Initié, depuis des mois, par une équipe de volontaires de différents horizons, le dialogue sociétal pour la réforme du système de santé devrait être couronné par l'organisation d'une conférence nationale de santé, à Tunis, du 2 au 4 septembre prochain. Le système tunisien de santé contribue-t-il efficacement à répondre au droit de tous les citoyens à la santé, tel que consacré par la nouvelle Constitution ? Une question majeure à laquelle le dialogue sociétal pour la réforme du système de santé tente d'apporter des éléments de réponses claires. Il faut reconnaître que la démarche est innovante. En effet, l'équipe a adopté une démarche participative, inclusive et citoyenne. Car, selon les initiateurs du projet, le dialogue sociétal tend à construire une compréhension commune des enjeux majeurs du système afin d'améliorer la santé du Tunisien, mais pas seulement. Il est aussi question de garantir le développement du système et d'avancer vers un consensus impliquant l'ensemble des parties concernées par la question de santé publique dans le pays. Il s'agit, notamment, des citoyens-patients, des professionnels de santé, des partenaires sociaux, des experts, des fonctionnaires, et des décideurs, soit les politiques, sur les orientations de la réforme et les moyens de sa mise en œuvre. La démarche est aussi innovante dans la mesure où elle a conjugué les compétences pour de meilleurs résultats tout en associant les « citoyens », patients du reste, et directement impliqués dans ce processus de réforme. Initié par des volontaires bénévoles, relevant de différents horizons, le dialogue sociétal pour la réforme du système de santé, s'est fixé pour objectif d'engager un débat public et surtout transparent sur le système de santé en Tunisie. Une équipe de volontaires composée de citoyens, professionnels de la santé, économistes, sociologues, société civile......ont conjugué leurs efforts pour réfléchir à une réforme profonde et efficace du système de santé tunisien. Un système qui, semble-t-il, souffre d'insuffisances importantes. Le processus du dialogue sociétal pour la réforme du système de santé a démarré, il y a quelques mois, et se décline en plusieurs phases. D'abord, une étape préparatoire qui s'est conclue par l'élaboration d'une feuille de route pour le dialogue sociétal qui a permis aux instances de pilotage et de gestion du processus d'entamer le long programme de travail. Ensuite, l'équipe a procédé à un état des lieux, qui a duré presque an, de juin 2013, à mars 2014. Une phase au cours de laquelle on a procédé à une analyse largement participative de la situation. Les instances de pilotage et de gestion du processus du dialogue sociétal se sont fondées, dans leurs analyses sur une revue des études réalisées en Tunisie, en matière de santé et du système de santé. Un diagnostic complété par des ateliers de travail thématiques impliquant l'ensemble des parties prenantes, via des rencontres avec des informateurs clés, et des focus groupes tenus avec les citoyens, les professionnels de santé, les associations. D'un autre côté, les initiateurs du dialogue sociétal ont organisé «les rendez-vous de la santé», du 26 avril à fin mai 2014, et ce, dans les 24 gouvernorats de la République, et en étroite collaboration avec les citoyens et les professionnels de la santé. Des rendez-vous qui ont constitué une excellente occasion d'échanges, de débats et d'un dialogue entre les divers acteurs concernés par la santé. Les rendez-vous de la santé ont été couronnées par l'émergence de valeurs et attentes sur lesquelles doit se fonder le développement du système de santé. Autre étape non moins importante du dialogue sociétal pour la réforme du système de santé, la synthèse des bases factuelles et l'identification des options de réforme. Une étape au cours de laquelle, les experts sont intervenus pour identifier des axes stratégiques potentiels pour le développement du système de santé. L'originalité du process du dialogue réside dans la constitution de «Jurys citoyens». Il s'agit là d'une première en Tunisie. Une première où le citoyen prend en charge ses responsabilités et défend son droit à la santé. Au fait, ce sont des réunions avec les citoyens, eux-mêmes patients et bénéficiaires du système de santé national, qui se sont déroulées, du 11 au 13 juin 2014. Les jurys citoyens ont donné leurs avis et leur appréciation quant à l'état des lieux du système de santé, aux valeurs et attentes de la population et aux délibérés sur les différentes options en matière d'axes stratégiques, élaborés auparavant. L'ensemble de cette réflexion approfondie s'achèvera sur la tenue d'une conférence nationale de la Santé. Celle-ci se tiendra les 2, 3 et 4 septembre 2014. Objectif : partage et appropriation de l'ensemble des produits du dialogue sociétal. La conférence sera clôturée par une déclaration qui mettra en exergue les motivations et les fondements de la démarche, les enjeux, les valeurs et attentes partagées par la population tunisienne et proposera des axes stratégiques prioritaires pour le développement du système de santé. Il va sans dire que cette déclaration sera suivie par l'élaboration d'une politique de santé, de stratégies et plans de mise en œuvre. Mais encore, les mécanismes pour le suivi et la continuité du processus dans le temps seront discutés et validés lors de la conférence nationale sur la santé. Car, comme le soulignent les initiateurs du dialogue sociétal pour la réforme du système de santé, «l'approche du dialogue doit s'inscrire dans la durée et le processus ne sera considéré comme une réussite que s'il y a une mobilisation forte et soutenue de toutes les parties prenantes dans la mise en application et l'évaluation de ses recommandations». Le diagnostic complet du système tunisien de la santé sera rendu public bientôt. Mais on apprend déjà, qu'il y aura des informations fort intéressantes sur un système qui finalement ne profite pas suffisamment à tous les citoyens, encore moins au système public de la santé. En effet, environ 60% à 80% des soins sont prodigués par le système de santé public. En revanche, celui-ci ne récolte qu'à peine 40% des recettes, selon le diagnostic élaboré par l'équipe du dialogue sociétal. Un dialogue qui, paraît-il, promet quant à ses résultats, puisque, outre le fait qu'il bénéficie du soutien de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), et est financé en partie, par l'Union européenne, ces instances internationales ont décidé de s'en inspirer pour le généraliser à d'autres pays.