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Quand un bombardement scelle le destin d'une région
IL Y A CINQUANTE-SIX ANS, SAKIET SIDI YOUSSEF ETAIT AGRESSEE
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 02 - 2014


Par le Colonel Boubaker BENKRAIEM*
Le sang des innocents tunisiens et algériens a irrigué, le 8 février 1958, la terre maghrébine de Sakiet Sidi Youssef.
L'on est en droit de se demander pourquoi ce paisible petit village de Sakiet Sidi Youssef, où cohabitaient, depuis des décennies, autant de Tunisiens que d'algériens, situé à quelque deux à trois cents mètres de la frontière tuniso-algérienne et à près de six cents mètres d'un important poste militaire français (le poste d'El Gouared) a été sauvagement agressé, par un bombardement massif, durant plus d'une heure, par l'aviation française, venant d'Algérie, en ce jour de marché hebdomadaire, ce samedi 8 février 1958 ?
Faut-il aussi rappeler qu'en février 1958, la Tunisie n'était indépendante que depuis seulement 23 mois et que l'Algérie a entamé la quatrième année de sa lutte armée pour l'indépendance.
D'autre part, il a y lieu de mentionner qu'avant l'indépendance du Maroc et de la Tunisie en 1956, les combattants algériens étaient surtout confinés dans leurs montagnes, et malgré les énormes difficultés à se procurer armes et munitions, à mobiliser les jeunes Algériens pour renforcer leurs rangs, et à avoir cette liberté d'action leur permettant de préparer leurs opérations, ils ont surtout compté sur leurs propres réserves représentées essentiellement par des fusils de chasse et de quelques armes récupérées durant la seconde guerre mondiale. Et cela aussi est tout à leur honneur. Les choses ont, fort heureusement, évolué, favorablement, avec l'indépendance des deux pays voisins. Nos frères algériens, qui ont commencé la lutte armée en 1954, avaient beaucoup de difficultés à s'organiser, à s'équiper, à s'armer, à avoir cette liberté de manoeuvre leur permettant de se renforcer, car toutes leurs actions se passaient impérativement à l'intérieur de l'Algérie, les frontières terrestres et surtout maritimes étant bien gardées. Ils avaient beaucoup souffert de cette situation car même le contact entre les différentes régions et les divers groupes d'action armée était non seulement difficile mais encore dangereux et incertain. Dès que notre pays a obtenu son indépendance, une grande bouffée d'oxygène leur a permis d'avoir cette remarquable base arrière, sûre et garantie, où ils pouvaient s'entraîner, se former, se développer, s'équiper et se reposer en toute sécurité. Toute la Tunisie a pris fait et cause pour le combat libérateur de nos frères Algériens. Armements et munitions, en grande quantité, commençaient, quelques mois seulement après l'indépendance de la Tunisie, à être ramenés, du Moyen Orient, à travers les frontières libyennes et convoyés jusqu'aux bases de l'ALN (Armée de libération nationale), situées non loin de nos frontières du nord-ouest. De même, toutes les couches sociales tunisiennes aidaient du mieux qu'elles pouvaient les valeureux combattants algériens. D'autre part, des milliers de réfugiés algériens, fuyant les exactions, les brimades, les arrestations et les interminables interrogatoires des services spéciaux français, commencèrent à affluer et à traverser la frontière, de jour comme de nuit, pour venir s'installer dans les camps que le gouvernement tunisien a installés dans les gouvernorat de Souk el Arba (Jendouba), du Kef et de Kasserine. C'est ainsi que la fin de l'année 1956 et le début de l'année 1957 ont vu la mise sur pied de plusieurs Katibas de l'ALN dans les régions montagneuses du nord-ouest et au fur et à mesure des recrutements, des camps d'entraînement et des positions ont été créés à partir de la région de Tabarka et en allant vers le sud à Goumd Ezzen, à Ain Sarouia, à Djebel Dinar, à Ain Soltane, à Djebel Soudane, à la Mine de Sakiet, à Djebel Koucha, à Garn Halfaya, au Djebel Sidi Ahmed, à Ain Annègue, à Bouchebka, à Fériana entre autres, et des bases logistiques à Tadjerouine et au Kef. Cependant, cette présence des combattants algériens, installés en Tunisie dans leurs camps tout près des frontières des régions montagneuses avec des bases logistiques à l'intérieur du pays, et la solidarité qui leur était manifestée par toute la population, étaient des prétextes pour les troupes françaises d'Algérie en vue de prétendre revendiquer et exercer un droit de poursuite. En fait, les autorités militaires françaises d'Algérie refusaient de reconnaître le protocole du 20 mars 1956 qui mit fin au régime du protectorat.
