Atelier Ciné-débat, avec le film «The Good Lie» de Philippe Falardeau, jeudi dernier, à la Maison du droit et des migrations à Tunis Tunisie terre d'asile est une association à caractère humanitaire et de bienfaisance, il s'agit de la section tunisienne de l'association France terre d'asile (créée en 1971), elle a pour mission d'accompagner le développement de la société civile tunisienne en matière de questions migratoires et d'asile, dans la perspective d'une saisie progressive de ces questions par les organisations de la société civile. Suite aux événements de 2011 et notamment l'arrivée de milliers de réfugiés en Tunisie, fuyant la guerre en Libye, le besoin de renforcement des compétences des associations tunisiennes dans l'accompagnement et la prise en charge des migrants et des réfugiés présents dans le pays s'est révélé important. France terre d'asile, forte de son expérience dans la défense des droits des réfugiés, a alors créé cette section, apportant son appui et son expertise à la société civile tunisienne et mettant en place le projet de la Maison du droit et des migrations en 2013, en partenariat avec le Conseil tunisien pour les réfugiés et les migrants, l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie et la représentation tunisienne du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Dans le but de sensibiliser la société civile tunisienne, les étudiants et les journalistes aux questions migratoires, ouvrir des débats de haut niveau sur les enjeux migratoires en Tunisie, la Maison du droit et des migrations a organisé un bon nombre de rencontres et de manifestations culturelles, notamment une 4e rencontre-débat autour du film «The Good Lie» (Le bon mensonge) du réalisateur québécois Philippe Falardeau. Un film qui soulève d'une manière touchante et subtil le problème de la migration qui a pour cause la guerre. Un film qui a suscité l'interaction des spectateurs présents. «The Good Lie» a le mérite d'avoir répondu aux deux exigences qui font la réussite d'un véritable film engagé. Révéler la réalité, tout en produisant une œuvre dotée d'une valeur cinématographique. Inspiré d'une histoire vraie, le film s'ouvre sur des scènes dramatiques mettant le spectateur au cœur du sud du Soudan, là où la guerre civile fait rage au cours des années 80 et 90. Il s'agit de l'histoire de quatre orphelins qui ont eu l'occasion de se faire une nouvelle vie en Occident après avoir échappé à la mort et être passés par un camp de réfugiés. «The Good Lie» évoque une histoire de survie dans un contexte pour le moins difficile. Accueillis à leur arrivée à Kansas City par une agent chargée de leur trouver de l'emploi, campée par l'actrice américaine Reese Witherspoon, trois de ces garçons devront maintenant apprendre les codes de la société américaine pour tenter de s'intégrer. C'est probablement dans cette partie du récit que la griffe de Falardeau se fait davantage valoir. Le regard un peu espiègle du cinéaste fait d'ailleurs écho au choc culturel que les personnages éprouvent. Les difficultés d'intégration et le regard que porte aussi le citoyen «de souche» sur ces étrangers sont évoqués sans jamais tomber dans la démonstration trop lourde. Les jeunes acteurs, tous d'origine soudanaise (on apprend que certains d'entre eux furent réfugiés eux-mêmes), jouent le jeu avec candeur, dignité, et donnent au film des airs d'authenticité qu'il aurait été probablement difficile d'atteindre autrement. De son côté, Reese Witherspoon offre une performance solide dans le rôle d'une agente sociale dont la vie privée est désorganisée. Et qui, au contact de ces réfugiés, prend conscience de ses erreurs. Le grand mérite de «The Good Lie» est de faire connaître à un large public une histoire à laquelle les médias n'ont pas beaucoup fait écho. C'est aussi de sensibiliser les gens aux malheurs des immigrants et des réfugiés de guerre. En décrivant leur drame avant l'immigration, leur tourment et leur désarroi de l'après-immigration. Avec ce film, Philippe Falardeau a signé un portrait émouvant de la société humaine en offrant une vision réaliste, bien qu'avec une dose d'espoir, qui ouvre la voie à une possible tolérance, une solidarité et à une réelle cohabitation dans la différence.