Les élèves estiment qu'il y a trop de démagogie et de surenchère stérile dans l'air Les élèves sont montés au créneau. Ils veulent faire entendre leur voix. Ceux qui se livrent à ce bras de fer doivent les écouter avant qu'il ne soit trop tard. Ils estiment qu'il y a trop de démagogie et de surenchère stérile dans l'air. Les boycotts se suivent et se ressemblent. Décrétés par le Secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire (Sges), ils constituent, selon beaucoup d'observateurs, une menace à la bonne marche du système éducatif.Le précédent, aujourd'hui, est très grave. Personne n'avait osé toucher aussi durement et aussi directement aux élèves en ciblant leurs examens et en manipulant leurs espoirs et leurs ambitions. Tout est perturbé. Les élèves sont entraînés dans une spirale infernale. Ils ne peuvent plus se concentrer ni s'organiser. Tous leurs efforts sont partis en fumée pour ce trimestre. Ils ont révisé en vue des examens mais rien n'a pu se faire. Leur déception est d'autant plus grande qu'ils se sentent impuissants devant le bras de fer engagé entre le Sges et le ministère de l'Education.Leur patience est à bout et ils l'ont fait savoir à leur manière au cours de la première journée du boycott des examens auquel ils ont opposé un boycott des cours. Ils sont désabusés et ne comprennent pas pourquoi cette irresponsabilité et la non-prise en compte de leurs intérêts. Ce qui oppose le syndicat aux autorités de tutelle ne les intéresse pas, outre mesure. Qu'on ne les prenne plus comme otages. Et le mot « otage » n'est pas fort pour signifier leur situation. Que ceux qui ont quelque chose à demander aient le courage de le faire sans porter préjudice aux élèves. Qu'ils cessent d'invoquer les intérêts des élèves pour justifier leurs actions. Les élèves contestent. L'intérêt des élèves, ce sont les élèves qui vont le défendre. Et ils ont commencé à le faire savoir. Des manifestations se sont tenues dans plusieurs régions. Parfois, cela a dégénéré. Des enseignants ont été pris pour cible et des dégradations à l'extérieur des établissements ont été signalées. Des slogans contre les enseignants et leur syndicat ont été brandis même par des collégiens de la capitale.Le climat était très tendu entre les professeurs et leurs élèves. Un climat sans précédent qui n'augure rien de bon. Le niveau des élèves s'en ressentira obligatoirement car le rythme scolaire a été brutalement rompu. Le plus grave c'est qu'on a impliqué les jeunes dans un « combat » auquel ils sont tout à fait étrangers. Pis encore, ceux qui ont des revendications ne semblent pas être conscients de la gravité de ce qui se passe et des complications possibles. Des jeunes, étrangers aux institutions d'enseignement, se sont infiltrés, profitant des conditions d'instabilité et de désordre pour causer des troubles. Sur les réseaux sociaux, des élèves se lancent en invectives contre les auteurs de ce boycott qui les touche dans leur scolarité et menace leur avenir. Des enseignants proches du syndicat diffusent des photos les montrant en classe à côté de leurs élèves. D'autres élèves, aussi, se dispersent dans les rues sans savoir quoi faire ou se dirigent vers des lieux plus ou moins sûrs (cafés, salles de jeux, etc.). Les parents sont remontés contre ce mouvement qu'ils qualifient d' « injustifié ». Quelles que soient les revendications, on n'a pas le droit de toucher à nos enfants, clament-ils. Baisse du niveau des élèves Le désarroi est d'autant plus grand chez les parents d'élèves des classes terminales. Là, l'enjeu est de taille. Il reste un peu plus d'un mois avant les épreuves du bac. Les lycéens concernés ont perdu les pédales. La perturbation est totale. Quand passeront-ils leurs devoirs ? La période la plus indiquée ne peut être que celle programmée. Toute autre période chambardera tous leurs échéanciers. Cette action, selon eux, encouragera les cours particuliers. De nombreux parents, craignant pour leurs enfants, auront recours aux services des professeurs qui dispensent des cours payants. Mais ceux qui ne peuvent pas payer ce luxe, que feront-ils ? De plus, cette semaine est perdue pour un grand nombre d'élèves. Il ne sera pas facile de combler le manque. Et même si on parvient à faire des rattrapages, cela ne pourra se faire qu'aux dépens du niveau. D'ailleurs, ce dernier ne cesse de baisser avec l'accumulation des retards enregistrés à cause des grèves à répétition et des protestations de tous genres. A ce propos, le ministère des Affaires sociales remarque que dans le secteur de l'enseignement, on a enregistré autour de 680 mouvements de grèves et de protestation au cours de 2014 ! Qu'en sera-t-il pour 2015 qui vient juste de commencer ? Du côté des enseignants, il y a un vrai malaise. La majorité silencieuse ne peut rien faire. Elle suit le mouvement sans trop de conviction. Ces enseignants ont peur de s'opposer à ce qui est dicté par le syndicat. C'est ce qui fait dire à un professeur d'éducation civique et religieuse : «Avant, on n'osait pas faire grève de peur de l'administration. Aujourd'hui, on doit faire grève de peur d'être montré du doigt par le syndicat».