Les souvenirs pèsent de tout leur poids dans Hafl el achbah (Le bal des fantômes), le récent recueil de nouvelles édité à compte d'auteur par Amel Mokhtar, journaliste passionnée de littérature et écrivaine. Dans les 15 nouvelles que contient le recueil, l'homme ou plutôt le mâle est au centre des récits. L'homme vu par des femmes souvent possessives et autoritaires. Ecrites à des périodes différentes, ces nouvelles mettent l'accent sur le mâle en tant que sexe à conquérir. Les femmes représentées dans ces textes sont soit des mères, soit des amantes qui se disputent le cœur d'un homme souvent dépourvu de personnalité, sans résistance, sans attrait. C'est plutôt la figure de la femme qui prend toute son ampleur. Belle et rebelle, forte et fragile, conquérante et farouche. Après quatre romans et deux recueils de nouvelles, l'auteure déploie dans ce nouveau recueil de nouvelles histoires, un monde intérieur, celui de la maison à l'abri de la hargne de la rue. Ses personnages lui ressemblent. Des femmes belles, coquettes, séduisantes et libres qui croisent des hommes souvent mal en point, laids et vulgaires. Avec un sens du détail et de la précision, Amel Mokhtar montre le fossé d'incompréhension, source de malentendus entre l'homme et la femme. C'est cette incompréhension qui est au cœur de ce recueil de nouvelles à connotation autobiographique. Elle part d'histoires vécues de la mère qui pleure la mort de son fils dans un accident, à la mère poule qui a de la peine à se séparer de son fils, en passant par la femme de 40 ans et sans oublier le cocon familial bien douillet souvenir d'une enfance insouciante. Avec pudeur et sensibilité, l'auteure retrace le destin de ces femmes attachées à des images du passé et signe un livre personnel et touchant qui se lit avec beaucoup de plaisir.