Ghaya est la déesse mère, déesse primordiale, ancêtre de la race divine, qui a donné naissance à la terre, à la mer, aux montagnes et au soleil. Ce ne pouvait donc être qu'elle la déesse tutélaire de Sidi Bou Saïd, ce mont béni où le ciel et la mer se rencontrent. Et c'est en hommage à cette divinité et à ce mythe que Aïcha Ben Khalifa baptise son nouvel espace. Au pied de la colline, un caisson de lumière blanche accueille un concept artistique inédit, une galerie d'art contemporain spécialisée dans l'édition : édition de mobilier ou d'objets d'artistes contemporains et de designers, mais aussi de photographies, de lithos, de sculptures, ou de bijoux, et même parfois de lignes de vêtements. Les artistes invités à exposer en ce lieu étant aussi bien tunisiens qu'étrangers. « L'idée, explique Aïcha Ben Khalifa, est de sortir l'artiste du cadre de la toile, et de lui offrir d'autres supports». C'est ainsi que Feryel Lakhdar poursuit une expérience déjà initiée, et qu'elle mène avec succès, en signant un mobilier d'artistes. Meryem Bouderbala a entrepris de travailler sur des poteries de Sejnane, partant d'un produit artisanal pour aboutir à une création contemporaine. Parallèlement, elle crée un étonnant modèle de chaise. Autre artiste invité de Ghaya, Noutail Belkadhi : ce polytechnicien détourné invente d'étranges insectes animés, qu'un moteur de son invention fait grimper aux murs ou battre des ailes. C'est encore lui qui exposera une chaise adaptable au poids de celui qui s'y installe, baptisée Startrek. Dina Debs, designer libanaise, invente des meubles où la mémoire de la tradition du meuble en nacre s'inscrit dans une adaptation contemporaine du plexiglas, et qui réussit ainsi une superbe symbiose. Le Marocain Hassen Hajjej quant à lui, travaille sur les boîtes de conserve, et, hasard ou clin d'œil du destin, les conserves de tomates qui lui servent de support s'appellent...Aïcha. Pour l'ouverture de ce nouvel espace, ouverture prévue pour la journée d'hier, Aïcha Ben Khalifa a tout de même décidé d'offrir un thème à ses invités artistes : celui de la clé, avec toute la symbolique que cela représente. Hela Ammar présentera donc une série de photos sur ce thème, cependant que la maîtresse des lieux créera une collection de bijoux–clés. Un joli geste à signaler et qui, jusque-là, ne s'est pratiqué nulle part ailleurs : Ghaya inaugure le mur des galeries... Un mur qu'elle offre à l'accrochage de toutes les galeries amies, vitrine d'une exposition ou d'un artiste à promouvoir. En signalant chaque fois, bien sûr, le nom de la galerie.