Après le festival de Carthage et celui de Hammamet, la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs et son festival international du film amateur de Kélibia fêtent, eux aussi, leur cinquantenaire. Vivement le Fifak (Festival international du film amateur de Kélibia), ce rendez-vous annuel des cinéastes amateurs et ces vacances culturelles des cinéphiles. Quand les autres festivals, qui se ressemblent de plus en plus, auraient baissé leurs rideaux, l'un des plus anciens et des plus originaux, créé en 1964, s'ouvrira sur des images qui en disent long sur la réalité du pays et sur l'imaginaire sans limite des non-professionnels du monde entier. Du 16 au 23 août, le Fifak fêtera ses cinquante ans. L'âge de raison, comme on dit, et une étape où l'on se rafraîchit pour bien vieillir. De toute façon, malgré toutes les difficultés matérielles, et tous les soubresauts politiques, le Fifak tient le coup. Son secret n'est autre que l'amour du cinéma, transmis d'une génération à l'autre. D'ailleurs, nous l'avons remarqué : la population de (Ftca) Fédération tunisienne des cinéastes amateurs rajeunit de plus en plus. C'est tant mieux, quand ces jeunes qui dirigent le festival ou gèrent les activités de la fédération sont capables de dynamisme et de créativité. Le nouveau bureau de la Ftca, élu en 2013, constitué de 7 membres et présidé par Meriem Sardi, fait beaucoup d'efforts pour faire évoluer les choses, en misant sur une nouvelle politique de formation, déjà élaborée par l'ancien bureau. Les rendez-vous annuels des stages demeurent les mêmes. Le premier a lieu au mois de décembre pendant les vacances d'hiver, et le deuxième, au mois de mars pendant celles du printemps. Mais en cette année, le premier rendez-vous a eu lieu en 3 stages locaux : l'un au Sud du pays, l'autre au Cap Bon et le troisième au Grand-Tunis. Les ateliers dirigés par des anciens de la Ftca ont porté, comme d'habitude, sur la photo, l'image, la lumière, la préparation de tournage, l'analyse filmique et le langage cinématographique. Deux nouveaux workshops ont été rajoutés : un sur la sémiologie de l'image et un autre consacré au développement des projets. Lors de ces dernières sessions, tout le monde a remarqué (et les jurys surtout) que la qualité des films laisse à désirer. Il fallait trouver le moyen de rehausser le niveau en changeant de stratégie. «Plus question de se précipiter pour être prêts aux compétitions du Fifak», déclare Meriem Sardi, présidente de la Ftca et directrice du Fifak. Le cinéaste amateur est invité à prendre son temps pour faire évoluer son projet, accompagné, durant toute la période de gestation et d'écriture, des anciens de la Ftca qui ont bien voulu se porter volontaires dans cette mission de scénaristes-conseil. «A part le fait de garantir un minimum de qualité, cette nouvelle façon de faire assure une continuité dans la production», ajoute la présidente. Deux cinquantenaires en un L'année dernière, la Ftca fondée en 1962, devait fêter ses cinquante ans. La cérémonie devait avoir lieu au centre-ville de Tunis. Mais le pays était alors en deuil, le militant Chokri Belaïd venait d'être assassiné. Reporté, le cinquantenaire de la Ftca sera fêté en même temps que celui du Fifak, à Kélibia, en présence d'un grand nombre d'invités tunisiens et étrangers. Le programme de cette 29e édition du Festival international du film amateur s'annonce alléchant. «On a reçu près de 400 films de 15 pays différents», annonce Meriem. Le comité de sélection est dans l'embarras du choix. En plus du programme classique (cérémonie d'ouverture, compétition officielle, écrans spéciaux, rencontres, master class et débats de films), de nouvelles «soirées spéciales» seront proposées au public, dont une consacrée au cinéma de résistance et une autre au cinéma expérimental. Un programme OFF centré sur le cinquantenaire est en cours d'élaboration. La ville de Kélibia sera directement impliquée dans les festivités. A part ses lieux qu'elle prête habituellement au festival (la maison de la culture et l'école de pêche), la ville et ses habitants mettront la main à la pâte dans le cadre d'un programme appelé : «Cinéma de quartier». «Pour nous, organisateurs, ce sera le clou du festival», avoue Meriem Sardi. Elle ne nous en dit pas plus. «Les détails de ce nouveau programme vous seront communiqués dans le cadre de la conférence de presse qui se tiendra après l'Aïd», ajoute-t-elle, néanmoins. Les associations culturelles de la région se joignent aux cinéastes amateurs. Ils prendront en charge la coorganisation d'un programme de spectacles et performances artistiques de tous genres. La présidente de la Ftca nous annonce quand même qu'il y aurait une exposition «assez spéciale» sur le thème du cinquantenaire. Par ailleurs, elle n'oublie pas de nous apprendre que le nombre des ateliers pour enfants va augmenter. «C'est pour accueillir un maximum de participants et intégrer de nouvelles activités», précise-t-elle. Mais est-ce que les 65 mille dinars de budget suffiront pour réaliser cet évènement dont on ignore encore les détails ? «La recherche de sponsors s'avère de plus en plus difficile», confie Meriem Sardi. Soutenu par le ministère de la Culture, en partenariat avec l'IFT (Institut français de Tunis), le Fifak aura lieu d'une façon ou d'une autre. On espère, tout de même, que tout se déroulera comme prévu.