«Quand une fille rappe, c'est pas très bien digéré. Il faut savoir forcer le respect» Le public l'a surtout découverte à la télé à travers son rôle dans le feuilleton tunisien «Enjoum ellil». Campant une jeune adolescente, un peu garçon manqué, débrouillarde et spontanée, elle a convaincu et conquis les jeunes téléspectateurs, tout au long des trois saisons de cette fiction ramadanesque. Mais avant la scène théâtrale, c'est celle de la musique qui a bercé ses premiers pas. Déjà à l'âge de 13 ans, elle rejoint un groupe de jeunes chanteurs (groupe Essalem) de la maison de la culture Khaznadar. Elle a pu, par la suite, se dévoiler, en solo, avec ses propres textes. Son travail et son acharnement lui ont permis de monter sur scène, à l'âge de 15 ans, à l'occasion de la fête de la musique, pour une heure moins quart, une première pour elle. Elle s'appelle Dajla Douici, elle a 26 ans, elle vient de sortir son premier album et compte bien faire parler d'elle. Elle fait de la scène le centre de sa vie Comme punition pour avoir séché les cours, sa mère l'avait emmenée, un jour, à un spectacle de hip-hop. Elle croyait l'effrayer en lui montrant ce qui l'attendrait si elle boudait encore l'école. Le résultat fut l'inverse : Dajla a vite été attirée par la scène... D'abord, chanteuse hip-hop ! Sollicitée, en 2004, pour un rôle dans la mise en scène d'une jeune étudiante de théâtre dans le cadre d'un projet de fin d'étude, elle a pu découvrir, ainsi, l'amour de la scène théâtrale. Mokhtar Ladjimi l'a choisie pour un rôle dans son long métrage, «Noce d'été» 2006. ce fut ses débuts devant la caméra, campant une sœur cadette qui observe avec lucidité le mariage conformiste de sa sœur aînée. S'en est suivie une intéressante expérience à la télévision. Entre-temps, elle n'oublie pas son premier amour, la musique. Elle enregistre des morceaux de différents styles musicaux entre RNB, soul music, hip-hop et Rap. «Quand une fille rappe, c'est pas très bien digéré. Il faut savoir forcer le respect dans un milieu qui peut être vulgaire et obscène. Les garçons sont choqués la première fois, mais ils finissent par s'habituer. C'est à force d'acharnement et de créativité qu'on réussit à s'imposer. Dans tous les cas, je poursuis le chemin que je me suis tracé. Ce qui m'importe, c'est d'exprimer par des mots la souffrance qu'inflige la société par son attitude méprisante», confie-t-elle. Et ses textes, qu'ils soient de sa signature ou de celles de ses amis, rejoignent, d'une manière ou d'une autre, cette idée. Son tout premier album solo intitulé «Part of a Life», sorti le 1er novembre 2014, vient confirmer sa volonté de s'imposer dans la jeune scène musicale. «Il y a de la soul en tunisie, du Rap Hardcore, du Slam et du Hip-hop américain», note Dajla. Le tout servi par des textes en arabe, en français et en anglais. Un album à découvrir et une artiste à suivre de plus près.