Aujourd'hui, samedi 7 mars, la Bibliothèque nationale consacrera au cours de la matinée une séance solennelle à l'occasion du 40e jour du décès de feu Mohamed Salah El Asli. Parler de son parcours, de sa carrière, de ce qu'il a apporté à ses proches et à ses contemporains n'est pas chose aisée, tant il a eu une vie pleine d'action, de réalisations et d'initiatives. Il a été enseignant et en a gardé toutes les vertus faites de pédagogie et d'amour pour la science et la culture. Il a été communicateur et spécialiste des médias. Il a participé pleinement à une aventure exaltante, celle de «l'organisation de la conférence islamique». Il a été interprète international, sillonnant les capitales et les villes du vaste monde. Il a été tout cela et plus encore. Mais il a été surtout un militant acharné de la culture. Issu d'une célèbre lignée de serviteurs des lettres, il est le petit-fils de Hadj Salah El Asli, «moudarres» à la vénérable université Ezzitouna et fondateur, il y a plus de 120 ans, de la librairie El Atika. Si Salah a eu le mérite de se préoccuper avec Si Rached et avec ses proches de la poursuite d'une œuvre aussi prestigieuse. Il a été le continuateur et l'animateur d'une grande institution qui a beaucoup fait pour la sauvegarde de la culture nationale. Il a ainsi réussi à éditer de nombreux textes rares et précieux dont nous retiendrons la fameuse chronique d'Azarkachi, ouvrage dont il a assuré l'édition critique avec son ami l'historien El Yaakoubi. Il a aussi réussi à faire publier un ouvrage de référence : «les Manaquebs d'Al quaschech». Il est aussi l'auteur de l'édition académique d'une des œuvres fondamentales des sciences politiques tunisiennes, «Essiassa Echariaa», rédigée par Mohamed Beyrem, premier du nom sous Hamouda Bacha. Il a de même repris la publication de nombreux textes du patrimoine. La coédition du célèbre « Mayara » étant l'un des derniers en date. Et si l'on en oublie, on ne saurait oublier sa fidélité à l'œuvre essentielle de la librairie El Atika, à savoir l'impression du Livre saint selon la lecture de «qaloun» que son père feu Ali Asli avait initiée au début des années 40 et à laquelle il avait accordé sa priorité. Toutes ces activités, toute cette énergie, tous ces projets n'avaient pas empêché Si Salah de réserver, dans son emploi du temps aussi chargé, une plage hebdomadaire pour les activités du «cercle du jeudi». Il avait tenu à animer un cénacle culturel dans la tradition des rencontres intellectuelles qui ont prospéré durant les années 40 et 50 dans cet espace de la Médina où se concentraient librairies et bibliothèques autour de la Grande Mosquée. Ce cénacle, appelé par ses fidèles club de jeudi, avait réuni des historiens, des hommes de lettres, des cheikhs, des diplomates... Nous en citerons Si Ahmed Jellouli, Habib Chiboub, Mounir Chamma, Abderrahmen Toukebri parmi ceux qui nous ont quittés. La librairie El Atika a ainsi réussi à réaliser au fil des années un fonds éditorial exceptionnel ayant trait à la civilisation nationale, aux grands textes de l'islam malikite, au soufisme mais aussi à l'histoire du Maghreb et de la Tunisie. Ce fonds de textes constitue un véritable trésor national. Une telle aventure intellectuelle, car c'est vraiment une belle aventure, ne pourra que se perpétuer pour l'intérêt du livre et pour l'intérêt de notre pays.