Ceux qui sont d'un certain âge savent autant que moi combien notre société attachait, dans le temps, importance et primeur aux bonnes relations humaines et aux contacts directs interfamiliaux et amicaux. L'Aïd était l'occasion idoine pour tous de se rapprocher davantage les uns des autres, de se rassembler et de revivre les beaux souvenirs, propres à cimenter les liens de parenté et d'amitié qui, aujourd'hui, «menaceraient ruine» ... Mille fois hélas ! Il y avait alors à peine le téléphone fixe. Qui n'était pas à la portée de tous. En raison parfois de l'impact financier de son installation. Et, parfois aussi, en raison de l'indisponibilité des lignes et de l'incapacité du réseau à couvrir toutes les zones et à satisfaire toutes les demandes. A l'occasion des diverses fêtes (religieuses surtout), les parents et les amis se font un vif plaisir de se voir, pour échanger les meilleurs vœux et se congratuler chaleureusement. C'est au cadet de courir au galop vers l'aîné pour lui souhaiter bonne fête et le complimenter... Ah ! La sacro-sainte hiérarchie ! L'on ne badinait pas avec. Si l'Etre Eternel l'avait créée pour être respectée par l'être mortel. C'est ce qu'on croyait dur comme fer. Et puis, avec le temps, le petit sera grand... Et l'ascenseur lui sera renvoyé, immanquablement. Le cadet d'aujourd'hui sera l'aîné de demain. Et ainsi de suite... normalement... Pourquoi normalement ? Eh bien, parce que pratiquement et au fil du temps, ces précieuses habitudes et coutumes semblent avoir périclité. Ceci, depuis que «M. Facebook» nous a dit bonjour ! Pour envahir nos foyers, «droguer» et acculer la génération des temps présents à vivre dans un circuit fermé, grand ouvert à un monde virtuel, parallèle à notre monde réel. Le commencement de la fin de nos belles traditions ancestrales devait donner ses mauvais signes à l'époque de l'âge d'or du téléphone fixe, alors si convoité. Depuis, et au sein du cercle familial et amical élargi, les gens étaient enclins à se déplacer de moins en moins, pour se donner directement l'accolade. Laissant le loisir aux six chiffres d'alors de décliner la chaleur humaine. Et de leur épargner «fatigue» physique, temps, argent et frais de carburant... Le relais devait être évidemment pris par le GSM, avec son invasion fulgurante et si effrénée, un relais, somme toute, mal assuré. Puisque, depuis, non seulement le contact direct est quasi perdu et allé à vau-l'eau, mais qui plus est, le contact téléphonique s'en trouve compromis ! En ayant de plus en plus tendance à miser sur le SMS, pour se souhaiter mutuellement une bonne fête à l'occasion d'heureuses occasions annuelles, se comptant sur les doigts d'une seule main. Un simple message stéréotypé, incolore, inodore et sans saveur, envoyé machinalement d'un petit tour de main sur le mini-clavier. Message de plus en plus sec, bref, dressant un mur séparateur insensé et «insensible» entre les uns et les autres, construit au fil du temps, une à une, par les pierres de la froideur et de la désaffection ! Ce dialogue de muets se fait et se poursuit aux dépens d'un vive-voix, même à distance, plus correct et moins froid. Et ne coûtant que quelques petits sons. Par les temps qui courent où la concurrence entre opérateurs GSM fait rage et fait bon ménage avec les abonnés de tous âges. Maintenant, si l'on n'est pas fichu de se parler cordialement à ces rares occasions, quand donc estimerait-on pouvoir le faire et s'y plaire ? Car, l'un ou l'autre parmi nous risquerait, un jour ou l'autre, de regretter de n'avoir jamais pu le faire. Lorsque l'incontournable trépas surviendra un jour ou l'autre, pour le happer et le soustraire...