Toutefois, des actes de provocation, des incursions et des accrochages le long des frontières sont devenues monnaie courante. En effet, quelques mois seulement après l'indépendance, un violent accrochage opposa, le 16 octobre 1956, une compagnie de l'armée française à un groupe de résistants algériens dirigés par Si Abbès, entre Bouchebka et Kasserine, près de Thélepte. Le bilan de l'accrochage a été très lourd pour l'unité française qui eut seize morts et dix-huit blessés pour cinq morts du côté de l'ALN. Les troupes françaises, appelées en renfort, se livrèrent, en territoire tunisien, à un ratissage systématique des cheikhats de Fej Hassine et de Haïdra et exercèrent des représailles contre la population. Des femmes ont été blessées, des hommes ont été arrêtés et conduits en prison, des gourbis ont été incendiés et beaucoup de monde a été contraint à fuir. Dans son discours du 20 octobre 1956, le Premier ministre, Bourguiba, remet en question le statut de la présence des troupes françaises en Tunisie et pose le problème de leur évacuation et rappelle que « les autorités françaises doivent comprendre qu'elles sont tenues de respecter dans chaque Algérien qui se trouve dans ce pays l'autorité tunisienne, que la Tunisie ne permettra pas que la France se serve de notre pays comme base de départ dans la guerre qu'elle mène en Algérie. La France doit savoir que l'armée française stationnée en Tunisie ne doit être en aucune manière articulée sur l'armée française qui opère en Algérie ». D'autre part, il donne l'ordre à l'armée tunisienne, en formation, de protéger les frontières et de résister, au besoin, aux troupes françaises. Le 22 octobre 1956, l'Armée française d'Algérie s'empare, en plein vol, de l'avion qui transportait une délégation algérienne qui venait du Maroc et composée de Mohamed Boudhiaf, d'Ahmed Ben Bella, de Hussein Ait Ahmed, de Mohamed Khider et de Mustapha Lachref. Cette délégation devait participer au sommet maghrébin de Tunis. La réaction du gouvernement tunisien à ce grave incident a été vive (rappel de l'Ambassadeur tunisien à Paris grève générale, manifestations populaires....). Bien que les gouvernements français et tunisien s'efforcèrent d'éviter le pire, des incidents éclatèrent à Tamerza en avril 1957 suivis par un autre, beaucoup plus grave, dans la région d'Ain Draham. En effet, des Algériens, hommes, femmes et enfants, fuyant les ratissages, les tortures, les massacres et les assassinats se sont réfugiés en Tunisie. Le 31 mai 1957, des troupes françaises les ont poursuivis en territoire tunisien dans les cheikhats de Ouled Msallem et de Khmairia, région d'Ain Draham. L'armée tunisienne et la garde nationale, ayant tenté de les protéger et de les secourir, ont eu à faire face à ces troupes et ce fut l'affrontement. Khemaies Hajri, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères qui, accompagné de Beji Caid Essebsi, Directeur général de l'administration régionale, de passage dans la région, en mission d'examen de la situation des réfugiés, s'est trouvé sur les lieux à ce moment là ; il a été blessé lors de l'accrochage et succomba quelque temps après, ainsi que neuf autres Tunisiens des forces de l'ordre. En provoquant cet affrontement sanglant, les autorités militaires françaises d'Alger voulaient punir le gouvernement tunisien qui, par solidarité, s'est engagé à donner aux faits se rapportant au sort des réfugiés, toute la publicité qu'ils méritent pour que l'opinion internationale sache les actes de barbarie commis en plein cœur de l'Afrique du Nord, en plein cœur du monde libre, par une nation qui fait partie du monde des nations libres qui prétendent s'opposer au communisme international, parce qu'elle ne respecte pas la dignité des peuples et n'hésite pas à étouffer leurs libertés, sous le poids des blindés (discours de Bourguiba du 30 mai 1957). La réaction tunisienne a été vive : interdiction au mouvement des troupes françaises implantées en Tunisie, contrôle des entrées et sorties des bases aériennes, établissement de barrages sur les voies de communication, et demande d'ouverture urgente de négociations sur l'évacuation du territoire. Des négociations avec le gouvernement français présidé par Bourgés Maunoury relatives à l'évacuation des troupes ont été entamées en juin 1957 et plusieurs villes, d'importance secondaire pour la France, ont été évacuées (Tozeur, Kairouan, Jendouba, Sbeitla, Le Kef). Cependant, la Tunisie, n'ayant fait aucune concession quant à la défense commune demandée par la France, celle-ci confirma le droit de poursuite, refusa l'aide financière promise et a maintenu l'embargo sur les armes.
