Les dirigeants du Front populaire estiment que la campagne manque de sérieux et accusent le président de l'Isie, Chafik Sarsar, de partialité et de vouloir reproduire les résultats des élections de 2011 Les spécialistes de la question électorale, associations, organisations, juristes et autres sondeurs sont en train de confirmer que la campagne d'inscription des nouveaux électeurs ne va pas atteindre les objectifs escomptés. On évoque même les listes électorales établies depuis 2011 qui ne sont pas encore mises à jour. Désormais, l'essentiel est de réaliser les objectifs de cette campagne d'inscription des nouveaux électeurs pour pouvoir élaborer des élections dans un contexte d'équité des chances, avec une certaine représentativité et dans la transparence. D'autant plus qu'elles seront perçues comme les véritables élections post-révolution basées sur une Constitution bénéficiant d'un très large consensus, et englobant la présidentielle et les législatives. Le leader du Parti des travailleurs, Hamma Hammami, a annoncé, hier lors d'une conférence de presse dédiée à l'évaluation de cette campagne d'inscription des électeurs, que le Front populaire appelle l'Isie à prolonger la période d'inscription pour un mois supplémentaire quitte à repousser les élections à d'autres dates. Et d'ajouter : « Nous appelons, aussi, l'Isie à publier les détails de toutes les opérations qu'elle a engagées dans ce processus d'inscription des électeurs. Nous devons savoir de quelles régions sont les inscrits, leur âge, etc. Nous considérons que le très faible taux d'inscription va nous mener à une catastrophe électorale à l'instar des précédentes élections. Ces dernières ont connu la participation de deux millions et demi de Tunisiens, ce qui n'est pas du tout représentatif de toutes les couches sociales, les tendances politiques et les tranches d'âges, notamment la jeunesse. De telles élections sont sources de secousses sociales et crises politiques. Actuellement, il y a une volonté préméditée d'exclusion en vue de préserver le même paysage politique issu des élections de 2011 et aussi marginaliser les jeunes. Nous avons entendu parler de la présence d'agents partisans au sein des instances régionales et aux bureaux d'inscription. On parle même de certains membres de ce qu'on appelle les ligues de protection de la révolution ! Le Front met en garde contre l'actuel processus qui va nous ramener à des élections non transparentes et qui ne seront ni libres ni équitables ». Hamma Hammami a critiqué le rythme « très lent et au ralenti » Doubler d'efforts Pour sa part, Mohamed Jmour, porte-parole du Parti des patriotes démocrates unifié, a déclaré que « si l'Isie ne répondra pas positivement à l'appel du Front en prolongeant la période des inscriptions, on procèdera à toutes les formes de pressions possibles. Selon lui, Chafik Sarsar, président de l'Isie, n'a cessé de confirmer sa partialité en déclarant que la prolongation de la période d'inscription va nous obliger à reporter les élections, ce qui n'est pas vrai ». D'après Hammami, l'Isie devra doubler le nombre des bureaux d'inscription notamment dans les zones rurales, mal représentées, et modifier les horaires de leur ouverture pour répondre aux besoins des citoyens. Sami Ben Châabane, secrétaire permanent d'Al Qotb et membre du département chargé des élections au sein du Front populaire, a entamé, depuis hier, une campagne de sensibilisation à l'inscription et à la participation aux élections. Quelque 500.000 dépliants ont été conçus, dans un premier temps, pour être distribués notamment dans les régions rurales où le taux d'inscription est déjà très faible. 500.000 autres dépliants seront distribués dans un deuxième temps. Ben Chaâbane a indiqué qu'il faut pallier les défaillances enregistrées dans la campagne de communication et celle de sensibilisation qui n'ont pas pris en compte les 8% de Tunisiens non scolarisés et ceux qui ne se sont pas inscrits lors des élections de 2011. Il s'est étonné de voir le budget de cette campagne de communication réduit au tiers par rapport à 2011 et il a relevé plusieurs défaillances dans les circonscriptions à l'étranger. Ben Chaâbane a relevé également la faiblesse de la sécurisation du système informatique dont dispose l'Isie pour cette campagne d'inscription et qui a été piraté avant-hier. La mobilisation des moyens nécessaires dans les bureaux et l'engagement effectif des bureaux mobiles dans les régions rurales ont été aussi recommandés. Les leaders du Front populaire font assumer la responsabilité de ce fiasco dans la campagne d'inscription à l'Isie mais aussi au gouvernement qui ne lui a pas fourni tous les moyens requis.