Maître Ladab Med Laïd * Voilà presque quarante jours, jour pour jour, que vous êtes parti, laissant derrière vous un vide insoutenable, difficile à combler. Dommage que je n'aie pas eu l'occasion de vous rencontrer ni de vous serrer la main. Mais à vous lire et relire, notamment votre ouvrage sur «La maladie de l'Islam» (Editions seuil, février 2002), je me suis lié d'amitié avec vous. Les élans humanistes qui se dégagent de vos écrits, votre amour de l'Homme, de tout ce qui est humain ont fait de vous un pont incontournable entre les différentes civilisations européenne, musulmane, juive et autres. Votre voix, à France 24, le jour de votre décès, m'habite encore. Musulman, ouvert à tous les courants de la pensée humaine, vous avez lutté durant toute votre vie pour la réinstauration d'un Islam tolérant, ouvert à toutes les autres civilisations, loin de tout intégrisme et tout abus quel qu'il soit. Votre idée fondamentale, c'est que l'Islam en tant que religion est une religion tolérante, où l'amour de l'autre est son leitmotiv et le pardon son essence. Vous avez dénigré et combattu tous les excès et les crimes odieux qui se commettaient et se commettent hélas encore au nom de l'Islam. Le prophète Mohamed était, selon vous, un des grands guides de l'humanité. En cette heure difficile par laquelle passe la communauté musulmane, avec l'émergence de la Qaïda, avec la daechisation de l'Orient et avec ses sombres crimes commis au nom de l'Islam votre absence pèse lourd. Poète de l'amour, de l'amitié et de la tolérance vous l'étiez. Vous étiez comme Camus, vous avez refusé toute justification de la violence quelle qu'elle soit. Le 26 novembre 2014, l'Institut français du monde arabe, à sa tête M. Jack Lang, a organisé une conférence sur vos écrits, vos pensées. En Tunisie, votre pays natal, l'attentisme, comme toujours, est de règle. A ce propos, je m'adresse à vos amis, vos admirateurs et vos admiratrices pour penser à la création d'une fondation qui portera votre nom. Fondation Abdelwahab Meddeb, cette fondation aura pour rôle essentiel de répandre ses écrits, ses poèmes et ses pensées partout dans le monde et d'encourager tous les penseurs et écrivains férus de liberté et qui, par leurs écrits, appellent à la tolérance entre les religions et à l'amour entre les peuples. * (Avocat)