Le contentieux entre la France et la Tunisie persiste et les provocations françaises ont perduré. C'est ainsi qu'en septembre 1957, des blindés venant d'Algérie ont, arguant de faux prétextes, franchi la frontière du côté de Haïdra et s'attaquèrent à des forces de l'armée tunisienne et de la garde nationale qui s'étaient portées à leur rencontre. Un violent accrochage eut lieu dans la région du Kouif et des pertes des deux côtés ont été signalées dont quatre soldats tunisiens.
D'autre part, des éléments paramilitaires, des goumiers et des harkis, encadrés par des officiers français, ont pénétré en Tunisie le 10 septembre 1957 et enlevèrent plusieurs tunisiens à Redeyef. Le 11 septembre, c'est une nouvelle incursion des troupes françaises, dans la région de Ghardimaou qui enlevèrent d'autres Tunisiens.
Le commandement de l'armée française à Alger, non satisfait des incursions répétées en territoire tunisien, des harcèlements, des enlèvements, des assassinats, voudrait remettre en question la souveraineté tunisienne et tend à réoccuper le pays. Le 2 septembre 1957, le ministre de la Défense, André Morice, prescrit au général Gambiez, commandant les troupes françaises en Tunisie, de participer à Alger à la réunion présidée par le général Salan et relative aux préparatifs de l'éventualité d'une intervention française sur l'ensemble de la Tunisie. Le 1° et 2 octobre 1957, Sakiet Sidi Youssef est soumise à de violents tirs d'artillerie occasionnant d'importants dégâts matériels. Suite à cette situation, le gouvernement tunisien décrète l'état d'urgence dans les cinq gouvernorats frontaliers, mobilise des jeunes, fait appel à l'ONU et sollicite l'implication des USA. Aussi, décidé à ne rien céder, il a obtenu satisfaction, de la part de certains pays occidentaux, alliés à la France, quant à la livraison d'armes pour les forces tunisiennes. Voulant calmer le jeu, la France essaie de reprendre les discussions et évacue les casernes d'El Hamma, de Forgemol ( Bab Saadoun), de Medenine, de Ben Gardane, de Tataouine et de Zarzis.
De temps à autre, en France, une campagne de presse, fomentée par l'extrême droite française, était menée avec virulence contre la Tunisie qui «aide, arme, entraîne, et abrite les révolutionnaires algériens» et «l'idée du droit de poursuite» est de plus en plus suggérée et souvent rappelée aux généraux français opérant en Algérie ».
Le gouvernement de Felix Gaillard, investi le 6 novembre 1957, essaie de poursuivre la désescalade : par un message adressé à Bourguiba, et tout en lui proposant de consolider l'indépendance de la Tunisie, et de resserrer les liens d'amitié entre les deux pays, il lui fait part des préoccupations que le gouvernement français continue d'éprouver à propos de l'aide que la rébellion algérienne trouve en Tunisie, aide reconnue, plusieurs fois, publiquement par les autorités tunisiennes. Toutefois, le commandement militaire en Algérie, inquiet des pourparlers tuniso-français en préparation, cherche, en provoquant des incidents, à les bloquer. C'est ainsi que le 2 janvier 1958, une force composée de vingt blindés français franchit la frontière du côté de Sendes et encercla la localité de Foum El Khanga, procéda à des perquisitions et emporta effets et argent, enlevant dix hommes et laissant des morts et des blessés.
Le 11 janvier 1958, un accrochage très sérieux eut lieu au Jebel El Ousta, non loin de Sakiet, entre un élément de l'ALN et un groupe de militaires français. Les résultats ont été terribles : quatorze soldats français tués et quatre faits prisonniers.
Conscient de la gravité de la situation, Bourguiba soutient que l'engagement s'est produit loin de notre territoire alors que le général Salan met en cause l'entière responsabilité de la Tunisie qui héberge et aide les combattants algériens et leur permet d'utiliser son territoire comme bases de départ.
