Football tunisien : la Fédération fixe la date du tour préliminaire 2025-2026    Mort de Peter Greene : L'acteur des rôles cultes nous quitte à 60 ans    Slaheddine Belaïd: Requiem pour la défunte UMA    Taxis en colère : le secteur menace de la grève !    Le producteur Abdelaziz Ben Mlouka célébré par les JCC 2025 : Un grand professionnel, et une âme très généreuse (Album photos)    Avertissement sévère sur la médecine traditionnelle pour les enfants    John Cena dit adieu aux rings : une légende s'éteint    Temps instable dimanche : hausse des températures mais conditions maritimes difficiles    La Banque centrale se prépare au lancement d'une nouvelle plateforme numérique    Wahbi Khazri tire sa révérence après une carrière légendaire avec la Tunisie    La loi de finances 2026 officiellement publiée au Journal Officiel    L'appel du Sud : le voyage gourmand de Malek Labidi dans La Table du Sud    Samir Abdelhafidh aux JE à Sousse : Osons l'innovation, poussons la compétitivité (Album photos)    Programme JCC 2025 : salles et horaires des films et où acheter les billets de la 36ème session des JCC    De Villepin aux JE à Sousse: Cinq orientations pour les relations Europe, Maghreb, Afrique et Moyen-Orient    Kairouan : début des travaux du nouvel hôpital universitaire Roi Salman Ibn Abdelaziz    De Villepin aux Journées de l'Entreprise: éviter les impasses, devenir un carrefour euro-africain    La Cheffe du gouvernement : Le développement des zones frontalières, une priorité commune entre la Tunisie et l'Algérie    Le ministre de l'Economie a annoncé : Prochainement, certaines autorisations administratives seront abrogées    Sofiene Hemissi : Une Appli Unique pour Connecter les 24 Ministères    Arnaques en ligne en Afrique : une menace en pleine expansion    Hommage à Amor Toumi: une vie dédiée à la pharmacie, à la santé publique et à l'action internationale    Météo en Tunisie : temps brumeux, pluies éparses la nuit    Dar Ben Abbes: Une résidence d'artistes inspirante à Téboursouk    Mohamed Heni El Kadri : Pour une gouvernance moderne appuyée par la recherche économique    LEBRIDGE25 – Tunis : un événement pour connecter startups, entreprises et investisseurs    Hommage à Salem Loukil: La gestion par les valeurs... et le sourire    Météo en Tunisie : temps brumeux le matin et pluies éparses    Comment se présente la stratégie américaine de sécurité nationale 2025    Titre    Tunisie 2027 : Capitale arabe du tourisme et vitrine du patrimoine    La Chute de la Françafrique: Comment Paris a perdu son Empire Informel    Décès soudain de l'ambassadeur russe en Corée du Nord    Chrome booste le remplissage automatique : plus rapide et plus précis !    In mémorium - Hammadi Ben Saïd, un journaliste qui a honoré le métier    Un séisme de magnitude 5,8 frappe la Turquie    Le palais Ahmed bey à la Marsa célèbre le nouveau livre de Mohamed-El Aziz Ben Achour : La médina (Album photos)    Hafida Ben Rejeb Latta chez les rotariens de Tunis, Carthage, la Marsa et Sousse (Album photos)    Match Tunisie vs Qatar : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 07 décembre?    JCC 2025, la Palestine au coeur des journées cinématographiques de Carthage : jury, hommages et engagements    Match Tunisie vs Palestine : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 04 décembre?    La sélection tunisienne féminine de handball marque l'histoire : 1ère qualification au tour principal Mondial 2025    Des élections au Comité olympique tunisien    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Chronique d'un crime annoncé
Sakiet Sidi Youssef
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000

Le bombardement de Sakiet Sidi Youssef le 8 février 1958, par l'aviation française, fut un carnage: 72 morts (dont des enfants et des personnes âgées) et de nombreux blessés estimés à 84. L'événement annuellement célébré dans le village martyr symbolise, depuis, la fraternité tuniso-algérienne
La France savait que la Tunisie constituait l'arrière-garde de la révolution algérienne aussi bien logistique qu'humaine et elle fit maintes pressions pour faire cesser cette aide logistique indispensable. Les incidents se multiplièrent. Mais ce 8 février 1958, à Sakiet Sidi Youssef, un avion français touché par une mitrailleuse postée dans le village de Sakiet à 9h05 du matin, dut se poser en catastrophe à Tebessa. Le général Edmond Jouhaud éprouva une humiliation et tint à riposter par tous les moyens dont il disposait. Commandant la 5e Région aérienne, il décide d'effectuer un raid et demande à Gaillard (président du Conseil) et Jacques Chaban Delmas (ministre de la Défense) l'autorisation de riposter.
Le crime
25 avions, dont 11 bombardiers B26 du GB 91 et 12 chasseurs NA. T6 de l'EALA 12/72 de la base aérienne de Bône (Annaba actuelle), décollent en direction de Sakiet Sidi Youssef. Ce samedi 8 février était le jour du marché du village, la foule était dense. Les militaires français prétendent que cette opération n'a ciblé en fait que des cantonnements de rebelles algériens et de postes de gendarmerie et la mine dans laquelle se réfugiaient les rebelles. Il s'agissait en fait, selon Georges Hofman, représentant du Croissant-Rouge, de la destruction de 96 maisons, une école primaire, la destruction du service forestier (région des mines), des habitations de militaires tunisiens, 5 voitures civiles et militaires et deux camions, dont l'un appartenait à la Croix-Rouge et le deuxième au Croissant-Rouge. Le bilan est lourd : 72 morts (dont des enfants et des personnes âgées) et de nombreux blessés estimés à 84.
