est peut-être étonnant, c'est que ces jeunes sans travail disposent toujours de leur argent de poche, de quoi se payer plusieurs boissons et fumer des cigarettes assez chères ! Ce sont ces jeunes-là qui occupent les cafés au cours de la semaine, pendant que d'autres vaquent à leurs tâches ! Mais d'où vient tout cet argent qu'ils dépensent ? Moncef, le propriétaire d'un café, a fait remarquer à ce propos : « Ces jeunes dépensent beaucoup ; ils consomment à longueur de journée ; ils achètent des cigarettes de luxe, ils font beaucoup de parties de cartes ; vous savez qu'à chaque partie, ils doivent renouveler la consommation. Généralement, ils se procurent de l'argent de leurs parents, de leurs sœurs ou de leurs frères qui travaillent. Ils sont solidaires : il arrive que les uns payent pour les autres et ils s'arrangent toujours pour s'acquitter de leurs dettes. C'est que certains payent leur consommation à la semaine ou à la quinzaine ! Parmi eux, il y a même des diplômés universitaires en quête de travail depuis des années. »
Ce qu'il faut peut-être déplorer dans ces cafés, c'est la qualité des services, la qualité des boissons servies (café, thé, jus...), le manque d'hygiène, l'accueil indécent des serveurs et ce, malgré le contrôle sanitaire exercé sur ces locaux par les services compétents. Le nombre sans cesse croissant des clients a déteint sur les services rendus par ces cafés populaires quant à la qualité des produits fournis aux clients dont la plupart ne distinguent pas entre grains de café et arome de café, entre un thé étendu d'eau ou un thé fort. On peut même voir des clients qui empêchent des mouches d'entrer dans leur tasse de café ou leur verre de thé trop sales. Des serveurs mal habillés ou peu présentables ignorent souvent les principes de l'hospitalité. Il faut débarquer dans un café entre six heures et huit heures du soir pour sentir les odeurs nauséabondes qui se dégagent des cabinets des toilettes et pour remarquer l'ambiance suffocante à cause de la fumée du tabac qui vous prend à la gorge et vous pique les yeux. Les murs sont souvent sales, noircis par cette fumée polluante. Le bruit des coups de poings sur la table par des joueurs qui viennent de gagner leur partie de « Chkobba » ou les cris lancés par d'autres pour interpeller le garçon du café, tout cela est très embarrassant pour les voisins surtout quand le café est au rez-de-chaussée d'un immeuble.
Une tendance se manifeste ces dernières années et qu'il faut encourager absolument, c'est celle qui consiste à ouvrir des cafés culturels et des cybercafés dans les grandes villes. Ces lieux, tels des clubs, sont de plus en plus fréquentés non seulement par les jeunes, mais aussi par les adultes et les grandes personnes (surtout des retraités) qui y trouvent un cadre joignant l'utile à l'agréable : les habitués de ces lieux viennent siroter leur café ou leur thé tout en se cultivant sur le plan éducatif et culturel (lire un livre, rencontrer des hommes de lettres, naviguer sur Internet, discuter et échanger des idées avec d'autres...), sans compter que ces lieux n'ont pas de but lucratif, surtout s'ils sont gérés par les autorités locales ou des personnes cultivées, intellectuelles ; leur but étant d'en faire un lieu de rencontre entre des générations différentes. L'un des responsables d'un café culturel dans une ville de la banlieue sud nous a confirmé la réussite du projet : « Depuis l'ouverture de ce café culturel, le nombre des adhérents ne cessent d'augmenter : des personnes de tous âges et de niveaux instructifs différents viennent passer leur temps libre dans ce lieu où ils trouvent un cadre culturel très agréable. C'est plus calme qu'un café ordinaire, l'ambiance est plutôt culturelle ! Les gens viennent pour se cultiver et non pour médire les passants comme c'est le cas dans les autres cafés ! » Dans plusieurs pays ce genre de café est très développé et bien organisé. Ces cafés culturels sont fréquentés par des étudiants, des intellectuels, des professeurs, des écrivains, des jeunes et moins jeunes qui viennent prendre part à des discussions sur un thème bien déterminé ou simplement rencontrer des amis ou des collègues pour s'offrir une petite collation. On parle de plus en plus de « café culturel à thème » comme par exemple un café-musique, café-livre, café-galerie, café-jeux, cafécinéma, café-danse... pour créer davantage des lieux de convivialité et d'échanges artistiques et culturels et promouvoir de nouveaux espaces de rencontres. Un tel projet est à encourager !


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