Partie pour la Coupe d'Afrique des nations 2015 avec de belles ambitions malgré une qualité de jeu qui tardait à décoller, l'équipe de Tunisie a trouvé en Guinée Equatoriale son enfer. Qualifiée tant bien que mal aux quarts de finale dans la poule B, la plus faible du lot avec pour adversaires le Cap-Vert, la Zambie et la République Démocratique du Congo, elle allait sombrer aux quarts dans la nuit de Bata face à une modeste sélection locale, et pas seulement par l'effet de ses approximations, de ses doutes et de ses calculs d'épicier. En effet, l'arbitrage s'en est mêlé, et cette fois de manière décisive, privant les copains d'Aymen Abdennour d'une qualification qui relevait plutôt de la logique mais qu'ils ne surent malheureusement pas forcer. Le Mauricien Rajindraparsad Seechurn entre ainsi de plain-pied dans l'histoire du foot national comme un de ces arbitres maudits, dans la lignée d'un certain major Lamptey de triste mémoire. Pourtant, on craint qu'en focalisant sur l'arbitrage, on occulte d'une certaine façon la piètre qualité du jeu produit par le Onze national et toutes les difficultés éprouvées pour reconstruire une solide sélection représentative. L'entraîneur national Georges Leekens s'est à son tour quelquefois perdu dans des choix confus et fourvoyé dans des stratégies jurant avec tout bon sens. Comme si ce constat d'échec technique ne suffisait pas, le foot national sort fragilisé encore davantage par la campagne continentale suite au bras de fer avec la Confédération africaine de football et la menace d'exclusion de la prochaine édition de la CAN 2017. Pour une note salée, c'en est vraiment une. Le corps de ce pauvre foot est écorché vif. Mortifié. Meurtri ! Glacis financier D'autant plus que les clubs ne se trouvent pas au mieux. La trêve a été trop longue pour eux. Durant presque deux mois, ils ont dû consentir les dépenses habituelles des mises au vert, des déplacements pour les matches amicaux, les versements des paies des joueurs, entraîneurs..., des fournisseurs aussi sans qu'il y ait en retour des rentrées d'argent. Point de recettes aux guichets, puisque la compétition faisait relâche. Les mouvements de boycott des entraînements par les joueurs ne surprennent plus personne. Rien que le dernier week-end, le Club Athlétique Bizertin révélait son bilan comptable à l'occasion de l'assemblée générale ordinaire et élective. Et c'est un déficit de l'ordre de 4,6 millions de dinars que déplore le rapport financier. Avant la CAN, les clubs avaient provisoirement pris congé des devants de l'actualité sur une fronde opposée à la tutelle sur le thème des subventions publiques jugées insuffisantes. Le litige va vite être relancé, notamment dans les divisions inférieures où les clubs sont au bord de la banqueroute. Plusieurs présidents préfèrent mettre la clé sous le paillasson et démissionner plutôt que de se noyer dans les dettes, parfois contractées à titre personnel. La décomposition du corps du foot local, accentuée par le dessèchement des sources de financement, renvoie le nouveau ministre des Sports, M. Maher Ben Dhia, aux dossiers les plus brûlants qui l'attendent, et ils sont prioritairement d'ordre financier. Il l'aura d'ailleurs compris d'une certaine façon en disant dès son installation que «le sport doit sortir de la marginalisation pour être intégré au circuit économique». Les présidents des clubs n'en attendent pas moins, eux qui appellent en premier lieu à les faire bénéficier d'une amnistie fiscale au titre de la saison en cours. Et qui doivent en parallèle faire preuve d'une gestion rigoureuse. A voir les pactoles qui circulent au mercato et les salaires de certains joueurs qui ne font presque jamais le spectacle — car il n'y en a guère dans notre championnat, ou si peu —, on est en droit de penser que, s'ils étouffent sous les dettes, les clubs y sont également pour quelque chose. Bref, sur fond de glacis financier, la reprise de la compétition cet hiver annonce des lendemains qui déchantent.