Par Abdelhamid Gmati Les députés de Jendouba ont boycotté, vendredi dernier, la séance plénière de l'Assemblée des représentants du peuple. La raison? Fayçal Tebini, député et président du parti de la Voix des agriculteurs, qui a appelé à ce boycott estime «qu'il est insensé de se quereller autour de la présidence des commissions alors que Jendouba et les villes environnantes sont menacées par les inondations». Il y a urgence de s'occuper de la situation des habitants de la région. Mais c'est une question qui concerne tous les Tunisiens et pas seulement les députés de Jendouba. Il y a là comme du populisme et de la démagogie, d'autant que les députés ne peuvent rien faire, seul le gouvernement peut agir. Et à notre connaissance, tous les moyens, matériels et humains, sont mobilisés pour secourir nos compatriotes du Nord-Ouest. Cette attitude inutile ne fait que retarder les séances de l'ARP qui se distingue, déjà, par des joutes aussi stériles que nombreuses. Cela fait des semaines que les députés se chamaillent à propos de tout et de rien. La dernière question en date concerne la présidence de la commission des finances. Et les députés ne parviennent pas à trancher et à s'entendre sur le sens à donner à l'opposition. Querelle politique qui n'augure rien de bon. Cela fait près de trois mois que cette Assemblée a pris ses fonctions, mais elle n'a pas encore commencé à s'occuper de questions nationales très urgentes. Cette commission des finances est appelée à examiner une loi des finances complémentaires et d'autres questions budgétaires et financières d'importance et non moins urgentes. On connaît, tous, l'état catastrophique de notre économie : des experts et des membres du gouvernement poussent des cris d'alarme et appellent à la relance économique, qui dépend d'un certain nombre de lois. Plus d'une trentaine de lois urgentes et indispensables, dont la loi sur le terrorisme, attendent le bon vouloir de nos députés qui semblent jouer la temporisation, comme leurs prédécesseurs de la Constituante. Sont-ils conscients des urgences ? Pendant ce temps, le pays se mobilise contre le terrorisme. Les forces de l'armée nationale ont entrepris dans la soirée de vendredi dernier d'importants bombardements aux monts Chaâmbi et Smmama, où des éléments terroristes ont été signalés. De plus, les entrées de la ville ont été fermées et des descentes organisées dans des domiciles suspects de la ville de Kasserine. Dans le sud, à la frontière libyenne, on a renforcé la sécurité terrestre et marine et l'armée, en état d'alerte maximale, se positionne dans les zones névralgiques. C'est que les menaces sont prises au sérieux. L'intérêt accordé par la présidence de la République à «la coopération internationale et régionale en matière de défense» pour «faire face à la menace terroriste » est significatif à cet égard. La crainte d'un débordement voire d'une attaque de groupes terroristes est réelle. C'est ce qu'a voulu transmettre le président de la République en recevant le ministre de la Défense. On apprend aussi qu'un avion relevant des forces du groupe Fajr Libya est tombé vendredi dernier sur le sol libyen à cinq kilomètres du point frontalier El Mkissim du territoire tunisien. Il aurait été abattu par l'armée libyenne. Et il faut prendre en considération le fait qu'une reprise des combats entre les divers groupes extrémistes libyens risque d'accentuer le flot des réfugiés libyens. Déjà, près de 150 réfugiés africains ont fui la Libye et ont franchi la frontière tunisienne. Ce qui ne manquera pas d'ajouter aux problèmes. On le constate : des urgences, il y en a à profusion et elles se posent simultanément. Et alors que nos forces de sécurité ont procédé, du 20 au 26 février, à l'arrestation de 2.278 individus impliqués dans diverses affaires, le député et ex-ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, donne un nouveau témoignage. Selon lui, la décision de la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie a été prise d'une manière unilatérale par l'ex-président de la République, Moncef Marzouki. Pourtant, en 2012, il avait déclaré que «c'était une décision gouvernementale prise à l'unanimité et endossée conjointement par le chef du gouvernement et le président de la République». Nos politiques sont-ils conscients de ce qui se passe dans le pays ou ne font-ils que servir leurs propres intérêts ?