" Mettre aux nues " est le titre choisi par Irane Ouanes pour sa dernière exposition. Ses tableaux investissent les murs de l'espace Ammar Dakhlaoui à Art-Libris jusqu'au 26 juin. Le thème " Mettre aux nues " évoque à la fois la femme et le corps. De telles péripéties artistiques ne sont pas étrangères à l'artiste qui a déjà participé à " SexyArt 2 ", une exposition de groupe sur " le sexe dans l'appréciation, la sensibilité, la vision et les limites de nos artistes contemporains ", abritée au début de l'année par l'Aire Libre d'El Teatro. Enseignante en techniques de communication, Irane Ouanes passe aussi par le pinceau pour s'exprimer. Son regard sur le corps de la femme est loin d'avoir froid aux yeux. Il est en même temps plein de respect. En observant les toiles d'Irane Ouanes, nous avons l'impression que ce sont les femmes peintes qui décident du degré de nudité et qui arrêtent, au moment voulu, un voile désertant leurs corps pour montrer peu, assez ou tout de leur féminité/féminitude. Principalement de dos, les portraits féminins d'Irane Ouanes empruntent différentes postures. Qu'elle soit habillée en robe de soirée derrière un bar, étalée sur un canapé, posant pour un peintre ou se laissant aller à un regard furtif sur la ville, la " femme Irane " dévoile rarement son visage. Elle préfère inviter le regard extérieur à se poser sur son univers, ou peut-être s'en moque-t-elle royalement ? Le seul portrait de femme nue complètement de face est mis dans un cadre qui rappelle celui d'un miroir. Intitulé " Noir ou blanc ", ce dessin en fusain, dominé par le sombre, donne un nu en toute retenue. Quelle interprétation en tirer si ce n'est l'hésitation, voire la peur de s'exhiber même devant soi? Dans un autre registre, un tableau intitulé " Cène ou scène " propose une analogie entre la cène, dernier repas du Christ avec ses apôtres, et une scène imaginée par Irane Ouanes, faite d'un festin de Coca Cola et de pizza. Les invités de ce mets ne sont autres que d'éminents personnages qui ont marqué l'histoire de l'humanité (Gandhi, Matin Luther King, Socrate, Einstein, Louis Pasteur…), avec la seule présence féminine de Marylin Monroe (Marie Madeleine ?). Une manière peut-être de dénoncer la société de consommation et l'image qu'elle donne de la femme. Quand ce n'est pas de l'huile sur toile, technique utilisée dans la plupart de ses tableaux, Irane Ouanes a recours à la technique mixte, l'acrylique, l'aquarelle ou encore le fusain pour dessiner et peindre des femmes accomplies, en réflexion, parfois perdues et désœuvrées. Le tout donne une œuvre qui insiste à " mettre aux nues" les différentes facettes de la beauté de la femme. Un hommage au " sexe féminin". Est-ce pour cette raison que le seul portrait masculin de l'exposition est " sans nom " ?