Par M'hamed JAIBI La campagne de la présidentielle est désormais formellement engagée, mais nous ne savons pas encore qui seront les vrais candidats et qui d'entre eux se retireront dans l'esprit de donner à une alliance se réclamant du «centrisme» et du «social-démocratisme», bien que comptant le CPR, des chances de battre Béji Caïed Essebsi dont le parti s'est prévalu de près de 40% des voix aux législatives. Trouver l'«oiseau rare»... Certes, ce scrutin est prévu en deux tours à près d'un mois d'intervalle, mais l'attachement de plusieurs candidats à s'entendre tous sur l'un d'entre eux, laisse présager, quel que soit le nombre effectif des désistements, un duel privilégié opposant Béji Caïd Essebsi à un candidat «oiseau rare» sur le nom duquel se regrouperaient tous ceux qui veulent coûte que coûte barrer la route au leader de Nida Tounès, lequel souhaiterait bien obtenir dès le 23 novembre la majorité absolue. Cependant, l'ensemble de ces partis, à la recherche d'un candidat commun, n'ont récolté à eux tous qu'environ 10% des suffrages aux législatives. Un «candidat consensuel» soufflé par Ennahdha ? Ennahdha, qui soutient depuis longtemps l'idée d'un «candidat consensuel», vient d'indiquer que son poulain ne sera pas issu de son sein mais choisi parmi cinq des candidats en lice. Il s'agit de Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaâfar, Néjib Chebbi, Abderrazek Kilani et Hammouda Ben Slama. Trois au moins d'entre ces candidats sont partie prenante de l'entente projetée par lesdits «démocrates», dont seul Mustapha Ben Jaâfar a solennellement promis de se retirer éventuellement si un accord intervenait entre tous. Sachant que Mohamed Hamdi, leader de l'Alliance démocratique, avait déclaré, au lendemain de la déroute des législatives, son intention de se retirer de la course et que Néjib Chebbi insiste à se présenter comme le candidat le mieux placé. Ramasser le nombre des candidats Quelles qu'en soient les motivations, l'initiative de ramasser le nombre des candidats à la présidentielle est fort louable, pouvant ramener la compétition à des dimensions raisonnables dignes de l'enjeu historique, au lieu des 27 candidatures retenues jusque-là. Bien qu'ils se réclament à cor et à cri du «centrisme», ces partis non islamistes, pour la plupart modérés, qui ont subi, lors des législatives, une véritable déconvenue, vont probablement devoir compter, en définitive, sur l'arbitrage d'Ennahdha, plus spécialement au second tour. Les surprises ne sont exclues Les structures du parti islamiste vont justement devoir se fixer, d'ici lundi, sur le nom de leur candidat. Leur liste de pressentis se recoupe avec celle des anti-Caïed Essebsi, mais les surprises ne sont pas exclues, puisque certaines déclarations de dirigeants de Nida Tounès laissent entrevoir la possibilité d'une entente — décrite comme peu probable — troquant un consensus présidentiel de fait, en échange d'une participation d'Ennahdha au prochain gouvernement. En attendant, la réunion de vendredi, groupant le CPR, Ettakatol, Al-Joumhouri, l'Alliance démocratique et le Courant démocratique, n'a abouti qu'à une déclaration d'intentions, se donnant ainsi le temps de connaître les options définitives d'Ennahdha.