Dans le cadre de la célébration du 25e anniversaire de la chute des dictatures en Europe de l'Est, l‘Ambassade de Pologne en Tunise, en coopération avec celle de Roumanie, a projeté jeudi dernier le film polonais «Walesa - L'homme du peuple» d'Andrzej Wajda à la salle de cinéma Alhambra à La Marsa. En prélude à la projection du film, lecture a été donnée de la lettre qu'a adressée le cinéaste polonais emblématique au public tunisien «Je suis heureux que le public tunisien regarde mon film «Walesa -L'homme du peuple» dans un moment historique, si important pour la Tunisie. Vous êtes devant un choix similaire à celui de la Pologne, il y a 25 ans. Un chemin difficile vers la démocratie est devant vous. Je vous souhaite tant la réussite et la persévérance sur ce chemin.», écrit-il dans sa lettre. Après L'Homme de marbre, en 1977, et L'Homme de fer, quatre ans plus tard ( Palme d'or à Cannes), deux films mythiques sur la classe ouvrière polonaise, le grand cinéaste polonais Andrzej Wajda, 88 ans, conclut avec L'Homme du peuple (dont le titre en polonais est L'Homme de l'espoir), un biopic sur Lech Walesa justement campé par Robert Wieckiewicz. En effet, le film retrace des événements historiques vécus par le peuple polonais durant la décennie 1970-80. Le film s'ouvre sur un entretien journalistique accordé par Walesa pendant les grèves de 1980 à une journaliste italienne au cours duquel Walesa joue souvent les fanfarons tout en restant la plupart du temps sincère. Au fil de l'entretien et après chaque question-réponse, le réalisateur plonge le spectateur dans l'ascension de Walesa en tant que dirigeant syndical populaire, lui qui fut électricien aux chantiers navals de Gdansk, avant de fonder «Solidarność», le premier syndicat libre à l'Est, puis primé (prix Nobel de la paix en 1983) et, enfin, élu premier président démocrate polonais entre 1990 et 1995. Dans L'Homme du peuple, Wajda puise dans la fiction, les archives, le noir et blanc, la couleur, le sépia, les formats,... Une profusion qui fait souvent allusion de la complexité des faits et du personnage. Lech Walesa, dans ce film est, contre toute attente, ni le personnage épique qui emporterait la fiction vers un monde plus original que celui d'un récit historique ou biographique, ni l'anonyme effleurant peu à peu les cimes de la lutte et de la reconnaissance en Pologne. Il est représenté comme étant le modèle d'un homme ordinaire : père aimant (et aidant à la maison), époux attentionné, syndicaliste mesuré et plus pragmatique que les intellectuels en grève de la faim. Il est celui par qui la liberté arrive, celui qui ne souffrira aucune nuance mais surtout aucun mystère. Cependant, on est impressionné par la force de son courage, sa perspicacité et sa vision pacifique dans ses affrontements avec les forces de l'ordre, l'autorité polonaise et le régime Soviétique. Et comme indique Andrzej Wajda dans sa lettre: «Lech est considéré comme un héros exceptionnel. Il a fait la grève au chantier naval de Gdansk en décembre 1970 quand les autorités communistes ont donné l'ordre de tirer sur les grévistes. Probablement, ce vécu lui a fait comprendre que la lutte armée n'est pas une solution pour retrouver la liberté et la démocratie. J'ai essayé de souligner ce propos dans le film.» Une fresque classique, mais efficace, portée par une minutieuse reconstitution et surtout par une belle interprétation.