En dépit d'un bilan honorable, Lotfi Ben Jeddou léguera à son successeur des dossiers brûlants, en suspens. Pourvu qu'il ne s'agisse pas d'un... cadeau empoisonné ! Un... Kasserinois s'en va, un Kasserinois s'amène: le ministère de l'Intérieur semble, en tout cas, s'y plaire. Advienne que pourra, oserions-nous écrire. Cependant, la question, la vraie, n'est pas de savoir de quelle... planète est issu un ministre, mais plutôt de quoi il est capable. Et là, il faut affirmer que le nouveau locataire de la grande citadelle de l'avenue Bourguiba est loin d'être convié à une promenade de santé. En effet, Najem Gharsalli n'est pas sans savoir qu'il débarque dans le département le plus névralgique et le plus sensible du pays. Un QG où cohabitent les poids lourds de la sûreté nationale, et où se gère la politique sécuritaire, de A à Z, avec, en sus, des peaux de banane qui font mouche à la moindre distraction, à la première gaffe. D'ailleurs, tant de hauts cadres, pourtant compétents et chevronnés, en ont fait, par le passé, l'amère expérience. Du pain sur la planche De surcroît, M. Gharsalli atterrit audit ministère en «néophyte étranger à la boîte». Certes, pour avoir été longtemps, comme son prédécesseur, dans les affaires judiciaires, cela pourrait lui servir d'une certaine expérience non négligeable. Mais le plus dur est ailleurs; dans la maîtrise du pluralisme syndical naissant dans le département, l'assainissement de services au rendement contesté et, évidemment, la gestion du très lourd dossier du terrorisme. Voilà des objectifs majeurs qui nécessitent le maximum de vigilance, de droiture et de fermeté. Flanqué d'un nouveau secrétaire d'Etat à la sûreté, M. Gharsalli est «condamné» à écouter ce dernier, à collaborer étroitement avec lui et à faire barrage, main dans la main, aux... foyers de turbulence qui perdurent encore dans ce département. Mais ce n'est pas fini, puisque leur prédécesseur leur a laissé largement ouverts les ténébreux dossiers des assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, où tant de zones d'ombre persistent sur fond d'impatience de plus en plus manifeste, aussi bien des familles des deux victimes que de la classe politique. Habitué jusque-là à expédier des affaires pénales courantes, le successeur de Ben Jeddou aura désormais du pain sur la planche et un os autrement plus dur à manier, pour ne pas dire un... cadeau empoisonné ! Réussira-t-il à relever les défis ? Fera-t-il mieux que ses prédécesseurs ? Nous vaudra-t-il des... exploits, ô combien rêvés, en matière de lutte contre le terrorisme ? Faisons-lui confiance, et bon vent...