C'est la dernière ligne droite. C'est, en d'autres mots, LA semaine ! Plus que cinq jours avant la fin de la campagne électorale pour le second tour de la présidentielle et la Tunisie franchira le Rubicon avec à sa tête un nouveau président de la République. Et les deux adversaires dans cette chevauchée à la magistrature suprême sont loin d'être en bisbille. Un duel des plus hardis que l'on dirait tout du moins ! Engagé dans une véritable foire d'empoigne en matière d'électeur, Béji Caïd Essebsi, candidat finaliste du parti Nidaa Tounes a réuni, lundi 15 décembre 2014, un parterre de journalistes et de politiques de haute facture, face auxquels il a présenté son programme électoral. Aussi, nombre de personnalités politiques et du monde artistique étaient-elles de la partie, venues exprimer leur soutien à Béji Caïd Essebsi. Mohsen Marzouk, directeur de la campagne électorale de Béji Caïd Essebsi a expliqué que d'usage, il est saisi que les prérogatives du président de la République sont affranchies de lisières. Or, ces prérogatives telles que fixées par la nouvelle Constitution, demeurent, tributaires d'une lecture quasi-subjective. Mais encore d'un semblant d'appréciation à titre individuel. Cela est à même de démontrer qu'il n'est pas avéré que le président de la République ne jouit guère d'une marge de manœuvre, de garde qui n'est pas, afin de garantir la réalisation des dispositions tenues en promesse. Entouré par son comité de soutien national, nous citons : Slim Riahi, Kamel Morjane, Touhami Abdouli et Yassine Brahim, le président de Nidaa Tounes persiste et signe : il est le candidat de différents bords et non uniquement du sien. Son programme divisé en trois volets substantiels : socio-économique, diplomatie et sécurité nationale, est celui élaboré par le parti au titre des élections législatives assorti d'un certain nombre de modifications. Ces dernières sont, de fait, le fruit d'une adaptation avec les programmes proposés par les partis afférent au comité de soutien national. La plate-forme décline une batterie de huit mesures dites urgentes : l'élaboration urgente d'un programme de développement spécifique aux régions frontalières, une mesure qui intervient à deux niveaux : économique et sécuritaire ; la lutte contre la pollution et le cumul des déchets en fournissant aux délégations spéciales les moyens financiers et matériels nécessaires ; l'augmentation de la subvention mensuelle des étudiants de 60 à 120 dinars, une subvention qui n'a pas enregistré de hausse proportionnelle depuis sa mise en place et ce, en dépit de l'accroissement des prix ainsi que des besoins des étudiants ; l'annulation de la taxe de 30 dinars imposée aux touristes en provenance des pays du Maghreb ; la révision de la loi portant sur la consommation des stupéfiants dite loi 52 ; la recommandation au prochain gouvernement de respecter la représentativité des femmes et des jeunes dans sa formation à hauteur de 25% ; un projet de loi attribuant aux Tunisiens résidents à l'étranger le droit à bénéficier aux deux conjoints du régime FCR qui sera renouvelable tous les dix ans. S'agissant des affaires étrangères, Béji Caïd Essebsi a rappelé qu'au cours des trois dernières années, la diplomatie tunisienne a eu un rendement quasi stérile, au mieux. Le président de Nidaa Tounes envisage, à cet effet, de redorer l'image de la Tunisie à l'extérieur à travers une panoplie de dispositions à l'instar de la modernisation de la diplomatie et de ses structures par le biais d'une restructuration au niveau du ministère des Affaires étrangers ainsi que de la coopération internationale et régionale concentrée sur la question du terrorisme. Dans le registre de la diplomatie économique, Béji Caïd Essebsi explique que celle-ci doit être orientée vers la conquête de nouveaux marchés et attirer l'investissement étranger. Une des mesures phares que propose dans ce volet, le président de Nidaa Tounes, est la mise en place et la modernisation de guichets uniques d'investissement dans les capitales mondiales. Aussi, œuvrer pour bénéficier du statut avancé avec l'Union européenne fait-il partie du programme relatif à la diplomatie économique. Le candidat à la magistrature suprême propose que cette dernière soit désormais focalisée sur cinq grands espaces : Maghreb arabe, espace africain, espace européen, continent asiatique et Russie-Chine. Le volet sécurité nationale est l'un des piliers du programme de Béji Caïd Essebsi. Le candidat à la présidentielle propose ainsi de moderniser le système national des renseignements et de la lutte contre le terrorisme en vue de rehausser son efficacité. S'ajoute à cela, l'instauration d'une direction unifiée et fixe des différents corps de l'Armée nationale dans le but d'améliorer le rendement opérationnel et la meilleure exploitation des ressources humaines et financières. La composante sociale revêt une importance cruciale à ce titre. En effet, une couverture sociale spécifique consacrée aux agents des institutions militaire et sécuritaire s'impose pour l'amélioration des conditions de travail et de vie des fonctionnaires de la sécurité nationale, propose Béji Caïd Essebsi. Par ailleurs, concluant son discours, le président du parti Nidaa Tounes a assuré que l'ensemble des engagements entrepris par les anciens gouvernements seront honorés dans leur intégralité par le prochain. Car dit-il « un Etat qui se respecte se doit de poursuivre tous ses engagements même si ceux-là s'avèrent être en discordance avec les besoins actuels ou encore futurs du pays ». « Nous œuvrerons pour la mise en place d'une démocratie adaptée à la Tunisie, consacrer un modèle de réussite en matière de transition démocratique qui pourrait être exporté, à ériger un Etat de droits et de libertés. Nous ferons de la Tunisie un pays émergent et prospère autant sur le plan économique que social. La présidence de la République est l'institution qui doit donner l'exemple et le modèle à l'égard de tous les Tunisiens. En un mot : That's the way it is ! (C'est la voie qu'il faut)» dixit Béji Caïd Essebsi.