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Portrait d'une génération désenchantée
Sur le tournage d'une jeunesse tunisienne de Raja Amari
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 11 - 2013

«Nous sommes en Tunisie, quelques mois avant la chute de Ben Ali»...
Fathi, Mourad, Moha et Noura sont les personnages principaux du téléfilm Une jeunesse tunisienne, qui vient d'être tourné à Tunis et dont Raja Amari signe la réalisation. Ce projet proposé par la chaîne franco-allemande Arte a détourné la cinéaste, le temps de ce projet, de sa prochaine fiction en préparation, Corps étrangers, campée entre autres par Hafsia Herzi et Nathalie Baye.
Une jeunesse tunisienne s'inscrit dans un projet sur les révolutions arabes, particulièrement celles qui ont eu lieu en Tunisie et en Egypte. Les producteurs, Arte et TelFrance ont été rejoints par Dorra Bouchoucha quand Raja Amari a accepté de réaliser le téléfilm. Derrière cette adhésion collective au projet, le scénario de Omar Ladgham qui a fait l'unanimité de par sa force, son humanité et la pertinence de son regard sur les événements en Tunisie. L'auteur a choisi de raconter le parcours de quatre jeunes Tunisiens qui «se débattent dans une société de plus en plus étouffante, profondément inégalitaire, sclérosée par des décennies d'une dictature ubuesque et corrompue... Nos quatre héros vont devenir, avec d'autres, "les petites mains" de ce qu'on va bientôt appeler la révolution tunisienne».
Cette dernière est donc la toile de fond de la trame, chose qui libère Raja Amari et ceux qui l'entourent de l'inquiétude quant à la pertinence d'une fiction qui traiterait d'un processus en marche, encore, à ce jour, inachevé. Car pour Raja Amari, un recul est nécessaire pour aborder un tel sujet et d'après ces dires, il semble compliqué et surtout, très tôt de trouver un angle pour en parler. Elle affirme dans ce sens qu'ayant pris part à plusieurs commissions, les quelques films qui concernent la révolution retiennent rarement l'attention.
A son tour, Dorra Bouchoucha trouve que le scénariste, étant installé en France, a justement ce recul salutaire et bénéfique. Dans le même temps, les initiateurs du projet ont tenu à ce que ce projet soit mis en scène par un Tunisien, filmé en Tunisie, avec une équipe tunisienne et à ce que les dialogues soient en dialecte tunisien. Raja Amari s'est donc penchée sur l'adaptation du scénario et la voilà sur le tournage qui s'est passé entre autres, au centre-ville de Tunis et à La Marsa.
Un tournage entre quartiers populaires et villas chic
De bon matin, une partie de la rue Garibaldi au centre-ville était occupée par les camions et le matériel de tournage. La feuille de service prévoyait des scènes d'extérieur et d'autres à l'intérieur d'un bar. Elles impliquaient Bilel Briki (Fathi), Hichem Yakoubi (Moha) et une trentaine de figurants. Dans un coin du magnifique local au décor authentique, Raja Amari, derrière le moniteur, suit le déroulement des scènes. Pendant ce temps-là, l'équipe binationale —dont notamment le directeur de la photographie Vincent Mathias et le 1er assistant réalisateur Khaled Barsaoui— s'active entre les prises pour s'occuper des accessoires des acteurs et régler le son, le tout dans une ambiance bon enfant. Quand la caméra tourne, le silence règne, on ne bouge plus et l'équipe communique au regard. La scène d'intérieur où Fathi et Moha discutent à cœur ouvert donne le ton de l'œuvre où cohabitent rêves et désillusion. Le premier s'acharne pour trouver du travail, tandis que le deuxième est dégoûté et songe à quitter le pays. Entre répétitions et prises, la caméra change d'angle et avec l'équipe bouge pour ne pas être dans son champ. Le tournage se déroulait dans un rythme décontracté et soutenu, en présence des producteurs français Isabelle Huige, chargée de programmation à l'unité fiction d'Arte, et Hubert Besson de TelFrance. Ces derniers ont assisté à de nombreuses scènes de tournage dont celles de manifestations, tournées à Mornag, et d'une arrestation dans un cyber-café du centre-ville. Ils ont été étonnés de certaines réactions sceptiques et hostiles que les scènes ont suscitées dans des quartiers populaires comme le Kram, où des jeunes ont fait partie des figurants. Ils ont même été témoins de passants qui ont crié «Vive Ben Ali» à la vue du portrait de ce dernier accroché dans le décor du cyber-café. Moins étonnée, Raja Amari explique que les réactions ont été très diverses et que cela se comprend parce que c'est un sujet encore sensible. «Les problèmes ne sont pas encore résolus et la colère est toujours là», ajoute-t-elle.
