Le problème des déchets est devenu endémique dans une zone comme celle de Djerba où l'amoncellement des ordures a viré à la catastrophe écologique. L'île n'offre plus cette image paradisiaque à laquelle on était jusqu'ici habitué, défigurée par les milliers de déchets transportés par le vent et qui s'accrochent aux dunes et aux branches des palmiers. A la sortie du batah, le spectacle qui s'offre aux visiteurs et aux touristes qui prennent la direction de la zone touristique est triste à voir. Les conteneurs placés aux abords de la route, à l'entrée de chaque cité, débordent de détritus qui n'ont pas été enlevés depuis longtemps. Depuis le mois d'octobre dernier, la collecte et la gestion des déchets sont devenues un véritable casse-tête pour les communes qui ne savent plus quoi faire de ces milliers de déchets qui s'amoncellent pêle-mêle dans l'île. La seule décharge contrôlée de Guellala au niveau de laquelle était effectué le dépôt de tous les déchets provenant des quatre coins de l'île a été fermée à la demande des habitants des localités de Guellala et Ouersighen qui ont fini par en interdire l'accès aux engins municipaux habitués à y vider leur charge. Etant donné qu'aucune solution n'a été trouvée à cette situation inextricable, les agents de la municipalité n'effectuent plus de tournée dans les cités pour enlever les déchets, laissant ces dernières livrées à leur propre sort. Au niveau des communes, les réunions se sont succédé pour prendre des mesures urgentes afin de résoudre ce problème épineux qui porte atteinte à l'image de marque de l'île, ternie par ces montagnes d'ordures qui s'amoncellent à l'entrée de la zone touristique de l'île. Mais la situation est au statu quo. Dans un récent article écrit par Naceur Bouaabid, président de l'Association de sauvegarde de Djerba et paru dans un des quotidiens de la place, M. Sami Ben Tahar, président de la délégation spéciale de Houmt-Souk avait récemment déclaré sur la crise qui touche l'île : «Nous avons pris part à toutes les réunions depuis le déclenchement de la crise, pour assouplir les positions des uns et des autres et sortir de l'impasse. Nos concitoyens nous en veulent et nous accusent de tous les torts, mais nous ne sommes pour rien dans le maintien du regrettable statu quo. Nous souffrons autant qu'eux de la prolifération des déchets que nous ne pouvons collecter, faute de dépotoirs autorisés. Nous regrettons d'admettre qu'il n'est pas de nos prérogatives de satisfaire la quête justifiée des protestataires. En revanche, nous avons entrepris une série de mesures et d'actions en vue de pallier la gestion défectueuse des déchets dans le territoire de notre commune.Nous avons commencé par référencer toutes les poubelles existantes. Nous venons de faire l'acquisition de 5 camions avec benne basculante, à raison de 70.000,000 dinars l'unité, de 175 conteneurs métalliques de 700 litres, de 300 conteneurs en plastique de 300 litres, de 3 tracteurs avec benne, à raison de 500.000,000 dinars l'unité et de 500 demi-fûts en métal. Nous avons prévu également l'achat d'autres matériels dans les semaines à venir, dont 1.000 conteneurs en plastique d'une capacité de 300 litres et 500 demi-fûts en métal». Un dénouement pourrait être trouvé à la crise grâce à la mise en place d'un centre de collecte et de recyclage des déchets. La commune de Houmt-Souk s'est penchée sur la question et prévoit de mettre en place, avec la collaboration de la coopération technique allemande et du département de l'Hérault qui apporteront leur soutien financier et technique, un projet de compostage de 15.000 tonnes de bio déchets par an, outre l'installation d'un centre de collecte et de déchetteries des quartiers qui seront réparties sur tout le territoire. Mais ce projet ne verra le jour qu'en juin 2013. D'ici là, il faudrait envisager une autre solution. Le président de l'Association de sauvegarde de l'île de Djerba a sa petite idée à ce propos, mais elle ne pourrait être concrétisée qu'avec l'aval du gouverneur de Médenine qui n'a toujours pas bougé le petit doigt pour résoudre le problème de la gestion des déchets de l'île. «Etant donné la fermeture de la décharge contrôlée de Guellala qui ne répond plus aux normes d'hygiène, les municipalités recourent à des dépotoirs anarchiques qui étaient fermés jusqu'ici, explique le président de l'Association de sauvegarde l'île de Djerba. La seule solution serait d'acheminer et de transférer ces déchets au niveau de la décharge de Bouhamed située sur le continent, à soixante-dix kilomètres de Djerba. Mais c'est le silence radio du côté de l'autorité de tutelle. Le gouverneur de Médenine ne fournit aucun effort pour trouver une solution au problème de la gestion des déchets», Sachant que l'île des Lotophages est l'une des destinations privilégies des touristes, c'est le tourisme insulaire qui risque d'en prendre un sérieux coup.