Par-delà un bilan sportif guère catastrophique, le coach stadiste tire la sonnette d'alarme «Si la grande famille du ST n'arrête pas l'hémorragie, le club va à sa perte, prévient Lassaâd Dridi. Plus que jamais, celui-ci a grand besoin d'union sacrée et de continuité. Au mois de juin prochain, pas moins de huit joueurs seront en fin de contrat, personne ne pourra les retenir. De plus, c'est le troisième mois où les joueurs ne sont pas payés, cela fait cinq primes qu'ils n'ont pas reçues. L'argent, c'est le nerf de la guerre, et c'est le problème récurrent de notre club. Le président à lui seul ne peut rien faire. Anouar Haddad se démène comme il peut, mais cela reste insuffisant. Un mot aux supporters : aidez le club concrètement, financièrement, les sentiments, les professions de foi et la parole ne suffisent pas. Tout le staff technique vit la main sur le cœur, nous ne savons pas de quoi sera fait demain. A vrai dire, c'est comme un corps meurtri, les plaies sont béantes, les gens ne veulent pas venir en aide à leurs couleurs favorites. C'est un peu grâce à la providence que le ST poursuit son bonhomme de chemin. Chacun a son propre clan. Pourtant, les gens passent, le Stade reste». C'est quasiment le désenchantement subi, comme si le bonhomme ne croit plus trop au fameux projet qu'il n'a eu de cesse de défendre. Comme si des ressorts avaient cassé malgré tout son courage, sa pugnacité et son obstination : «Rassurez-vous, je ne lâche rien ; au contraire, je tiens bon. Mais chaque jour qui passe ajoute à mes craintes pour l'avenir du club, poursuit-il. Certes, on n'a pas le choix, mais je suis certain que le club ne cédera pas plus d'un ou deux joueurs». «Marzouki intransférable» D'ailleurs, dans l'esprit du coach «rouge et vert», tout est confus au rayon départs et arrivées en ce mercato d'hiver. «Vous testez, vous testez un tas de joueurs : à l'arrivée, il n'y a aucune valeur sûre, les grands joueurs coûtent cher, ils ne viennent pas dans un club en butte à des problèmes financiers. Nous attendons toujours l'arrivée d'un Camerounais et d'un Ivoirien, tous deux des attaquants. Quant à vendre Thierry-Ernest Anang, qui va le remplacer ? Je tourne autour de onze joueurs. D'ailleurs, je ne sais pas qui titulariser demain sur le flanc gauche : Hatem Béjaoui nous a quittés, alors que Ali Abdi n'est pas encore arrivé. On parle aussi de Seïf Jerbi, mais rien n'est fait. Il y a au fond des joueurs dont je ne peux me passer : Karim Aouadhi, le stabilisateur qui doit jouer même lorsqu'il n'est pas au mieux de sa forme, Hachem Abbès à l'axe défensif, Alaâ Marzouki que je considère intransférable. J'attends impatiemment que cette phase trouble du marché d'hiver se termine, elle nous apporte très peu de certitudes. Et un paquet d'emmerdements. Y compris ceux inhérents à l'infrastructure. Sur le tartan, les risques de blessure augmentent. Ben Ali, Béjaoui et Marzouki viennent de l'apprendre à leurs dépens». Forcément, dans ces conditions, parler de turnover relève d'un luxe que ne peut se permettre le ST dans son format actuel, c'est-à-dire celui qui ne peut compter que sur presque les mêmes 11-13 joueurs: «Firas Jaffala a disputé un match puis s'est blessé, ce qui ajoute aux problèmes d'effectif, rappelle le boss stadiste. Il faut reconnaître la réalité du club et ses moyens, cessons de mentir aux gens. Il y a six ans, Ahmed Mghirbi a certes choqué les Stadistes, mais il leur a dit les vérités qui devaient être dites. Soit que le club survit grâce à de petits miracles répétés». Alex et Boudhiafi au repos En tout cas, Dridi table sur un butin de 22 points. «De la sorte, nous pourrions dire que nous avions accompli une bonne phase aller, glisse-t-il. Demain, face à l'Association Sportive de Djerba, il faudra prendre au sérieux un adversaire libéré par sa première victoire de la saison, d'autant qu'il n'y a jamais de match facile», renchérit-il. Alex et Boudhiafi vont bénéficier d'un tour de repos, mercredi, alors que le reste de l'effectif sera reconduit. Formation probable : Amdouni, Ben Ali, Béjaoui (ou Abdi, ou Rouid), Abbès, Dridi, Kouassy, Aouadhi, Jelassi, Landolsi (ou Aloulou), Marzouki, Ben Salem.