Le président du Conseil, Felix Gaillard, voulant montrer son énergie et son mécontentement, dépêcha, par avion spécial, le général Buchalet et son chef de cabinet, porteurs d'un message au président Bourguiba relatif à cet accrochage. Il voulait aussi demander au gouvernement tunisien de mettre fin à l'aide fournie aux combattants algériens, d'une part, et, d'autre part de faire restituer les soldats français faits prisonniers par l'ALN. L'envoi de pareille délégation ayant été considéré, par la Tunisie, comme un ultimatum, Bourguiba refusa de la recevoir. Celle-ci rentra à Paris bredouille. Cette situation envenima davantage les relations entre les deux pays. La presse conservatrice parle d'affront diplomatique et de « nouvelle version des coups d'éventail ».
Non satisfaite de ce revers, la France maintient sa pression, arrête sa coopération financière, suspend les négociations en cours, et rappelle son ambassadeur, George Gorse. Comme souvent un malheur n'arrive jamais seul, c'est encore sur la frontière algéro-tunisienne, au Jebel Tarf, à l'ouest de Tebessa, que vers la mi-janvier 1958, eut lieu l'un des plus importants accrochages entre des éléments de l'ALN et des unités de l'armée française fortement appuyées par l'aviation et des hélicoptères. Le bilan était lourd et catastrophique : des dizaines de soldats français tués, et une grande quantité d'armes légères et collectives récupérée. Cet accrochage eut pour résultat la multiplication de la violation du territoire tunisien par l'aviation française. D'ailleurs un avion T6 a été touché le 30 janvier 1958 par la D.C.A. ( défense contre-avions) tunisienne et a été obligé de se poser en rase campagne en Algérie, non loin de la frontière. De même, un autre avion T6 a été l'objet de tirs tunisiens dans la région de Sakiet le 7 février 1958. Le 8 février vers 09h00, un autre avion a été gravement atteint par des tirs provenant de Sakiet, a subi d'importants dégâts qui l'obligèrent à se poser en détresse à Tébessa. C'est alors que le général Salan, Commandant en chef en Algérie donna l'ordre d'attaquer Sakiet Sidi Youssef. Et l'irréparable eut lieu ce même jour vers 11h00 et eut pour résultats près de 130 morts et 400 blessés, tous des civils sans armes ainsi que d'énormes dégâts matériels.
Les conséquences politico-stratégiques du raid sur Sakiet Sidi Youssef étaient fort importantes :
a- d'abord, il y a eu, du côté tunisien, une mobilisation du front intérieur, une mobilisation de l'opinion française ainsi qu'une mobilisation internationale,
b- ensuite, sur le plan international, la guerre d'Algérie n'est plus, comme la France l'a toujours soutenu, une affaire intérieure française,
c- enfin, le C.C.E algérien (le Comité de coordination et d'exécution) qui deviendra le 9 septembre 1958, le gouvernement provisoire de la République algérienne, exprime sa solidarité totale avec le peuple tunisien et ses dispositions pour mettre ses forces militaires aux côtés des forces tunisiennes afin de sauver l'indépendance tunisienne.
Le bombardement de Sakiet a rendu d'énormes services non seulement à l'Algérie combattante puisqu'il a permis l'internationalisation de l'affaire algérienne mais encore le raffermissement des relations entre nos deux pays dont le passé, le présent et l'avenir sont communs. Et comme l'Histoire est un éternel recommencement, il n'est pas du tout étonnant de voir l'Algérie prendre tout dernièrement toutes les dispositions nécessiaires dans la situation conjoncturelle que vit la Tunisie dans son combat contre le terrorisme. Et c'est dans la logique des choses que le gouvernement algérien a pris toutes les mesures pour renforcer le contrôle et la protection des frontières algéro-tunisiennes pour ne laisser aucun répit et ne donner aucun refuge à ces aventuriers. Le Maghreb a besoin, devant la multiplication de ces pseudo imams aux compétences très douteuses, qui lancent des fatwas aux plus offrants, de s'aider, de se consolider, de s'unir, de se raffermir et d'offrir à notre grand peuple maghrébin , au destin, assurément, commun, ce grand espace géostratégique lui permettant de devenir une puissance digne, respectable et respectée et servant d'exemple au monde arabo-musulman.
*(Ancien sous-chef d'Etat-major de l'armée de terre)
(Commandant du secteur de Sakiet Sidi Youssef d'avril 1958 à mars 1961) en tant que sous-Lt et lieutenant)


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