Entouré des principaux collaborateurs et experts ayant conçu son programme électoral, ainsi que des principaux partis et personnalités nationales qui soutiennent sa candidature, Béji Caïd Essebsi a présenté hier, aux médias, sa vision ainsi que les valeurs qu'il instaurera pour la deuxième République, si jamais il est élu par les Tunisiens. Beji Caïd Essebsi a souligné qu'il s'agit là du programme de Nida Tounès. Un programme sur lequel quelques modifications seront introduites, étant donné qu'aujourd'hui, plus d'une douzaine de partis politiques et de personnalités nationales soutiennent sa candidature. «Aujourd'hui, je ne suis plus le candidat de Nida Tounès. Je suis le candidat de tous ceux qui m'ont apporté leur soutien et que je considère comme des partenaires indispensables dans la construction de la deuxième République. Partant, le programme sera revu en coordination avec l'ensemble des partis, sachant qu'en ce qui concerne les grandes lignes et les grands principes, ils bénéficient d'une grande adhésion», a déclaré Béji Caïd Essebsi, lors d'une conférence de presse, pour annoncer son programme pour la Tunisie. Le programme électoral de BCE s'articule autour de trois axes principaux, s'inscrivant directement dans les attributions constitutionnelles du président de la République. Il s'agit du rôle du chef de l'Etat dans le domaine de la défense et de la sécurité, celui des affaires étrangères et, enfin, de la diplomatie économique et du développement. Et pour mieux présenter les grandes lignes du programme, chaque axe a été présenté séparément par un spécialiste. Aussi, Mohsen Marzouk, directeur de campagne de Béji Caïd Essebsi, s'est-il chargé de donner des éclairages sur le rôle du président dans les affaires étrangères ; le lieutenant-colonel Mohamed Ali Bekri s'est chargé du volet sécuritaire et de défense, et Mahmoud Ben Romdhane du volet économique et de développement. Ensuite, ce fut au tour du candidat de présenter sa vision pour la Tunisie, au cours des cinq prochaines années. Garantie des libertés et droits des minorités Le candidat à la présidentielle a précisé que l'institution de la présidence de la République est appelée à donner l'exemple à l'ensemble des Tunisiens. Partant, le candidat s'engage à être le président de tous les Tunisiens, sans exclusion aucune, garant des libertés, défenseur de la Constitution et veillant à l'installation et la pérennisation des institutions démocratiques. Béji Caïd Essebsi s'engage, par ailleurs, à être garant des droits des minorités et des citoyens à besoins spécifiques. Sans oublier de s'engager à garantir la transparence financière de l'institution de la République et de veiller à ce que les ressources financières de l'Etat soient dépensées dans l'intérêt des citoyens et de la société. BCE a, également, promis de respecter les engagements de l'Etat pris par les gouvernements successifs, parce que, souligne BCE, « nous respectons d'abord la notion de l'Etat et ensuite, nous sommes animés par le souci de respecter la continuité de celui-ci. Car, il y va de l'image du pays. Autre souci de BCE, redonner à la Tunisie son rayonnement à l'échelle internationale. «Nous voulons, certes, réussir notre modèle du « printemps arabe», néanmoins, nous ne sommes pas dans l'obligation d'exporter ce modèle. Car cela relève de l'ingérence dans les affaires des autres pays. Nous sommes d'abord appelés à réussir notre modèle. Dans ce contexte, nous sommes sur la bonne voie et la réussite sera le fruit de tous les partis politiques, société civile et gouvernement». S'inscrivant dans le même ordre d'idées, le candidat à la présidentielle a rappelé que pour faire sortir la Tunisie de son marasme économique, il faut l'adhésion de tous, d'où le recours à la consultation autour de son programme avec l'ensemble des partis politiques qui soutiennent sa candidature. « En tant que président de la République, j'aurai deux impératifs », a-t-il déclaré. «D'abord, je ne suis pas disposé, en aucun cas, à dépasser les attributions que m'accorde la Constitution. Par contre, je suis disposé à travailler en parfaite collaboration et harmonie avec le gouvernement, dans le souci de garantir le bon fonctionnement des institutions de la République». La lumière sur les assassinats politiques Béji Caïd Essebsi a aussi évoqué la priorité de la sécurité et l'importance d'une stratégie de lutte contre le terrorisme. Dans ce contexte, une série de mesures urgentes ont été annoncées dans son programme. Autre point du programme électoral du candidat : la bourse accordée aux étudiants qui sera doublée pour atteindre 120 dinars et un engagement à réviser les dispositions du code pénal en matière de consommation des stupéfiants (Zatla). BCE n'a pas manqué d'adresser, à l'occasion de la présentation de son programme, un message politique fort au Front