Peut-on éradiquer le fléau du régionalisme ? Dans nos stades, le protocole d'avant-match voit fleurir des banderoles appelant à l'unité nationale. On peut y lire: «Tous Tunisiens, tous frères. Non au régionalisme, non à l'atteinte à l'unité nationale». Y a-t-il plus sincère aveu, plus louable injonction, plus noble consigne ? L'initiative de la fédération est louable, mais elle reste au stade des vœux pieux et des simples déclarations d'intention. Banderoles et contre-banderoles: il est permis de se demander si cette guerre des banderoles suffira, si la visite de courtoisie rendue par les dirigeants du club recevant à l'équipe visiteuse à son lieu de séjour la veille d'une rencontre suffira aussi. Si le fameux Pacte de non-agression que vont rédiger les clubs aidera concrètement à éradiquer aux racines ce fléau dont la totalité des clubs s'accordent à dire qu'il nous est «étranger», qu'il ne doit pas ressembler à une fatalité. Les clubs qui ont accepté l'invitation de la FTF, vendredi dernier, (six en tout) et convenu de ces initiatives ont insisté sur le fait que les manifestations de régionalisme ne sont pas leur fait. Qu'on ne sait pas comment des supporters ont pu introduire les banderoles de la honte. On peut néanmoins se demander ce qu'ils font réellement pour endiguer un tel virus. Education et pénalisation En Europe, contre le racisme ou le régionalisme, on recourt aux gros moyens, soit la pénalisation pure et simple de tels actes considérés comme des délits. La législation tunisienne n'est pas moins sévère à l'endroit de tels délits, mais il faut avoir le courage de sévir. Il faut, au préalable, une action d'éducation en profondeur incluant les comités des supporters dont on ne sait pas s'ils font encore quelque chose, s'ils servent toujours. Depuis la Révolution, ils sont inscrits aux abonnés absents. Le délicat climat sécuritaire les réduit à la portion incongrue. Appelée de tous leurs vœux par les clubs afin d'identifier les fauteurs de troubles et les poursuivre devant la justice, la ferme intervention des agents de l'ordre dans les stades suppose également des moyens qui font toujours cruellement défaut au sport tunisien, soit, avant tout, des caméras de surveillance dans les stades. En plus de la fameuse carte d'identité sportive du spectateur qui permettra de «ficher» les supporters les plus turbulents et dangereux. Il faut, en tout cas, espérer qu'on pourra investir dans un avenir très proche les meilleurs moyens pour arrêter ce fléau. Un remède de cheval contre la violence et le régionalisme qui ne font finalement qu'un.