Un site web sur la cartographie citoyenne est déjà opérationnel. La Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (Ftcr) a présenté, avant-hier, lors d'une conférence tenue au siège du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), son projet sur la cartographie citoyenne. Un projet, mené en collaboration avec deux autres organisations non gouvernementales, à savoir l'association El Ghorba et Altercarto de France, avec la participation du Ftdes, de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (Ltdh) et l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt). Ce projet incite les institutions publiques à pratiquer une politique d'ouverture en matière de données statistiques. Cette mesure ne serait que bénéfique puisqu'elle aiderait le tissu associatif tunisien à orienter ses actions futures vers des domaines multi-caractériels de priorité locale. De même qu'elle servirait de base solide pour l'élaboration de programmes et de stratégies dans le cadre d'une logique nouvelle, fondée sur la complémentarité entre la société civile locale et les institutions locales. M. Tarak Ben Hiba, président de la Ftcr, présente le projet comme étant l'un des trois grands projets sur lesquels se penche la Ftcr dans une Tunisie post-révolutionnaire. La Ftcr accorde une importance majeure à la lutte contre la discrimination et le racisme dont souffrent les immigrés africains en Tunisie. «Nous avons décidé de militer afin que ces émigrés puissent trouver le climat social favorable à leur intégration. Ce qui a été notre cas dans les pays de la migration », souligne M. Hiba. La Fédération s'applique aussi à la création d'un réseau associatif pour le développement solidaire. Un réseau associatif national et local Le projet de la cartographie citoyenne, quant à lui, vise à outiller la société civile en informations statistiques publiques, indispensables aux interventions pertinentes et au renforcement de l'apport associatif dans le processus d'un développement équitable. Ce projet implique la société civile locale qui formera, ainsi, un réseau associatif performant, à l'échelle aussi bien locale que nationale. Chaque région sera représentée par quatre ou cinq ONG œuvrant pour l'essor développemental. Les 25 gouvernorats ( 24 gouvernorats géographiques et le gouvernorat qui représentera les Tunisiens à l'étranger ) seront-ils membres du réseau. Prenant la parole., M. Hervé Paris, président de Altercarto de France, indique que la cartographie des données statistiques publiques s'inscrit dans la politique de bonne data. En 2010, Altercartto a entamé cette expérience par l'instauration de mutuelles de données publiques. Aujourd'hui, les données publiques publiées portent leurs fruits. « Il s'agit d'interpeller les données publiques et d'y contribuer. Actuellement, la Tunisie dispose d'un site web sur la cartographie citoyenne, rendu possible grâce aux données fournies par l'Institut national de la statistique ( INS ) », souligne l'orateur. Défaillances à combler La cartographie statistique constitue une application web open source. Elle obéit à un découpage géographique et thématique à travers duquel il est possible aux utilisateurs d'accéder aux données actualisées, relatives à un domaine donné. Ces données actualisées et détaillées informent sur l'évolution positive ou négative du thème en question. « L'information statistique fait souvent défaut dans les sites web institutionnels. Parfois, nous n'avons droit qu'à des fichiers en PDf qu'il est impossible d'exploiter, d'imprimer ou d'enregistrer sur le PC, ce qui est fort handicapant. Sans compter les thèmes qui ne sont présentés par aucune donnée statistique », fait remarquer M. Paris. Et d'ajouter que les négociations sont en cours avec les institutions afin de les inciter à rendre public l'accès à l'information statistique et de contribuer ainsi à ce qu'il appelle la démocratisation de l'accès à l'information. Le projet promet de résoudre, à long terme, les problèmes pluridimensionnels dont souffrent les régions, notamment la disparité et l'inégalité en matière de développement. D'autant plus qu'il permettrait la création d'un esprit nouveau, d'un relationnel fondé sur la complicité et la complémentarité entre les institutions locales et la société civile. Diffusées, les données statistiques publiques seront plus utiles que de rester dans les tiroirs cadenassés des institutions. La cartographie statistique sera une application web open source dans la mesure où les futurs membres du réseau auront la possibilité d'enrichir ces données en y intégrant des données fiables sur leurs localités respectives.