Subjectivité, intervenants peu représentatifs et appréciation non scientifique, les référendums à la tunisienne sont loin du requis. Le référendum du meilleur sportif organisé par l'agence TAP continue de faire couler beaucoup d'encre. Notre journal, leader des journaux en Tunisie, a été complètement ignoré par les organisateurs de ce référendum, ce qui constitue une énorme bourde et un précédent «dangereux» qui mettent en doute la crédibilité de la procédure. Une autre bourde de commise dans ce même référendum : le nom de Oussama Mellouli, récent vice-champion du monde en 1.500 mètres (petit bassin), a été «oublié» ou «ignoré». Mellouli, meilleur sportif en 2012 et en 2013, crie au scandale et demande des explications auprès des organisateurs. Comment imaginer, alors, un classement où un champion confirmé comme Mellouli n'entre même pas dans l'évaluation? Ce n'est pas obligatoire que Mellouli soit élu meilleur sportif de l'année, mais on ne peut pas l'empêcher de jouer pleinement sa chance. Peut-on, donc, parler d'un référendum crédible? Absolument pas. Le référendum du Cnot, organisé en été, nous paraît plus solide dans la mesure où il a touché plus de spécialités, qu'il a impliqué plus d'intervenants dans le paysage sportif. Et c'est pour cette raison qu'il a été un référendum assez pertinent. Qui, comment et quand ? Le problème des référendums à la tunisienne, c'est qu'ils tombent dans deux types de vices : de fond et de forme. Le fond, ça veut dire le contenu et l'objectif du référendum lui-même. Que veut-on évaluer au juste? Quelle est la philosophie du référendum? Est-ce qu'on veut primer le sportif le mieux méritant ou le plus régulier sur la période? Passons à la forme. Il n'y pas de méthodologie claire et scientifique quand ou élabore un référendum. C'est-à-dire qu'on doit d'abord définir la liste des nominés sous un angle bien précis, sans tomber dans le biais de la subjectivité (on veut faire plaisir à certains sportifs). Et puis, le point le plus important dans la méthodologie, c'est de défini des critères clairs et objectifs suivant lesquels les nominés vont être appréciés. Ces critères ne vont pas avoir le même poids, ce qui donne plus de pertinence au classement final. Un autre volet de la méthodologie : quelle population d'évaluateurs et comment l'atteindre ? Le mieux est d'impliquer divers acteurs sportifs qui vont évaluer et peu importe le nombre, mais c'est la «représentativité» qui compte. Les journalistes sportifs (avec certains critères), les techniciens (DTN, entraîneurs), les dirigeants, les enseignants universitaires de sport (volet académique), voilà un échantillon qui peut aboutir à des résultats objectifs. Sinon, les tendances seront monotones et les résultats peu signifiants. Un référendum, c'est aussi un comité ad hoc qui l'organise où on trouve aussi bien des hommes de médias, d'experts en sport, et aussi en analyse de données et statistiques. Faute de quoi, on tombera dans la généralisation et la subjectivité !