Discours de Bourguiba
Le jour même, Bourguiba prononça un discours radiophonique à chaud à l0hl0 : «Durant une heure environ, des bombardiers ont jeté des bombes sur Sakiet Sidi Youssef et ses environs, y compris l'école et le marché, puisque c'était le jour du marché, puis ils sont rentrés saufs, se considérant victorieux puisqu'ils ont détruit un village et ont tué environ 20 personnes —non 100— parmi lesquelles des femmes, des enfants et des écoliers , tous Tunisiens (...). Ils attaquent, ils tuent, et font une boucherie, une boucherie un jour de marché. Cette thèse, l'opinion publique mondiale ne pourra pas l'accepter. Quant à nous, il nous faut, en tout état de cause, maîtriser nos nerfs. Je suis certain que vous êtes tous émus. Soyez sûrs que votre émotion n'est pas supérieure à la mienne (...). Soyez persuadés que cet événement aboutira, donnera un résultat important, car il sera très utile à la Tunisie, à la cause algérienne et à celle de l'ensemble de l'Afrique du Nord. Il n'est pas un combat, une agression commise par la France contre nous, qui n'ait tourné à ses dépens finalement, et dont elle ne soit sortie les mains vides (... ). Le monde entier est témoin de ce que nous œuvrons pour atténuer la violence d'une réaction à l'agression, mais aussi pour sauvegarder et défendre la dignité de la Tunisie et pour prendre toutes les mesures, à l'intérieur et à l'extérieur, pour empêcher le retour de tels incidents. Nous avons rappelé notre ambassadeur en France afin de faire sentir aux Français que nos rapports ne sont plus normaux. Nous avons informé notre ambassadeur en Amérique, puis nous évoluons. Viendra le jour où il nous faudra, selon les circonstances, faire intervenir dans cette crise, qui peut-être s'aggravera, les organismes internationaux...».
Les funérailles des victimes se sont déroulées le dimanche 9 février en présence de Bahi Ladgham et du Mufti et de nombreuses personnalités politiques du gouvernement dont le gouverneur du Kef.
Des positions fermes
En signe de deuil, il a été décidé d'annuler les festivités de la fête de l'Indépendance prévu le 20 mars. Le 10 février, le Conseil constitutionnel condamne l'acte et défend la position de Bourguiba dans la crise. Le jour même, la Tunisie convoque son ambassadeur à Paris. Les autorités tunisiennes décidèrent d'évacuer toute la population française de Sbeïtla (55 familles en tout), les négociations franco-tunisiennes furent rompues, les lignes téléphoniques de l'ambassade de France à Tunisie furent coupées, les consuls de France des 5 gouvernorats furent avisés de quitter le pays. Ce 10 février a été appelé officiellement «journée de Sakiet», Bourguiba ordonna de couper le ravitaillement des troupes françaises stationnées en Tunisie (22.000 à cette date) et refuser l'accès au port de Bizerte aux navires français. Une grève générale a été annoncée le 10 février, de nombreuses manifestations populaires eurent lieu dans toute la Tunisie. Bourguiba encourageait les débordements populaires, il était unanimement soutenu par son opinion publique. Et pour rendre compte au monde entier de la bassesse du crime, des visites guidées ont été offertes aux journalistes du monde entier, venus témoigner de l'agression sur Sakiet Sidi Youssef unanimement condamnée.
Retentissement international
Dans le monde arabe, l'Egypte était la première à proposer son aide aux victimes, la Syrie et le Maroc (au nom de Mohamed V) annoncèrent leur solidarité absolue aux côtés de la Tunisie. La Tunisie n'a pas présenté une plainte aux Nations unies dans les trois jours qui ont suivi le bombardement, les coulisses diplomatiques pour contenir le conflit étaient en marche, ce qui permettra aux USA et à la G.-B. d'entamer leurs interventions de bons offices. Sur le plan arabe, Sakiet Sidi Youssef engagea une solidarité inédite pour la Tunisie. Au-delà des condamnations catégoriques du Maroc, de la Syrie et de l'Egypte, Mohamed V, roi du Maroc, a décidé de parrainer Sakiet Sidi Youssef à travers la ville de Salé (environs de Rabat). Une commission a été constituée afin d'examiner les modalités pratiques de venir en aide à la ville de Sakiet. Du côté du monde occidental, les USA à l'époque provoquaient l'admiration. Son rôle positif a été salué unanimement par la presse. Les Etats-Unis donnèrent le plus à la reconstruction : 80.000 dollars, soit 33 millions de francs, étaient le don américain en monnaie pour Sakiet Sidi Youssef, ce qui était considérable. Des manifestations sortirent aux USA pour protester contre cette agression, l'ambassade de France à Tunis a recensé plus de 1.000 articles consacrés à Sakiet Sidi Youssef et à la Tunisie, ce qui, du coup, donna une idée claire sur la réalité de la colonisation française et les prétendues valeurs qu'elle défendait. La cause algérienne est désormais remise sur la scène et en débattre à l'ONU était devenu une question de temps.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.