KINSHASA — Près de 180 associations congolaises de la société civile et de défense des droits humains ont jugé crucial que le nouveau mandat de la mission de l'ONU en République Démocratique du Congo (Monusco), dont l'exercice actuel se termine fin mars, soit fort afin de stabiliser l'est du pays et garantir des élections apaisées. La partie orientale de la RDC continue d'être le théâtre de plusieurs affrontements armés. Plusieurs poches d'insécurité persistent dans certaines localités de cette partie du pays avec des dizaines de groupes armés encore actifs, indique le communiqué de 179 associations. Il est (...) crucial pour la Monusco d'avoir un mandat fort et d'assurer que celui-ci soit bien respecté sur le terrain. Les soldats de maintien de la paix doivent être prêts à prendre des mesures proactives et concrètes pour protéger les civils en danger, poursuit le texte. Le climat politique est tendu en RDC, marqué par le débat sur un éventuel troisième mandat du président congolais Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001. En janvier, de violentes manifestations (27 à 42 morts, selon les sources) ont éclaté principalement à Kinshasa en raison d'un projet de révision de la loi électorale qui aurait pu permettre à M. Kabila de rester en poste après fin 2016, date du terme de son mandat, alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau quinquennat. Dimanche dernier, une trentaine de personnes ont été arrêtées lors d'une rencontre organisée par des militants pro-démocratie congolais, sénégalais et burkinabè. Depuis, plusieurs personnes ont été relâchées, mais les étrangers ont été expulsés, mercredi soir, et les Congolais risquent de passer en justice, accusés d'avoir cherché à perturber le processus électoral et démocratique en RDC. A l'approche de la présidentielle et des législatives prévues en novembre 2016, la Monusco doit être prête et capable de documenter et dénoncer publiquement les violations des droits humains liées aux élections à travers le pays, estiment les associations. Cela nécessitera une présence forte dans les provinces aussi bien à l'ouest du pays qu'à l'est, ainsi qu'une collaboration renforcée avec la société civile dans toutes les provinces du pays, ajoutent-elles, alors que la mission onusienne compte réduire progressivement ses effectifs. Les Casques bleus sont présents depuis 1999 en RDC, dont la partie orientale est instable depuis près de 20 ans. La Monusco, aujourd'hui forte de quelque 20.000 hommes, essentiellement déployés dans l'Est, ne parvient pas à rétablir la sécurité dans la région aux côtés de l'armée congolaise. Les relations entre l'armée et la Monusco sont au plus mal depuis que l'ONU a refusé de soutenir la traque des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr), arguant que deux généraux de l'armée chargés des opérations étaient soupçonnés de violations des droits humains. D'aucuns se demandent s'il est dans l'intérêt de la RD Congo de renoncer au soutien de la Monusco pourtant bénéfique à des millions de civils pour protéger seulement les deux généraux, a souligné jeudi la «Voix des sans-Voix», l'une des principales ONG congolaises. Nous ne voulons pas choisir entre lutter contre les Fdlr ou faire respecter les droits humains, a affirmé jeudi sur Tweeter le chef de la Monusco, Martin Kobler, actuellement à New-York pour une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la RDC.