Dans quelques années, un centre de recyclage sur l'île traitera tous les déchets provenant du centre de collecte, de compactage et d'emballage, pour produire de l'énergie Le problème des déchets dans l'île de Djerba a failli provoquer une catastrophe écologique. Les années qui ont suivi la révolution, l'île s'est retrouvée progressivement envahie par les déchets sous l'œil désemparé des habitants. Les premiers problèmes ont commencé lorsque la municipalité a décidé de fermer la grande décharge contrôlée de Guellala sans trouver de solution de rechange. Le résultat ne s'est pas fait attendre. L'île s'est rapidement retrouvée submergée par des déchets qui jonchent les bas-côtés, s'accrochant aux arbres et aux buissons. Lorsque la municipalité a voulu rouvrir la décharge, elle s'est heurtée à une levée de boucliers des habitants de la cité de Guellala, excédés que leur cité soit devenue la poubelle de l'île. Les manifestations de colère se multiplient au cours de l'été. Au début du mois d'octobre dernier, le problème de l'envahissement des déchets prend des dimensions considérables avec une grève générale qui est déclarée et qui paralyse l'aéroport international de Djerba-Zarzis. La fermeture de tous les dépotoirs à la demande des habitants a entraîné une aggravation de la situation et une pollution sans précédent de l'île qui croule sous les déchets. Les autorités locales envisagent alors d'acheminer les déchets vers la ville de Médenine et de s'en débarrasser dans la grande décharge de Bouhamed. Mais les habitants de cette ville s'y opposent violemment et refusent que leur cité serve de dépotoir pour les habitants de l'île. Ce n'est récemment que les autorités locales ont commencé à envisager de nouvelles solutions pour résoudre le problème des déchets dans l'île, a relevé M. Hatem Mejlissi, président de la fédération régionale des agences du sud-ouest. Il y a quelques mois, un centre de compostage géré par des Français a ouvert ses portes dans la cité de Mellita, non loin de l'aéroport. Chaque jour, 120 tonnes de déchets sont traités ce qui représente près de 30% de l'ensemble des déchets de l'île, une capacité que le secrétaire d'Etat à l'environnement de l'époque a jugé insuffisante,ce qui a conduit finalement à la fermeture du centre. Un autre projet a vu le jour sous l'égide de l'Agence nationale pour la gestion des déchets (Anged). Un bassin à dispositif d'étanchéité par géomembrane d'une superficie de 100m2 et d'une profondeur de deux mètres a été aménagé dans le nord-ouest de l'île . Recouvert d'une matière plastique étanche et équipé d'un système de drainage, il permet le stockage et l'enfouissement des déchets et absorbe les dépôts liquides, appelés lixivia, responsables des mauvaises odeurs et qui sont stockés dans des citernes. Au cours des trois derniers mois, 4000 tonnes de déchets ont été stockés et enfouis dans ce bassin. «Tous les déchets sont enterrés et leur jus est stocké dans des citernes, a expliqué M. Mejlissi. Cela a permis de débarrasser l'île d'une bonne partie des déchets. Les autochtones sont contents car il y moins de déchets et moins d'odeurs». Toujours selon le président de la fédération des agences de voyages du sud-est, il s'agit d'une solution à court terme et provisoire, le temps de créer un nouveau centre de compostage et d'emballage des déchets qui ouvrira prochainement ses portes dans l'île dans l'optique d'une meilleure gestion des déchets à moyen et à long terme. «L'Anged a lancé l'appel d'offres à ce sujet, note le responsable de la fédération. Un comité de suivi a été mis en place. Ce centre qui va être aménagé sur une surface de 5000m2 va permettre le compactage et l'emballage des déchets». Dans quelques années, un centre de recyclage verra le jour sur l'île. Il recyclera tous les déchets qui proviennent du centre de collecte, de compactage et d'emballage et ce, dans le but de produire de l'énergie. «Ce centre de recyclage couvrira les régions de Médenine, Tataouine et Gabès», a précisé, à ce propos, M. Mejlissi. Le coût de ce projet est estimé à 24 millions de dinars.