Par Tijani MAKNI Le rideau est enfin tombé sur les élections. La dernière étape — et non des moindres — s'est déroulée le 21 décembre (coïncidant avec le solstice d'hiver) pour le second tour de l'élection présidentielle. Elle a consacré définitivement Béji Caïd Essebsi premier président de la IIe République en battant sans ambiguïté et de la manière la plus nette son concurrent CPR Mohamed Moncef Marzouki. Le score éloquent et révélateur dont a bénéficié BCE est significatif. Il est le résultat d'un parcours de 3 ans et demi de cogitation et de labeur malgré son âge avancé — après un passage au Premier ministère en 2011, au cours duquel il a mis de l'ordre dans l'administration tunisienne, rétabli la sécurité et préparé les élections d'octobre 2011 pour l'ANC. Il a fondé Nida Tounès et créé un équilibre dans l'échiquier politique en élargissant progressivement le rayonnement de son parti, devenu aux élections législatives du 26 octobre 2014 à l'avant-garde des partis politiques malgré un chemin parsemé d'entraves et d'obstacles provenant de la Troïka. Et si à présent, Nida Tounès est relativement majoritaire à l'Assemblée des représentants du peuple, il le doit à coup sûr à la persévérance et à la ténacité de ses responsables, mais aussi et avant tout aux qualités du chef dont l'expérience, la maîtrise des événements et le savoir-faire ont assuré le succès de la grande entreprise. C'est dire que BCE osa trop mais l'audace était belle ! Car grâce à lui, le pays sortira peu à peu de la triste situation dans laquelle il se trouve, et avec le programme électoral du nouveau président, retrouvera progressivement sa situation sécuritaire qui conditionne et engendre une amélioration au plan économique, social et culturel. Il va sans dire que le gouvernement, en parfaite symbiose avec Carthage, saura mettre en œuvre les objectifs à atteindre durant les 5 années du mandat présidentiel. Le mérite de BCE est d'avoir cru en sa noble mission et de l'avoir poursuivie sans cesse. Les tiraillements, les propos indignes et les attaques de ses adversaires ne l'ont jamais dissuadé. Bien faire et laisser braire : telle a été sa réaction chaque fois qu'il a été offensé. Le plus important pour lui n'était pas l'ambition personnelle, quoique légitime (il a été de tout temps responsable aux plus hauts postes de l'Etat), mais de sauver le pays du gouffre dans lequel il s'est enfoncé et de redresser une situation devenue précaire et incertaine. C'est donc en vrai patriote et en nationaliste convaincu qu'il a œuvré depuis 2011, inlassablement et au détriment de sa santé, dans un climat sécuritaire parfois problématique. Avec l'élection présidentielle se termine enfin la période de transition qui n'a que trop duré. A présent, place à la IIe République et au travail, chacun dans le cadre de son activité. Cinq ans suffiront pour remonter la pente et procurer à chaque citoyen la joie de vivre dont parlait Bourguiba. Il est rassurant de voir l'ex-président animer d'un fair-play digne d'un grand joueur professionnel et accepter loyalement le jeu démocratique. De son côté, l'opposition devra apporter une contribution constructive aux affaires de l'Etat, sans entraves ni heurts. Ce sont là les conditions nécessaires et suffisantes pour que BCE puisse achever sa mission au profit de la Tunisie qui saura ainsi relever les défis et réussir le pari du redressement.