Le lendemain, changement de décor. L'équipe est dans un bel appartement marsois qui sert de logement pour Noura (Anissa Daoud) et sa mère. Noura incarne la jeune bourgeoise belle et rebelle, qui a choisi le cyber-activisme pour faire changer les choses. Son personnage est un hommage à la cyber-dissidence comme l'affirme Hubert Besson. D'ailleurs, on voit Noura devant son ordinateur, sur facebook, avant de fuir la police depuis le toit de la maison, suivie par la caméra.
Sur le plateau également, le comédien Bahram Aloui qui joue le rôle de Mourad, le dernier de la bande, un magouilleur proche du pouvoir. Dans l'une de ses scènes précédemment tournée, il nous raconte la scène où le couple Ben Ali fait une apparition. D'ailleurs, les événements du film s'arrêtent le 14 janvier 2011 avec le départ de Ben Ali.
Des personnages à l'image d'une réalité complexe
«L'histoire débute alors que le régime de Ben Ali commence à se fissurer», annonce le scénario qui a séduit Raja Amari entre autres, pour la relation des personnages avec la révolution, une relation caractérisée par un certain désenchantement. «Ils ne s'impliquent pas forcément dans les événements et cela reflète la complexité de la situation», pense la réalisatrice qui elle-même a vécu la révolution de loin. Dans sa démarche, elle affirme avoir travaillé sur l'image comme à son habitude, indépendamment du fait qu'il s'agisse d'un téléfilm. Il en est de même pour la direction des acteurs. Ces derniers décrivent la «méthode» de Raja Amari comme axée sur la retenue, la justesse et la sobriété, elle va à l'essentiel du rôle, organiquement lié au mouvement de la caméra. Les acteurs ont eu droit à plusieurs répétitions et essais. Alors que Bilel Briki, que l'on verra bientôt dans Bastardo de Néjib Belkadhi, affirme avoir été très bien encadré, Hichem Yacoubi dit être resté sur sa faim car il voulait affiner certains aspects de son rôle. Cet acteur est un cas particulier puisqu'il a intégré l'équipe à la dernière minute et a dû travailler dans l'urgence. Il n'empêche qu'avec ce film il réalise le rêve de participer à un projet sur la révolution.
Jeune Tunisien dont la famille s'est installée en France alors qu'il avait à peine quatre ans, Hichem Yacoubi joue pour la première fois dans son pays natal. Il allait faire partie du casting du film de Mohamed Zran sur Bouazizi mais le projet a avorté. Une jeunesse tunisienne est en tout cas un projet abouti où l'acteur a doublé les efforts pour s'intégrer au sein de l'équipe et pour affiner son accent et son jeu. Cet acteur, qui a notamment joué dans Un prophète de Jacques Audiard, sera bientôt en tournage avec Abderrahmane Sissako en Mauritanie.
Dorra Bouchoucha, qui produit Raja Amari depuis ses débuts, explique à son tour que pour la réalisatrice, tout se dit à travers l'image, avec très peu de dialogues et beaucoup d'ellipses. Celle-ci offre, selon elle, dans Une jeunesse tunisienne, un kaléidoscope de la société tunisienne avant la révolution, avec un regard juste et réaliste de parcours intimistes. Quant à la production du projet, elle affirme que le tournage n'a pas été aussi difficile qu'ils s'y attendaient, malgré le grand nombre de figurants et la diversité des décors. Le tournage s'est également très bien passé côté financier, avec un rapport de respect mutuel avec les producteurs français. Ces derniers déclarent que la première diffusion du téléfilm sur Arte sera probablement pour la rentrée 2014, avec une sortie cinéma en Europe, hormis la France, et en Tunisie. Rendez-vous donc dans un an!


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