Du film du jeune Hamza Ouni, El Gort, on dit déjà que c'est du grand cinéma d'auteur, tant dans l'écriture que dans la forme. Deux jeunes Tunisiens au chômage essaient de survivre en travaillant dans le commerce du foin. Leurs journées commencent très tôt, et ne s'achèvent jamais. Coincés entre chômage et exploitation, les rêves d'une jeunesse insouciante se transforment vite en désespoir. Le film de Hamza Ouni mû par une énergie sauvage, mais aussi fortement amère raconte avec brutalité et honnêteté une situation qu'aucun cinéaste européen n'aurait pu traiter avec la même distance. Le rythme de son montage est «fast and furious». N'omettant aucun sujet de discussion, les protagonistes parlent ouvertement d'homosexualité, mais aussi de vol et de prostitution. Ils pratiquent tous les plaisirs refoulés, y compris la consommation d'alcool. Ils sont jeunes, ils veulent vivre. Mais on les voit soumis à l'esclavage quotidien d'une besogne épuisante. On les voit fatigués, perdre tous leurs espoirs. Pour eux, il n'y aura pas de printemps arabe. Le film de Hamza Ouni est «une chronique de six ans... une mémoire scannée sans aucun compromis, mais en toute modestie». Hamza Ouni est né en 1975 à Mohamedia, et continue d'y vivre. Après un premier cycle d'études cinématographiques à l'Institut Maghrébin du cinéma, il continue sa formation à l'Ecole des Arts et du Cinéma où il se spécialise en écriture et réalisation cinématographique. El Gort, son premier long métrage documentaire, présenté en première mondiale au festival d'Abou Dhabi, a remporté le prix du meilleur réalisateur, et celui de la critique internationale de la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique. Le jeune réalisateur avait déjà remporté à Tunis le prix du meilleur film documentaire lors de la troisième rencontre des Réalisateurs Tunisiens en 2014. Hamza Ouni prépare un nouveau film : El Medestansi.