Les partis politiques signataires de la feuille de route ont repris leurs réunions dans le cadre du Dialogue national. L'Isie est pointée du doigt pour sa partialité et l'Utica appelée à la rescousse afin d'aider financièrement nos partis incapables de subvenir aux besoins de leurs observateurs Ceux qui attendaient monts et merveilles du retour, hier, du Dialogue national à ses réunions peuvent déchanter. Hier, le Quartet parrain du dialogue a invité les partis politiques signataires de la feuille de route à une réunion marathon de près de quatre heures, au cours de laquelle chacun a vidé son sac et dit, haut et fort, ce qu'il avait sur le cœur. Au menu, la gestion par l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) du processus électoral en vue des législatives du dimanche 26 octobre 2014, sans oublier le dossier des candidatures à l'élection présidentielle et les falsifications intentionnelles ou innocentes des parrainages et des citoyens-électeurs et de certains constituants qui ont accordé leurs signatures pour plusieurs candidats à la fois. Et ils étaient tous là : Taïeb Baccouche, Ameur Laârayedh, Mouldi Riahi, Faouzi Charfi, Zouhaïer Hamdi, Lazhar Baly, Boussairi Bouedbelli, Hassine Abassi, Bouali M'barki, Wided Bouchamaoui, Abdessattar Ben Moussa, Ali Z'dini, Elyes Fakhfakh, etc..., pour ne citer que les grosses pointures qui ont préféré bouder une journée de la campagne de leurs partis pour répondre à l'appel du Quartet. Une source participante à la réunion confie à La Presse : «L'impression générale qui s'est dégagée du débat est que l'Isie gère le dossier sur la base de la politique du deux poids, deux mesures. Presque tout le monde reproche à Chafik Sarsar sa partialité et le fait de diriger l'Isie en attendant les ordres ou les conseils amicaux de certaines parties. Ainsi, l'on a constaté que la majorité des présidents et des membres des bureaux de vote recrutés par l'isie appartiennent à un parti se disant le plus fort sur la scène politique nationale. Et, à moins de quinze jours du jour j, Chafik Sarsar continue à faire la sourde oreille face à ceux qui lui demandent quotidiennement de rectifier les choses, invoquant l'argument de l'absence de preuves. Toutefois, il faut reconnaître que certaines nominations ont été suspendues mais la majorité des bureaux de vote sont toujours sous influence». Le dépouillement sera public Et les observations des participants à la réunion de toucher à ce qu'on appelle le nerf de l'opération électorale : la présence effective des observateurs dans les bureaux de vote, à travers l'ensemble du territoire national, et le dépouillement public des bulletins de vote au sein même des bureaux de vote et non au niveau régional comme ce fut le cas le 23 octobre 2011. Les représentants des partis présents, hier, au siège du ministère de la Justice, des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle n'ont pas hésité à dire, le plus simplement du monde: «Nous n'avons pas les moyens financiers nécessaires pour assurer la présence de nos observateurs au sein des bureaux de vote, dont le nombre dépasse les dix mille. C'est la raison pour laquelle nous demandons le soutien matériel de l'Utica et des hommes d'affaires». La même source précise : «Widad Bouchamaoui, présidente de l'Utica, nous a promis de faire parvenir notre demande au bureau exécutif de la centrale patronale et de nous fournir la réponse à l'occasion de notre prochaine réunion, qui se tiendra lundi ou mardi prochains». Quant au dépouillement des bulletins de vote, le soir même du 26 octobre, les partis ont demandé «à ce que l'opération se déroule au sein de chaque bureau de vote, aussi éloigné soit-il et en présence des observateurs de chaque parti ou liste indépendante. Notre objectif est clair. Il faut éviter, à tout prix, que le dépouillement soit effectué au niveau régional, dans le but d'éviter les arrangements qui se sont produits en 2011. Chafik Sarsar, président de l'Isie, devrait répondre à notre doléance lundi ou mardi prochains». Dernier point à l'ordre du jour : la sécurisation de l'opération électorale. «Nous voulons être informés des détails du plan sécuritaire mis au point par le ministère de l'Intérieur pour que les élections se déroulent dans les meilleures conditions possibles, à l'abri des menaces des groupes terroristes», relève-t-il. Et, comme la mode est aux tiraillements, aux accusations gratuites et à la suspicion généralisée, l'argent dit sale s'est invité au débat. Mouldi Riahi, tête de liste d'Ettakatol dans la circonscription de l'Ariana, est sorti de ses gonds pour invectiver Slim Riahi, président de l'Union patriotique libre et candidat à la présidentielle, l'accusant d'être à l'origine «de cet argent sale coulant à flots et souillant l'opération électorale».