Comme à son accoutumée, le Credif, Centre de recherche, de documentation et d'information sur la femme, a préparé un programme spécifique pour célébrer la journée de la femme. C'est à ce propos qu'il a abrité, hier, une table ronde sur le thème «Regards croisés sur la situation de la femme en Tunisie entre acquis et défis». La rencontre a réuni des experts de différents horizons qui ont, tour à tour, présenté des approches historique, sociologique et juridique de la situation de la femme en Tunisie. Rachida Tlili Sellaouti, directrice générale du Crédif, a souligné que la célébration de la journée de la femme se fait, cette année, dans un contexte particulier, grâce notamment à la finalisation de la nouvelle Constitution, qui, ajoute-t-elle, confirme, dans ses textes les acquis de la femme. La directrice du Credif pense que le défi qui se pose aujourd'hui est de consacrer les droits et les acquis de la femme dans la pratique, précisant qu'il est essentiel que toutes les idées et les convictions relatives à la liberté et à la protection de la femme soient ancrées dans notre culture afin de les protéger de tout risque de retour en arrière. L'intervenante attire, dans ce cadre, l'attention sur le rôle qui incombe à la société civile et aux organismes, tel le Crédif, dans la diffusion de cette culture et à simplifier les concepts afin de les rendre accessibles au plus grand nombre Neila Chaâbane, Secrétaire d'Etat chargée de la Femme et de la Famille, a relevé, dans une allocution d'ouverture qu'aujourd'hui il est plus important et plus opportun d'évoquer les défis auxquels fait face la femme tunisienne plutôt que de parler, encore une fois, des acquis, chose qu'on n'a cessé de répéter durant plus d'une cinquantaine d'années, souligne-t-elle. Elle relève que la question qui se pose, et sur laquelle il faudra trouver des réponses, est «comment consacrer les droits et les acquis de la femme afin de lui permettre de pratiquer ses droits en tant que citoyenne sans la moindre discrimination» ajoutant que les défis actuels concernent aussi bien l'aspect économique que social. Pour le premier, elle rappelle que la situation économique du pays est difficile et que ce sont les catégories faibles qui subissent en premier cette situation dont un grand nombre de femmes. Elle rappelle, en outre, que depuis vingt ans la part de femmes actives n'a point évolué et est restée égale à 25%. Le second défi qui se pose aujourd'hui est un défi social et elle évoque, à ce sujet, le regard de la société sur la femme, un regard qui demeure, malgré tout, réducteur et discriminatoire. Lecture sociologique Senim Ben Aballah, chercheur en sociologie, a présenté une lecture sociologique de la situation de la femme tunisienne. Il a, à ce propos, exposé des indicateurs relatifs à l'accès de la femme à l'éducation, à la santé, au marché du travail et à la scène politique, En conclusion, le conférencier note que le modèle socioculturel tunisien gérant les relations entre les genres a connu, durant les dernières décennies, des transformations dues à plusieurs facteurs, dont l'émission de textes de loi qui consacrent l'égalité homme-femme, la consécration de l'éducation gratuite mixte et obligatoire, l'accès de la femme au marché de l'emploi et l'adoption de certaines mesures de discrimination positive. Toutefois, ajoute-t-il, des failles continuent à exister entre femmes et hommes dans certains domaines ce qui entrave le principe d'égalité.