populaire, indiquant qu'il s'engage fermement à faire la lumière sur les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, rappelant au passage que les deux martyrs ne sont pas seulement les martyrs du Front populaire, mais de toute la Tunisie. BCE a conclu son intervention en rappelant que la Tunisie a besoin de tous pour pouvoir se reconstruire, pour rayonner de nouveau dans la sphère internationale et pour préparer ses enfants à reprendre le flambeau, afin de continuer la marche vers le progrès. Les axes du programme électoral en bref Rôle du président dans la 2e République - Le président de la République est le chef de l'Etat et le symbole de son unité. Il garantit son indépendance, sa continuité ainsi que l'unité nationale et veille au respect de la Constitution. - Installation d'institutions démocratiques - Définition des politiques générales dans les domaines de la défense, des relations internationales et de la sécurité nationale. L'institution de la République doit donner l'exemple - Coordonner avec le gouvernement pour promouvoir le développement économique et social. Développement économique et social - Collaborer avec le gouvernement pour promouvoir le développement économique et social, créer des emplois et garantir le développement régional - Proposer des projets de lois en matière de réformes économiques et sociales - Inciter le gouvernement à prendre des mesures urgentes - La présidence de la République au cœur du processus de développement économique et social. Mesures urgentes proposées dans le programme - Démarrer immédiatement un programme de développement des régions frontalières (un programme à double objectif : sécuritaire et économique) - Démarrer immédiatement un programme de réhabilitation des quartiers populaires afin d'améliorer les conditions de vie de leurs habitants. - Lutter contre la pollution environnementale et accorder aux délégations spéciales les moyens nécessaires - Doubler la bourse des étudiants de 60 à 120 dinars - Supprimer la taxe de 30 dinars, prévue au départ de la Tunisie, pour les pays maghrébins - Réviser les dispositions du Code pénal relatives à la consommation de drogue (zatla), en vue d'une meilleure intégration des victimes de ce fléau dans la société, et d'alléger les peines d'emprisonnement - Recommandations en vue de donner aux femmes et aux jeunes de moins de 40 ans une meilleure représentativité (25%) dans le prochain gouvernement. - Elaboration d'un projet de loi accordant le droit à chacun des deux époux, dans la même famille, de bénéficier de la FCR, renouvelable tous les 10 ans. Sécurité et défense - Répondre aux besoins urgents des forces armées et des forces sécuritaires en leur accordant la priorité en matière de lutte contre le terrorisme. - Garantir l'encadrement nécessaire aux forces armées et sécuritaires en cas d'accident pendant l'exercice de leur fonction et apporter le soutien nécessaire à leurs familles. - Développer le système national de renseignement et de lutte contre le terrorisme pour une meilleure efficacité - Développer le système de réserve afin de faciliter la mobilisation, en cas de besoin et surtout de manière rapide. - Consolider les unités de police et de la Garde nationale spécialisées dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, et les affecter, géographiquement, selon les zones les plus exposées à ce danger. - Développer les programmes de fabrication des équipements militaires légers, en partenariat avec le secteur industriel, les pôles de recherche scientifiques et technologiques. Affaires étrangères - Redorer le blason de la diplomatie tunisienne et lui rendre son rayonnement - Eviter les tiraillements politiques et les intérêts personnels, en matière de diplomatie - Moderniser l'action diplomatique et réformer l'appareil diplomatique via une restructuration centrale, au niveau du ministère des Affaires étrangères et au niveau des ambassades et des consulats de Tunisie à l'étranger. - Garantir la coopération interrégionale, régionale et internationale en matière de lutte contre le terrorisme - Maintenir la défense de toutes les causes justes, et en premier lieu la cause palestinienne. Diplomatie économique - Une diplomatie essentiellement économique tournée vers la conquête de nouveaux marchés et l'attraction d'investissements directs etrangers (IDE) - Consolider le partenariat entre les opérateurs économiques tunisiens et étrangers - Développer les Guichets uniques à l'investissement dans les principales capitales étrangères - Œuvrer pour l'obtention du statut de partenaire avancé de l'Union européenne - La diplomatie économique serait centrée sur l'Union Européenne (partenaire traditionnel), l'Afrique, le Maghreb, l'Asie, la Russie et les Etats-Unis, avec lesquels nous avons une coopération développée, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé.