Des parties islamistes sur le banc des accusés et le comité de défense décide de porter plainte contre les fossoyeurs de la vérité « Qui a tué Chokri Belaïd ? ». Cette question-intrigue, classée top secret, semble ne jamais trouver de réponse. Du moins jusqu'à maintenant, depuis son assassinat en février 2013, dont les suites n'ont pas fini de susciter la polémique. Et la récente diffusion d'un documentaire «Boîte noire » sur la chaîne Al Jazeera, enquêtant sur l'affaire de ce martyr, militant de gauche, n'a pas manqué de faire encore du bruit. Du cousu main, entouré d'un grand flou, son contenu, tel que filmé, est jugé comme la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. En réaction immédiate à ce documentaire qualifié d'une nouvelle campagne calomnieuse visant à détourner la vérité sur ce dossier, la veuve du défunt, Basma Khalfaoui, au nom de la Fondation Belaïd pour la lutte contre la violence, a donné, hier matin à Tunis, une conférence de presse sur les rebondissements de l'affaire. Quoi de neuf, alors ? Tout d'abord, le documentaire précité dont les visées, selon elle, ne sont plus à démontrer, a généré du sens et du contresens. Et depuis, les communiqués de soutien fusent de toutes parts, de la société civile nationale et internationale. Un trompe-l'œil Tout ce tapage médiatique orchestré par une chaîne « terroriste et mercenaire », tance Basma Khalfaoui, n'a été, en fait, qu'« une vaine tentative de vouloir porter atteinte à l'honneur du martyr et à la vie privée de sa famille ». Bref, un trompe-œil cousu de fil blanc, sur fond d'allégations mensongères, comme l'a souligné Me Ali Kalthoum, membre du comité de défense du martyr Chokri Belaïd. Fortement choqué par cette diffusion, « payée d'avance », dit-il, il s'est acharné contre les auteurs fossoyeurs de la vérité. De son avis, ces derniers sont accusés de blanchiment de l'islam politique, du fait qu'ils ont intérêt à orienter cette affaire vers un autre terrain, à savoir d'un simple crime passionnel dû à des liaisons douteuses et à des conflits familiaux restreints. Et Me Kalthoum d'arguer, sans manquer de pointer du doigt, publiquement, le mouvement Ennahdha, précisément son secrétaire général Ali Laârayedh, alors ministre de l'Intérieur, au moment de l'assassinat. Bien que d'autres parties soient aussi mises sur le banc des accusés. Et pour cause, l'orateur a indiqué avoir décidé de porter plainte auprès du ministère public à l'encontre de la chaîne qatarie, le dénommé Maher Zid, le journaliste d'investigation auteur de la « Boîte noire » et tous les témoins interrogés présumés complices. De son côté, la sœur du martyr, Najet Belaïd, a enfoncé le clou. Elle vient, sans retenue, d'ajouter à la liste d'autres inculpés islamistes, à savoir Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, et l'ex-ministre de la Justice, Noureddine El Bhiri. Par-delà ce documentaire bien ficelé, le coup semble, d'après elle, très dur pour être supporté par toute la famille. Mais non contraignant, au point de la laisser courber l'échine. Cette femme, souffrant dans sa chair, a juré de n'y jamais renoncer, vaille que vaille, défendant l'image de sa belle-sœur, Basma Belaïd, victime d'une campagne de dénigrement et de harcèlement. Quoiqu'elle se sente lésée, profondément touchée dans sa dignité, Basma Khalfaoui semble avoir le moral. A preuve, tout récemment, elle vient d'effectuer une tournée à l'étranger (Varsovie et Florence), menant une vaste campagne pour faire reconnaître sa cause et sa bataille. L'internationalisation de l'affaire, en quelque sorte, a trouvé, selon elle, un écho positif qui s'est traduit par un large soutien émanant de l'Union internationale des avocats et celle des avocats arabes. Et de révéler que derrière ce documentaire, il y a autant de compères dans des campagnes électoralistes fomentées pour le compte du CPR et d'Ennahdha. Pour conclure, elle a annoncé qu'en hommage posthume à son époux, l'Algérie et l'Italie ont décidé de donner le nom du martyr respectivement à une école et à une avenue. « De telles initiatives d'appui ne peuvent que nous donner plus de détermination à aller jusqu'au bout, sans lâcher prise», lance-t-elle.