Le programme de la 46e session du Festival international de Hammamet, révélé dans ses détails lors de la conférence de presse qui s'est tenue hier matin au centre culturel international de Hammamet, ne cachait pas de réelles surprises. La tournure qu'a prise ce festival sous la direction de Lassaad Ben Abdallah a marqué depuis deux ans le retour en force du théâtre sur cette scène prestigieuse, avec un choix intéressant d'artistes internationaux. Mais, cette année, comme le mois saint tombe en plein été, la direction du festival consacre une partie de sa programmation à des soirées ramadanesques. Pour cette édition, qui se décline en trois sections — "Scène de théâtre", "World Music" et "Nuits Ramadanesques" —, le festival de Hammamet reste fidèle à ses orientations et offre une large palette de spectacles et d'artistes. Avec une insistance, cette année, sur les cultures urbaines (hip-hop, rap, slam, etc.) et une digression du côté du cirque chilien dans les jardins de la Méditerranée: on attend d'ailleurs un spectacle aérien qui en étonnera plus d'un. Comme d'habitude, c'est le théâtre qui ouvre le festival, et c'est au trio Ezzedine Madani, Moncef Souissi et Mohamed Kouka d'assurer la soirée inaugurale, avec une création intitulée : « Ibn Rochd aujourd'hui », le 13 juillet. Ce trio, déjà réuni sur "Ibn Khaldoun, fragments futurs", abordait la violence dans l'histoire et les rapports du pouvoir et des intellectuels. L'écrivain et dramaturge Ezzedine Madani et les deux hommes de théâtre, Mohamed Kouka et Moncef Souissi, reprennent, pour cette création Hammamet 2010, le même cheminement critique et explorent les travers de la vie moderne, les problématiques de la société contemporaine, les espoirs et illusions qu'elle suscite. Et c'est à partir de quelques jalons du parcours initiatique d'Ibn Rochd que le dramaturge campe sur scène, avec humour et dérision, toute une galerie de personnages, dont des théologiens intégristes assoiffés de pouvoir, un vizir bête et méchant, un poète à la mesure du monde.... Les soirées théâtrales se poursuivront avec des textes adaptés ou très librement inspirés de grands poètes, dramaturges ou penseurs comme Jarry, Sartre, Darwich, Ferré, ainsi que des créations venues d'Irak, de Palestine et, bien entendu, de Tunisie. Si la section World Music reste la plus importante, elle est aussi la plus diverse. Concerts, ballets, opéra, variétés, classique, avec des créations, des reprises, des hommages : les spectacles sont ouverts à toutes les générations. Chansons orientales, chansons maghrébines dans toutes leurs composantes, métissages côté jazz ou folk, inspiration extrême-orientale ou rythmes des extrêmes africains (Maroc / Afrique du Sud), hybrides de classique et de tradition populaire, il y en aura pour tous les goûts. La plupart des artistes seront en exclusivité à Hammamet avec, pour certains, des créations ou des programmes spécialement concoctés pour le festival. En outre, la jeune création se trouve bien représentée, et c'est particulièrement vrai cette année où ont été réunis les artistes tunisiens qui vivent entre la Tunisie et l'Europe. Cette année, le mois de Ramadan coïncide avec les dernières semaines du festival qui consacre, de ce fait, ses derniers spectacles aux Nuits ramadanesques.