Plus d'une heure trente minutes devant une énigme à résoudre et face à une histoire à reconstruire. En présence du réalisateur et des acteurs, les cinéphiles et habitués des JCC, très nombreux, ont assisté, pendant la soirée du dimanche, à la projection du film égyptien Décor. Le film devait commencer à 17h30. A 18h15, il fallait encore faire la queue pour pouvoir avoir un ticket et trouver une place au Théâtre municipal. Ce film, qui figure dans la compétition officielle des longs-métrages, est réalisé par Ahmad Abdallah, dans lequel il rend hommage au cinéma égyptien classique, des temps de Faten Hamama. Les rôles sont campés par le trio Khaled Abou Nagua, Horeya Farghaly et Maged El Kedwany. Tourné en noir et blanc, Décor est, en effet, un drame psychologique qui traite les troubles du personnage principal. Tous les évènements tournent, d'ailleurs, autour de la vie de Maha, une jeune fille cairote, pleine de vie et d'espoir. Elle travaille comme décoratrice avec Chérif, un rôle campé par l'excellent Khaled Abou Nagua. Cette femme éprouve des difficultés, à savoir ce qu'elle veut de la vie et quel chemin prendre. Déchirée et tiraillée entre deux mondes différents, celui qu'elle désire et celui dans lequel elle vit, le spectateur n'arrive pas à distinguer l'imaginaire du réel. Le film nous entraîne dans deux histoires opposées et traite, en filigrane, la question de la femme et ses désirs refoulés dans la société fermée. Maha cherche d'ailleurs à se libérer sans pour autant pouvoir le faire, prisonnière du passé, elle regarde en boucle sur VHS les films de Faten Hamama, elle s'imagine dans une autre vie. L'excellente actrice est ballottée entre ses deux vies : une vie imaginaire avec Chérif et sa vraie vie de femme mariée avec Mostapha (Maged El Kedwany). Le film de Ahmad Abdallah mêle les histoires, les emboîte les unes dans les autres, saute d'une scène à l'autre et obéit à la règle de la mise en abyme. La réalité devient dès lors floue et la seule personne qui tient cette réalité, c'est le psychiatre de Maha. Il la pousse et l'aide à prendre la bonne décision, à choisir et à se libérer de sa prison. D'emblée, le réalisateur du film Ahmed Abdallah joue avec sa caméra et entraîne le spectateur dans son jeu. Le rythme du film s'accélère, ralentit et s'arrête sur les détails ; des traits de visages très expressifs, les ruelles du Caire, une musique très symbolique et un recours très abondant aux films de Faten Hamama, le tout dans un texte chargé de résonance et de messages. On était scotché pendant plus d'une heure trente devant une énigme à résoudre et face à une histoire à reconstruire.