Le coup d'envoi des grands rabais a été donné il y a à peine quelques jours et on voit déjà les clientes déambuler, sacs à la main, le long de l'avenue Bourguiba, aux grandes surfaces et ailleurs faisant toutes sortes d'achats. Il ne s'agit nullement de blâmer les Tunisiens pour leur excès de passions et d'aventure dans les ronces inextricables de la jungle impitoyable des fashionistas, malgré un compte en banque dans le rouge. Cependant, au milieu de ce parcours parsemé d'embûches qu'est la quête des fringues tellement adorée, il y a un terrible maillon à même de désenchanter les plus motivées. Il s'agit bien évidemment de l'étape d'essayage avec tout ce que ce mot peut révéler comme supplice aux clients. En effet, avant de pouvoir emporter dans les emplettes le précieux butin dont on a pris un plaisir à dénicher et à jouer du coude pour l'acheter, les clients sont obligés de faire la queue pendant des plombes devant les cabines d'essayage. A condition que celles-ci existent déjà car certains commerces n'en disposent pas. Dans ce genre de locaux, les vendeuses vous lancent un regard quand vous demandez «où sont les cabines d'essayage ?». C'est comme si vous venez de commettre un péché mortel. En effet, dans ce genre d'établissements, vous êtes censé croire sur parole les vendeurs quand ils vous assurent que l'article vous va. Sinon, il faudra faire contre mauvaise fortune bon cœur et accepter de vous mettre à poil devant un miroir au bout d'un couloir où l'éclairage manque cruellement. Mais peu importe. Car certains vous diront qu'ils préfèrent ce genre d'exercice aux « cages à lapins » que proposent certains commerces en guise de cabines. C'est quoi ce délire ? Des cabines tellement exiguës, dont le sol est souvent jonché de vieux cheveux et de poussière, dont le rideau est à peine suffisant pour pouvoir se déshabiller sans être vu, encombrées par des amas de vêtements qui traînent, où l'on sent des effluves de tous genres, où il n'y a qu'un pauvre porte-manteau ou crochet ! Et on appelle ça cabine d'essayage ! Certes, l'effet «soldes» fait tourner plus les commerces mais il risque aussi de faire tourner la tête aux clients qui s'escriment à essayer leurs nouveaux habits dans ce genre de «cages à lapins».