L'Espagne championne du monde, c'est surtout la consécration d'idées et de certitude qu'aucun élément étranger n'est venu contrarier... Bien avant l'Euro 2008 et jusqu'à sa dernière consécration, le nouveau champion du monde est passé d'une histoire à l'autre, d'une épreuve à l'autre. Mais ici et là, il a su et il est parvenu à sauvegarder les principes de base et les certitudes qui devaient servir à imprimer une personnalité, un style de jeu. La valeur d'une équipe de football se mesure en grande partie à sa marge de progression, mais aussi et surtout à sa faculté de surpassement. La "Roja" a appris, et elle continuera certainement à le faire, en se valorisant à partir des exigences du terrain, celles qui favorisent notamment la remise en question de chacun et qui sont destinées essentiellement à produire un esprit de groupe.Il faut dire que lorsqu'on passe d'un défi à l'autre, beaucoup de choses changent automatiquement. La gestion humaine ne serait plus tout à fait la même. Les nouvelles exigences imposent chaque fois une attitude et un mode de comportement assez particuliers, ne serait-ce que pour comprendre ce dont elle était incapable de réaliser jusque-là... L'Espagne a dû assurément attendre son heure et se préparer pour une éventuelle ligne droite. C'est le genre de situation où l'on compte ses jours, ses heures. Interminables? Certainement, dans la mesure où elle avait à défendre non seulement les principes de jeu qui ne semblaient pas donner de résultats, mais aussi la vocation de la plupart de ses joueurs qui ne pouvaient pas être autrement. Elle était ainsi amenée à exprimer et à penser à des choses que d'autres équipes n'osaient pas y songer. On ne devient pas, au fait, un «grand» du monde si l'on ne sait pas résister aux tentations des temps modernes, celles qui privilégient le résultat au jeu, qui placent les victoires au-dessus de toute autre considération. A l'image du "Barça" qui a pris l'habitude de tout faire sur le terrain sans avoir pour autant la reconnaissance nécessaire au niveau du résultat, la "Roja" a pu dépasser autant de contraintes et autant de frustrations. Fallait-il justement s'adapter au contexte et en saisir les opportunités? L'affiche, l'enjeu, le style des matches, tout invitait à une nécessaire remise en question. Mais contrairement à ce qu'on attendait, l'équipe a su s'attacher encore davantage à ses motivations, avec bien entendu des obligations de jeu. Encore et toujours. Le doute, la souffrance, elle savait justement ce que c'est, mais tout particulièrement ce que cela pourrait entraîner de bon. Faut-il ajouter que le système n'a jamais pris autant de forme, autant de signification. L'Espagne, championne du monde, c'est surtout la consécration d'idées et de certitude qu'aucun élément étranger n'est venu contrarier . Les valeurs, aussi bien traditionnelles que modernes du jeu, sont de plus en plus respectées. Les bons gestes, la créativité, l'inspiration, autant d'expressions que l'on peut tirer du dictionnaire de… la passion C'est aussi la consécration de l'équipe qui, tout au long de son parcours, n'a jamais fait des victoires, des titres et des trophées, une source de reconnaissance. Elle s'est construite autrement, avec d'autres priorités, un mélange d'accomplissement et de sérénité. Finalement, peut-on lui imposer des prérogatives différentes de celles qu'elle avait pris l'habitude d'assumer et même de valoriser ? Ça serait alors comme si on lui enlevait une part de sa vérité, celle que l'on découvre souvent sur le terrain, dans les grands moments. Plus encore et l'âge aidant, elle devrait aller encore plus loin, se découvrir d'autres registres. Une façon de continuer, de s'accomplir à travers de nouveaux objectifs et forcément de nouvelles perspectives…