Controverse entre ceux qui considèrent que les journalistes ne peuvent pas être neutres face au terrorisme et ceux qui appellent à donner aux terroristes la parole pour s'informer de leurs points de vue Le secrétaire général du Syndicat tunisien des radios libres, Salah Fourti, a proposé hier d'associer les parties dites «terroristes» aux espaces médiatiques «pour s'informer de leurs points de vue» et éviter qu'elles ne se transforment en victimes», a-t-il dit. S'exprimant à l'ouverture du 5e congrès électif de cette organisation, M. Fourti a dit redouter que les chaînes de radio et de télévision ne soient «la cible des terroristes après avoir attaqué les hommes politiques et les parties sécuritaires», appelant à assurer la protection, particulièrement, des médias installés à l'intérieur du pays. Le responsable du syndicat a aussi relevé que «les récentes mesures destinées à combattre le terrorisme ne devraient pas donner lieu à la restriction des libertés et de la liberté d'expression». «Nous assistons actuellement à des tentatives vouées d'avance à l'échec visant à faire passer des mesures répressives mues par des motivations politiques, sous prétexte de menaces à l'ordre public et de lutte contre le terrorisme», s'est-il plaint. En réponse, M. Hichem Snoussi, membre de la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle), a souligné dans son intervention à l'ouverture du congrès que «le journaliste ne peut adopter une position de neutralité face à ceux qui cherchent à détruire la notion d'Etat, à porter atteinte à la société civile, aux fondements de la modernité, à l'édifice démocratique et qui menacent la femme et les enfants». Evoquant le dossier des radios associatives, M. Snoussi a reconnu que «des pressions» sont exercées sur la Haica en raison de son refus d'octroyer des autorisations à des radios associatives. «L'expérience que nous vivons actuellement suscite des craintes dans la mesure où certains religieux qui avaient pris la parole dans des radios associatives avaient diffusé un discours religieux extrémiste et de haine». Malgré ces craintes, la Haica a donné des autorisations conformément au décret-loi n°116 en date de 2011 et au cahier des charges des radios et chaînes de télévision. Une soixantaine de dossiers sont actuellement examiné par la Haica, dont 16 radios associatives parmi lesquelles le tiers sont installées à l'intérieur et dans le sud du pays.