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La fête n'est plus ce qu'elle était
Aïd El Fitr
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 08 - 2012

C'est à peu près à la veille de la décennie 1990 que le phénomène a commencé à atteindre sérieusement la société tunisienne pour, petit à petit, s'installer en son sein telle une évidence qu'il était même inutile de discuter : l'indifférence vis-à-vis des proches parents qui a fait que, depuis, beaucoup ne font plus le déplacement (quand c'est nécessaire) pour aller à la rencontre des leurs. Ce qui, au plus tard vers la fin des années 1980, était un devoir sacré (rendre visite aux oncles, aux tantes, etc.), allait progressivement devenir très facultatif jusqu'à abandonner complètement nos réflexes. Quand, autrefois, c'était jour de l'Aïd el Fitr, enfants et adolescents savaient pertinemment ce que, une fois qu'ils avaient mis leurs beaux habits neufs, ils avaient à faire en priorité : emporter des gâteaux et aller voir oncles, tantes, aïeuls ou même un frère aîné ou une sœur aînée ne pouvant, eux, faire le déplacement. Si, le cas échéant, les enfants étaient en bas âge, des couples, accompagnés de leurs progénitures et vêtus de leurs plus beaux atours, s'acquittaient de cette tâche vertueuse.
Déjà, à l'époque, on déplorait le fait que seule, sur toute l'année, l'occasion de l'Aïd permettait ce contact censé plutôt être fréquent ; plus jamais de nos jours. Depuis des années et des années, on ne voit plus dans la rue cette...assiette drapée d'une serviette et emportée par un adolescent dont il était clair qu'il allait de ce pas rendre visite et souhaiter bonne fête à de proches parents. A mesure que la société tunisienne s'européanise, la malheureuse assiette à gâteaux traditionnels est devenue une source de gêne, voire une corvée dont les jeunes ne veulent plus avoir à souffrir. Sauf qu'avec l'abandon de cette assiette, c'est des pans entiers qui ont été soufflés, ne laissant de la famille, chez beaucoup de gens, qu'un pâle souvenir. Il y a, heureusement, le téléphone fixe qui, au moins, permet de se rattraper un petit peu, mais si chaude que peut être la voix au bout du fil, l'absence de contact direct affuble la communication d'un caractère étranger, cristallise la distance et donne un bémol très froid à la fête. C'est devenu presque une formalité administrative dont on s'acquitte machinalement, juste pour parer à tout reproche éventuel.
Avec l'arrivée du téléphone portable, même, souvent, les voix se sont tues. C'est l'ère du SMS. Donc du silence. On n'a qu'à taper ‘‘Aïd Moubarek'' et, d'un seul clic, c'est tout le répertoire qui reçoit instantanément le message auquel, de l'autre côté, on répond avec le même froid : ‘‘Merci, et à toi de même''. Il y a aussi le mail qui fonctionne de la même manière, pour peu qu'un jour d'Aïd on ait le temps de mettre son ordinateur en marche.
Robotisée, la société tunisienne ? C'est presque le cas de le dire. Une chose est sûre, en tout cas : le sens de la famille a été vidé de son...sens. On a écrit plus haut: «A mesure que la société tunisienne s'européanise...». A la réflexion, ce n'est pas exact. Lors des fêtes de Noël et de la St-Sylvestre, les familles européennes se rendent visite, se réunissent et ressoudent, au moins le temps d'une fête, les liens que les soucis au quotidien ont effrité durant l'année. Notre tort à nous est de ne songer même pas à recoller les liens, fût-le temps d'une fête religieuse. Les sociologues seraient mieux placés que quiconque pour expliquer ce dérapage qui vire parfois au déracinement, en tout cas à la négation inconsciente des siens.
Même les jouets ont changé de nature !
Tant qu'on y est, on ne résiste pas à la tentation de vous raconter cette petite histoire – authentique – qui s'est déroulée sous nos yeux à deux jours de l'Aïd. C'était jeudi soir, à la rue Charles de Gaulle. Une dame d'environ 40-45 ans était accompagnée de sa fillette ne dépassant guère les 11 ans. A un moment, la dame demande à sa fille : «Dis !... Que penses-tu de cette poupée ? Mignonne, n'est-ce pas ? T'en veux une ?...». Doucement, la fillette fait volte-face, s'arrête (et nous avec) et dit : «Mama... Est-ce bien moi qui te règle tout le temps l'heure et la date sur ton portable?... N'est-ce pas moi qui t'ai aidée à avoir une adresse mail ?... N'est-ce pas moi qui t'ai appris à chercher sur Yahoo et Google ?... N'est-ce pas moi qui réorganise tout le temps les chaînes sur Dream box à la maison?... C'est bien moi, oui ?... Et avec tout ça, tu penses m'offrir une poupée en plastique ?!...». Eberluée, la dame demande: « Non mais, enfin ! Qu'est-ce que tu veux ?...». La fillette: «Ce que je veux ?... C'est une caméra vidéo, voilà ce que je veux !». La mère : «Hé là! Du calme ! Tu me prends pour qui ?».
Le plus significatif à travers cette histoire singulière, c'est que notre enfance et notre jeunesse se sont déjà calfeutrées dans un monde clos où le clavier, Facebook, le SMS et le Skype constituent leurs jouets préférés et, surtout, leurs uniques liens avec le monde alentour. De là, donc, à rendre visite à tonton et à tata...


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