La consécration des virtuoses espagnols est avant tout une sorte de réconciliation avec le beau jeu par opposition aux schémas tactiques figés qui dénaturent l'essence même du football. Football- passion rime avec football-spectacle. Donner la part belle aux fresques artistiques tout en assurant l'essentiel, voilà la marque de fabrique de la Furia Roja. Dans la droite ligne de sa consécration à l'Euro 2008, l'Espagne, à son apogée, a ajouté la couronne mondiale au titre continental. La Coupe du monde tant convoitée est revenue finalement à l'équipe la plus complète et la plus déterminée. L'Espagne a du coffre et du caractère. Défaits en ouverture du Mondial par la Suisse, les Ibères ont retenu la leçon pour ensuite réaliser un sans-faute, jusqu'à la plus haute marche du podium. Si l'Espagne rallie tous les suffrages et séduit les puristes de tous bords, son ossature barcelonaise (détentrice de la Ligue des champions 2008-2009) est pour beaucoup dans ce jeu huilé propre aux champions. Il était acquis depuis quelque temps que l'Espagne avait gagné ses galons de meilleure équipe de la planète. En s'adjugeant le trophée le plus convoité du globe, cette génération espagnole a fini par mettre tout le monde d'accord, régalant l'assistance par un jeu aussi tranchant que séduisant. La conservation du ballon, les échanges à une touche de balle, les triangulations, la maîtrise technique, le harcèlement constant sur le porteur du ballon, à défaut de puissance physique, la Furia Roja s'est distinguée par son application tactique et sa maîtrise technique. Un système de jeu calqué sur celui du grand club catalan et son jeu tout offensif. Entre- temps, Vicente Del Bosque a succédé à Aragones. Les hommes défilent mais la marque de fabrique est toujours la même, la marée rouge est passée par là, et l'Espagne, irrésistible, a triomphé en alliant le résultat à la manière. Après l'orage, le beau temps... Un rapide flash-back nous enseigne que la Furia Roja montait en puissance dès 2006. Meurtrie par la France de Zidane, en quart de finale du Mondial (3-1), les Ibères ont dû remettre leurs rêves de gloire à plus tard. Une tête est tombée, celle de l'emblématique Raul, le sélectionneur devant ainsi délester à contrecœur le groupe d'une personnalité historique. Puis vint l'heure de la renaissance avec une Espagne qui s'est retroussé les manches, allant au charbon. Acquérir un nouveau style de jeu étant devenu prioritaire dans l'optique d'une reconstruction du groupe. Une nouvelle ère est née par la suite, connue sous le nom de «tiqui-taca». Un mélange de football-spectacle et de football total. L'âge de la maturité avait-il sonné pour une Espagne désormais dos au mur? Réussir la campagne de l'Euro 2008 étant devenu le baromètre. Les appréhensions espagnoles sont définitivement balayées suite à la victoire face au Danemark, synonyme de qualification pour l'Euro. Le coup de maître espagnol lors de la phase finale de l'Euro renforcera par la suite les convictions des coéquipiers de Casillas. Tour à tour, l'Italie, l'Allemagne et la Russie passent à la trappe et doivent se rendre à l'évidence, l'Espagne, championne d'Europe, a définitivement gagné ses galons de candidat en puissance pour le titre mondial.