Le bruit de bottes, en prélude à une intervention militaire, se fait de plus en plus strident en Libye. Quel coût à payer pour la Tunisie ? Est-il vrai qu'une intervention militaire étrangère se prépare en ce moment en Libye ? Oui, à en croire des services de renseignements occidentaux, égyptiens et algériens dont les dernières révélations, fruit d'un travail d'espionnage et d'investigation de longue haleine, n'écartent plus cette hypothèse. Celle-ci est, il est vrai, alimentée par moult données les unes aussi convaincantes que les autres dont : — L'incapacité du régime en place d'asseoir son autorité, sous l'ampleur du chaos qui déchire ce pays. — L'augmentation, sans cesse croissante, du nombre des milices jihadistes qui combattent en Libye. — La circulation décidément incontrôlable auprès des terroristes des armes dont un arsenal sophistiqué et... des avions de combat ! — L'arrivée, de plus en plus massive, de combattants daechistes en provenance de Syrie et d'Irak, via la Turquie. — La vulnérabilité des frontières libyennes avec les pays voisins. — Le général Hafter, en dépit de l'adhésion de la population et du soutien de l'Occident, peine encore à se débarrasser des groupuscules takfiristes qui lui opposent toujours une résistance farouche. Au point de réinvestir la ville stratégique de Benghazi de laquelle ils ont été pourtant délogés. — La ville de Misrata, jusque-là intouchable et épargnée par les combats, a été, à son tour, bombardée, samedi dernier, pour la première fois depuis la chute de Kadhafi. Preuve que les terroristes y ont ouvert un nouveau front. — L'impatience criarde des pays voisins d'en finir avec un conflit fratricide qui menace leur sécurité nationale. — La menace, de plus en plus manifeste, qui pèse sur les intérêts occidentaux en Libye (gisements pétrolifères mis en feu, firmes étrangères en arrêt de production, chancelleries mal gardées...) Bruit de bottes Pour toutes ces raisons dénombrées par lesdits services secrets, l'Occident est désormais poussé vers une intervention militaire en Libye. Une éventualité que trahissent plusieurs indices dont : — La présence de la flotte américaine (U.S. Navy) signalée, ces jours-ci, près des côtes libyennes. — L'acheminement par la France de bombardiers Mirage au Mali et au Niger, c'est-à-dire à deux pas de la Libye. — Les «SOS» non-stop lancés par les autorités libyennes et sollicitant vivement une intervention militaire étrangère. — L'intensification du mouvement des drones américains dans la région. — L'arrivée récente d'une élite des GI's en Libye. — Les renforts considérables (en hommes et en armes) envoyés par la Tunisie, l'Egypte et surtout l'Algérie, afin de mieux protéger leurs frontières avec ce pays. A bien y voir, il s'agit bien là du décor d'une imminente intervention militaire étrangère en Libye. Certes, cette intervention, qui a été déjà évoquée ces derniers mois, achoppe sur le niet de l'Algérie. Mais, selon des services de renseignements occidentaux, elle demeure réalisable. Le cas échéant, et de l'avis d'experts en matière de lutte contre le terrorisme, la Tunisie risquerait d'en payer les frais. Et cela à travers, d'une part, un retour massif de nos dizaines de milliers de travailleurs basés en Libye et, d'autre part, l'incursion en Tunisie d'un nombre indéterminé de jihadistes tunisiens et étrangers contraints de fuir les zones de combat. Un scénario inquiétant, pour ne pas dire apocalyptique, à redouter absolument, en attendant des jours meilleurs.