Un film qui constitue un bon résumé des événements de janvier 2011, mais qui rime avec clichés ! A l'issue de son programme officiel, le Festival international de Carthage a vu les projections de trois films, dont Printemps tunisien, de Raja Amari, le jeudi 21 août. Présenté en avant-première, ce téléfilm de 92 minutes est coproduit par Arte, Telfrance et Nomadis Images. La réalisatrice, les comédiens et les producteurs sont montés sur scène avant la projection pour saluer le public, venu en nombre découvrir le film. Le scénario de Omar Ladgham place les événements quelques jours avant le 14 janvier 2011. Cette date boucle la boucle d'une trame qui suit l'évolution de quatre jeunes personnages. Trois amis, Moha, Walid et Fathi sont au chômage et gagnent leur vie en jouant dans un groupe musical lors des mariages. Le premier est luthiste en recherche de reconnaissance, le deuxième essaye de s'adapter comme il peut et flirte avec l'opportunisme, tandis que le troisième voit sa carrière d'enseignant avorter à cause de problèmes de corruption. Ce dernier est amoureux de Noura, une Tunisoise rebelle et attachée à ses principes. En arrière-plan, le pays bouillonne et les prémices du ras-le-bol se font sentir. Face à cette situation, chacun verra sont existence prendre un chemin différent. Dans Printemps tunisien, il n'y a ni bon ni mauvais chemin. Le scénario justifie sans arrêt les actions de ses protagonistes et insiste sur l'idée que personne n'est ni totalement bon ni totalement mauvais. Cela produit des dialogues qui sonnent parfois faux, que l'on tient à tout prix à baigner dans la «tunisianité». Le public cible du téléfilm, les téléspectateurs d'Arte, entre autres, n'y verront que du sous-titrage, avec une image léchée et un jeu naturel des comédiens... Quant à l'histoire du film, elle ne livre rien de plus que ce que les médias tunisiens et étrangers ont livré au monde à propos de la révolution. Quelques faits historiques sont modifiés, comme l'incident entre Mohamed Bouazizi et l'agent municipal Fayda Hamdi — remplacée dans le film par deux agents —, sans doute par souci d'éviter quelque polémique inopportune, et pour rappeler aussi qu'il s'agit d'une fiction. Au bout du compte, ce téléfilm se contente d'être un bon résumé des événements, à consommer tranquillement devant sa télé. Une carte postale de plus pour un pays qui s'est soulevé afin que l'on voie de lui autre chose que ce que propose sa vitrine.