Le romancier, essayiste et universitaire tunisien Abdelwaheb Meddeb est décédé, hier jeudi 6 novembre, à Paris, des suites d'une longue maladie. C'est la chaîne radiophonique France Culture, où il animait une émission intitulée «Culture d'Islam», qui a été la première informée de sa mort. Il contribuera pendant plus de 13 ans (de 1974 à 1987), en tant que directeur éditorial des Editions Sindbad, à faire connaître en France les grands classiques du soufisme (Ibn'Arabi, Hallâj, Rûmî, etc.). En 1983, il traduit en français le roman Saison de la migration vers le Nord, du Soudanais Tayeb Salih. L'œuvre de Meddeb a été maintes fois couronnée en France. Il obtient ainsi le Prix François-Mauriac pour La Maladie de l'Islam, en 2002, ainsi que le Prix Max-Jacob, la même année, pour son recueil de poésie Matière des oiseaux, avant de décrocher, cinq ans plus tard, le Prix Benjamin-Fondane pour Contre-prêches, en 2007. De 1987 à 1995, il enseigne aux universités de Genève, Yale, Florence et Paris-Descartes en tant que spécialiste de littérature comparée (Europe et monde islamique), de littérature arabe francophone et d'histoire du soufisme. Selon lui, «le soufisme est ouvert sur l'autre. Il admet la diversité humaine. Sa conception du religieux est subjective, elle est donc l'alliée de la liberté. Le soufi pense que tous les chemins mènent à Dieu. Il est l'ennemi de la pensée unique et ne croit pas que lui seul accède à la vérité. C'est l'antidote contre le fanatisme et l'exclusivisme», (extrait d'une interview accordée au journal français Le Point). Abdelwaheb Meddeb est né en 1946 à Tunis dans une famille conservatrice et pieuse. Son œuvre transfrontalière s'attache à honorer ce qu'il appelle sa « double généalogie », européenne et islamique, française et arabe. Quels qu'en soient le support et les enjeux, son œuvre, traduite dans une vingtaine de langues, reste ouverte sur l'horizon cosmopolitique d'une «weltliteratur» toujours à venir, qu'il enrichit par le désenclavement des références arabes et islamiques (d'après Wikepedia).