Le calvaire, offert aux yeux du visiteur, se poursuit à travers les différentes salles du laboratoire-galerie et se joue sur les supports en toile pour déborder des fois sur les murs de la galerie. L'exposition personnelle «Golgotha» d'Aicha Snoussi ouvre la nouvelle saison artistique de la galerie Ammar Farhat de Sidi Bou Saïd. L'espace transformé picturalement et à travers les dessins de l'artiste, depuis le 28 septembre dernier, en un laboratoire virtuel, «métaphysique, spécialisé dans l'insémination de la foi» abrite des expériences dont l'objectif est de «modifier spirituellement l'homme, en disséquant ses états d'âme. Greffe de culte, chirurgie éthique, extraction des genres défaillants, dissolution des humeurs, purification des substances, transmutation des chairs, injection bénite, astomies diverses, etc.», lit-on dans le dépliant de l'exposition, qui présente également un plan du laboratoire-galerie avec les différentes salles des œuvres-interventions (Caldarium, Bachroom et Frigidarium) et une liste de «règles de sécurité» à l'ironie débordante. Comme le suggère le titre «Golgotha», qui signifie «crâne», et qui est également le nom de la colline proche de Jérusalem où aurait été crucifié Jésus. Colline appelée également le «Calvaire». Aicha Snoussi, dont les méticuleux dessins à l'encre exécutés sur d'immenses toiles recouvrant les murs et sur des bandes de toiles tendues ou encore sur de plus petits formats, évoque des références bibliques pour citer ce calvaire. En témoigne l'immense dessin qui revisite la « cène » de Léonard De Vinci. Le dernier dîner de Jesus est transformé en un horrible festin avec au menu étalage de viscères, supplices corporels, aspiration de cervelle... Les dessins de Aïcha Snoussi, dont le traitement renvoie à une esthétique médiévale, figurent des simulacres d'êtres au corps nu et décharné, connectés à leur «calvaire» ou supplice via des fils et des câbles qui prolongent l'expérience. L'idée, selon l'artiste, est de décrire l'horrible processus par lequel l'homme devient croyant. Le calvaire, offert aux yeux du visiteur, se poursuit à travers les différentes salles du laboratoire-galerie et se joue sur les supports en toile pour déborder des fois sur les murs de la galerie, mettant à nu et reliant entre eux les fils qui régissent cette machine infernale... L'exposition se poursuit jusqu'au 26 de ce mois. Meysem M.